Shankprakshalana est une technique de nettoyage du système digestif ou purge. On ingère de l’eau salée qui passe par l’estomac, les intestins, puis est évacuée par l’anus.
Shankprakshalana, une vague purifiante
Imaginez une belle vague purifiante qui nous traverse et prend sur son passage les impuretés et les scories coincées dans notre système digestif, dans toutes les petites villosités de la paroi intestinale. Ce processus ancestral de nettoyage est appelé le shankprakshalana, le grand nettoyage de l’intestin.
Shankprakshalana fait partie de la catégorie des « purges », techniques qui permettent de nettoyer l’ensemble du tract digestif, de l’estomac au côlon, en passant par l’intestin grêle. On ingère une substance par la bouche, qui nous traversera, pour ensuite être évacuée par l’anus.
Dans de nombreuses civilisations, nous retrouvons des techniques de purge ou lavement. Certains se rappelleront peut-être les méthodes de « grand-mère » qui consistaient à avaler une cuillère d’huile de ricin. Nous retrouvons également des techniques de purges dans les traités ayurvédiques et yogiques.
Il existe de nombreuses purges « ayurvédiques ». Dans la Charaka Samhita, un des plus anciens traités médicaux datant de l’antiquité védique, on peut retrouver 245 formules de purge avec des plantes/substances différentes. Le principe de la purge est d’aller « déloger » le pitta vicié de son siège, l’intestin grêle. Nous reviendrons dans un autre article plus en détails sur ces soins ayurvédiques.
Ici nous allons nous concentrer sur le shankprakshalana qui est une technique « yogique ». Shank signifie la conque et Prakshalana le nettoyage. L’eau qui traverse notre système digestif le fait comme si elle traversait une simple coquille. On appelle aussi ce nettoyage Varisara Dhauti, la purification par l’eau.
De nombreux bienfaits !
Dans le Gheranda Samhita il est écrit que « Celui qui l’exécute avec diligence purifie son corps et obtient un corps divin rayonnant. »
Cette technique permet de désencombrer le système digestif souvent chargé d’aliments en putréfaction ou fermentation. On peut y déloger également des substances comme des graines et aliments bloqués dans les villosités de l’intestin, qui créent un terrain inflammatoire.
La santé du système immunitaire est également très dépendante de l’équilibre de notre flore intestinale. Ce nettoyage va donc relancer la qualité de la flore intestinale, en la libérant de détritus qui la polluent. Imaginez un champ fertile qui devient une décharge avec des plastiques, des produits toxiques, des objets de tout genre… Ce champ finira par « s’asphyxier » et perdra sa qualité première. Le désencombrer lui permettra de retrouver son souffle et équilibre. Notre flore mérite d’être assainie pour retrouver son fonctionnement naturel avec un microbiote sain.
Ce nettoyage est aussi conseillé pour purifier le sang, contre les allergies, les problèmes de peau.
Il agit également sur un plan énergétique et psychologique. Un bon transit va alléger le mental. Pour ceux/celles qui ont un Apana Vayu perturbé avec de la constipation chronique et des difficultés à éliminer, ce type de nettoyage peut être très libérateur !
Comment est-ce que cela fonctionne ?
Le principe est assez simple, nous buvons de l’eau salée chaude. Le sel, concentré à 9g/litre d’eau, permet de garder l’eau dans le tractus digestif. Sans cela, l’eau traverserait la paroi intestinale et serait métabolisée par les reins et la vessie, puis évacuée par l’urine. Cette eau salée permet donc de faire l’effet d’une vague qui descend dans l’estomac, traverse l’intestin grêle, le côlon et finit par être évacuée par l’anus.
Quatre postures de yoga spécifiques pratiquées en « dynamique » permettent d’accompagner cette « vague » tout au long du chemin, en donnant une dynamique, et en ouvrant les « sphincters » comme le pylore entre l’estomac et le duodénum.
Le protocole du nettoyage alterne l’ingestion d’eau salée et l’enchaînement des quatre postures. La pesanteur, les mouvements, l’eau, le temps, permettront à la « vague » d’être éliminée par l’anus.
A sa sortie, l’eau sera foncée, avec des « détritus », qu’elle aura emportés avec elle et, au fur à mesure du nettoyage, cette eau s’éclaircira et finira « comme un jet d’urine claire », mais par l’anus.
Quelques contre-indications à Shankprakshalana :
- Comme c’est une technique de purification, elle est à éviter en cas de grossesse.
- Il est important de ne pas être dans un état de faiblesse trop important ou avec un Vata très déséquilibré. Il vaut mieux stabiliser Vata dans un premier temps.
- A éviter en cas d’hypertension artérielle aussi. Ceci s’explique par l’ingestion de sel. Même si le sel est en grande partie évacué avec l’eau, il est préférable d’avoir un avis médical dans cette situation.
