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« Car en vérité, c’est à partir de la nourriture que tous ces êtres naissent, par elle qu’ils subsistent une fois nés, et en elle qu’ils pénètrent et se fondent [après leur mort]. »

Taittiriya Upanishad III-2

rasa2« Rasa » est un terme sanskrit que l’on traduit généralement par « saveur ». Mais en fait, c’est un terme auquel on peut attribuer de nombreuses autres traductions telles que :

« sentiment ou émotion artistique », en lien avec la musique, la danse ou la poésie classique.  Il peut signifier « jus », « sève », « essence » ou « circulation ». Il peut signifier « se sentir vivant ».

C’est dire la vastitude de ce qu’englobe « rasa ».
« Rasa » est pleinement et profondément relié à la vie, à la sensation « d’être en vie » et à l’acuité des sens ressentie lorsque l’on est en pleine santé.
Rasa est en connexion avec la faculté de perception, qui met en relation l’individu et son environnement. « Rasa » participe à « Raga-Dvesha », la force d’attraction et de répulsion qui permet de ressentir et de choisir les substances appropriées pour se nourrir selon ses besoins.

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Il existe six saveurs gustatives. En alimentation ayurvédique, il est dit que ces six goûts ont une importance fondamentale, car les Rasas sont les éléments qui ont l’action la plus directe et la plus immédiate sur l’équilibre et les variations des trois Doshas ou humeurs. Voici un exemple:

Lorsque l’on mange un aliment très piquant, dès l’instant où on le met en bouche, la salive et les papilles gustatives sont mises en contact avec la saveur « Katu » (piquant). L’effet est immédiat: perception puissante et envahissante de la force des épices, sensation de chaleur, voire même de brûlure dans la bouche, les joues deviennent rouges et chaudes, le corps se met à transpirer. Le Dosha Pitta vient d’être exacerbé (augmenté) par cette saveur forte: l’équilibre des trois Doshas s’est temporairement modifié. Cette instantanéité montre le pouvoir de la saveur sur l’organisme physique (chaleur, rougeur, transpiration) et psychique (sensation de paroxysme, sentiment passionné).

Rasa est en lien total et profond avec Prana, l’énergie de vie. Pour expliquer ce lien entre Prana et Rasa, voici un autre exemple concret, démontrant l’importance de ce qui se passe au simple contact de la nourriture dans la bouche.

Imaginons que vous veniez de gravir une longue chaîne montagneuse. Arrivé à son sommet, vous êtes épuisé et affamé. Vous vous écroulez et il vous semble impossible de faire un pas de plus, sans vous être auparavant restauré. Une bonne âme vous apporte un peu d’eau, quelques fruits secs et des noix. Dès l’instant où vous portez ces aliments en bouche, dès que vous croquez dedans, ressentez et mélangez les saveurs en bouche… vous ressentez l’afflux d’une nouvelle vigueur et tout le Prana dont vous aviez besoin.  Il y a une profonde satisfaction et vous reprenez des couleurs.

Mais pourtant, que s’est-il passé concrètement? Vous avez mis des aliments en bouche, vous les goûtez… mais vous n’avez encore rien digéré, ni assimilé de nutriments sur le plan physique. Pourtant, quelque chose s’est déjà produit sur le plan énergétique. On dit que les saveurs agissent directement sur Prana et sur son véhicule, le système nerveux. En bouche, le Prana des aliments est capté et diffusé. Son impulsion réveille Agni, le feu digestif, en stimulant la sécrétion des sucs gastriques appropriés, selon les saveurs perçues.
Ainsi, la digestion commence pleinement en bouche. C’est pourquoi ce passage ne doit pas être négligé. Le fait de bien savourer en bouche et de mâcher contribue à percevoir et à extraire le Prana de la nourriture, tout en facilitant le travail digestif optimal. Cela contribue pleinement à développer le « manger en conscience ».
Les 6 saveurs seront décrites dans un prochain article. Voici pour terminer un magnifique verset de la Bhagavad Gita qui consacre merveilleusement la nourriture:

« Om Brahmarpanam Brahma Havir
Brahmagnau Brahmanaa Hutam
Brahmaiva Tena Gantavyam
Brahma Karma Samadhinaha »
« L’acte d’offrande est Brahman, l’oblation est Brahman, la nourriture offerte elle-même est Brahman, le feu est Brahman et celui qui fait l’offrande est Brahman. Celui qui voit Brahman dans toutes les actions atteindra Brahman. »

Bhagavad Gita, chapitre IV, verset 24.

Michèle Lefèvre Granclément

Le Yoga m'accompagne au quotidien depuis longtemps et je le transmets depuis 1991. La méditation et la pratique des différents aspects du Yoga Intégral, les rencontres sur le chemin, et l'étude des textes sacrés / philosophiques, sont mes sources d’inspiration. L'amour de la Nature et l'approche holistique de la santé, depuis l'enfance, m'ont conduite à mettre en pratique conjointement les sagesses de l'Ayurveda et du Yoga, puis à étudier leurs synergies. La Joie et l'évidence de la transmission de ces voies sœurs découlent de cette expérience de Vie.

2 Comments

  • Taia dit :

    Très intéressant cet article! Je ressens tout a fait ce qui est décrit rien qu’au moment de la mise en bouche des aliments. Les sensations sont souvent très intenses, surtout lorsque l’on a faim!
    Merci pour ce chouette écrit que je ne manquerai pas de citer à mes élèves lors des ateliers de cuisine végétale que j’anime.
    J’espère que tu te remets doucement de ta grippe. Je pense bien à toi.
    Namasté.
    Taia

  • Michele dit :

    Bonjour Taia,
    La suite pour bientôt 🙂
    Je n’avais pas expérimenté de tels symptôme depuis très très longtemps. Mais en fait, j’ai eu la chance de me remettre assez vite de cette grippe.
    Donc, tout va bien!
    Namaste

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