Voici un texte intéressant tiré de la Charaka samhitâ, l’un des grands écrits de l’Ayurveda, la médecine traditionnelle indienne.
Comment se manifeste le Soi?
« La présence du Soi suprême et impersonnel (paramatman) se manifeste dans l’inspir et l’expir, dans les réflexes (clignement des yeux, etc.) , dans les fonctions biologiques, les mouvements psychiques, dans l’interconnexion des organes sensoriels, dans l’impulsion ou le refrènement mental, lorsqu’on voyage en imagination dans un autre pays, dans le sommeil profond qui ressemble à la mort, quand on perçoit un objet par l’œil gauche alors qu’il a été vu d’abord par l’œil droit.
On décèle encore la présence du Soi dans le désir, l’aversion et la joie, dans le malheur, la volonté, la prise de conscience, dans l’analyse, la connaissance, la mémoire et l’ego (ahamkara). […] Au moment du trépas, le corps devient comme une maison vide et sans vie. On dit qu’il retourne aux cinq éléments car seuls demeurent ces cinq mahabhutas. [70-74]. […]
Seul le Soi (atman) gouverne toute forme de vie et aucune d’entre elles n’est son maître. [77].
Il a toute puissance et toute liberté pour déclencher une action mais, dans ce cas, il se voit contraint de jouir de son fruit. […] [78]. »
Percevoir le Soi
« Bien qu’omniprésent, le Soi qui investit un corps n’est plus alors décelable que par le toucher (sparsa). Voilà pourquoi il s’avère impossible de le discerner par les autres sens présents en tous les corps. [79].
Son omniprésence s’explique par sa faculté de pénétration. En concentrant le mental, nous pouvons lui permettre de s’infiltrer en toute chose. […] [80].
Le Soi (atman) est une constante de conscience sans commencement. Il perdure dans l’être incarné. Comme les deux sont sans commencement, il n’est pas possible de dire si l’un devance l’autre! [82].
Seul celui qui a atteint la connaissance peut en devenir le témoin, jamais l’ignorant qui ne voit rien. C’est pourquoi l’atman se nomme le « spectateur» ou l’observateur de toutes les entités du monde duel et de tous les êtres vivants. [83]. »
Merci infiniment à Jean Papin d’avoir rendu ces textes disponibles en français. Certains d’entre eux sont plus destinés aux médecins ayurvédiques, d’autres, plus accessibles, comme celui-ci, sont passionnants.
Namasté
Source (texte et image): Caraka samhitâ – Traité fondamental de la médecine ayurvédique, Jean Papin, Editions Almora
Merci pour ce texte frappant!…..
Je trouve que lorsqu’on le lit, le Soi à l’intérieur de soi sourit avec bienveillance, reconnu….:)
Merci Olga, c’est joliment dit…