- Lors d’ulcères, l’eau salée peut être irritante. C’est pourquoi un travail en amont est nécessaire.
Cette pratique rentre dans une démarche globale. Une préparation alimentaire, avant et après le nettoyage, doit être respectée.
Quand pratiquer Shankprakshalana ?
Les deux meilleures moments de l’année pour le pratiquer sont les mois de mars et d’octobre. Aux changements de saison, le corps tend à vouloir se nettoyer naturellement. C’est d’ailleurs souvent la période des jeûnes. A titre préventif, on peut le pratiquer chaque semestre. La première fois, ce sera le grand débroussaillage ! Puis, à chaque fois, le nettoyage s’affinera.
Pour certaines constitutions, cette technique peut être alternée avec des purges plus « huileuses » comme avec de l’huile de ricin, surtout lorsqu’il y a beaucoup de sécheresse et d’aggravation Vata dans les tissus. Un praticien peut vous accompagner dans le protocole le plus adapté pour vous, en considérant votre constitution, vos déséquilibres, votre âge.
Comment le pratiquer ?
La première fois, il est préférable d’être guidé(e), afin de respecter sa physiologie et son rythme. Après une première pratique sous guidance, chacun(e) devient pleinement autonome pour le reprendre seul(e) tous les six mois.
Une préparation en amont de quelques jours favorisera un nettoyage optimum. Le plus important sera la reprise alimentaire par étape, suite au nettoyage.
Cela fait une dizaine d’année que je propose des initiations au Shankprakshalana, et j’ai pu constater que le protocole « standard » peut nécessiter d’être adapté en fonction de chacun(e). Ces ajustements, et le respect des rythmes, permettent un nettoyage doux et respectueux de la physiologie. La quantité d’eau peut être ajustée car, pour certain(e)s, en prendre trop, ou trop vite, génère des nausées. D’autres encore ont besoin d’adapter certaines postures, qui sont trop exigeantes pour leur dos, genoux… Mais, lorsque nous suivons le protocole avec écoute, et tous les ajustements nécessaires, cela passe « comme une lettre à la poste » !
Isabelle propose le Shankprakshalana depuis une dizaine d’année 2 fois par an. Au début, l’accompagnement était en présentiel puis le Covid étant passé par là, il a été poursuivi en distanciel.
Et finalement, cette formule à distance, où chacun(e) est chez soi, dans son intimité, mais porté(e) par l’énergie du groupe, sous les conseils personnalisés d’Isabelle, est plutôt sympathique 😉
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Merci pour cette article ultra complet ! Au plaisir !
Merci Damien !
Merci beaucoup ! trés interessant. La première fois j’ai fais une grosse rétention d’eau en effet (visage boursouflé) mais je ne sais pas trop comment gérer ça 😉
Bonjour Anna,
Merci pour votre commentaire et témoignage. Il est important en amont de vérifier que nous n’avons pas de contre-indication et que le corps soit préparé en amont pour éviter ce type de désagrément… En effet, si le nettoyage fonctionne bien, l’eau salée ingérée ressort bien du corps mais si l’évacuation se passe moins bien dû à une lenteur du métabolisme ou une constipation chronique par exemple, l’eau salée peut rester dans le corps et le sel peut faire un peu de rétention d’eau. C’est pour éviter ce type de désagrément que je pense que c’est bien d’être accompagné une première fois. Je remarque aussi que beaucoup de personne pour qui cela n’a pas bien fonctionné quand ils le faisaient seuls étaient dû à un protocole non adapté ou avec des erreurs… Dosage de sel, ingestion de trop de litre d’eau, réalisation des postures… Dans tous les cas, ce n’est pas parce que cela n’a pas marché une fois, que ce nettoyage n’est pas le bon 😉 En trouver la cause serait une première étape. Très belle journée, Isabelle
Bonjour, ma maman a 93 ans elle a une tumeur au colon, peut-on lui donner un verre de sel pour les nettoyer les intestins merci de votre réponse.
Bonjour,
Cette purge reste tout de même exigeante dans le protocole avec l’absorption d’eau salée et la pratique de postures de yoga entre chaque. Ce n’est pas une purge que je conseille pour une femme de 93 ans. D’autant plus avec sa tumeur au côlon.
A son âge et avec sa pathologie, un accompagnement plus doux et sur mesure serait plus approprié.
Par rapport à la prise d’un seul verre d’eau salé, la quantité ne serait pas suffisante pour lancer la purge et du coup, le sel serait absorbé pas l’organisme et non évacué. C’est donc fortement contre-indiqué de prendre juste un verre d’eau salée à cette concentration. Lorsque la purge est faite complètement, le sel est évacuée.
Très belle journée,
Isabelle