«Quand on évoque le Śivaisme, une question s’impose: qui est Śiva? En Inde, les réponses proposées sont fort nombreuses: il peut s’agir du «dieu de la destruction», du «seigneur compatissant du yoga», ou même du «dieu qui médite sur le mont Kailas, assis sur une peau de tigre, des serpents enroulés autour du cou, le fleuve Gangā jaillissant de sa chevelure nattée et emmêlée». Les Purānas font Ie récit des difficultés et austérités que Pārvatī a surmontées pour parvenir à épouser cet ascète suprêmement détaché; on y raconte aussi la naissance singulière de ses deux fils, Karttikeya et Ganeśa, et bien d’autres prodiges encore. Ces prouesses attestent toutes d’un dieu qui a la parfaite maîtrise de ses sens, destructeur des forces négatives, le yogi et méditant par excellence, capable de goûter les plaisirs du monde sans pour autant s’y identifier. Tel est le Śiva de la dévotion populaire dont les représentions sont omniprésentes dans les innombrables temples de l’lnde.
Le Siva des Àgamas, les écritures révélées qui exposent la tradition Śaiva, procède des aspects cités plus haut, mais la vision qui en est proposée a été élargie à l’extrême. Ce Siva, dont le nom signifie «le propice», est la réalité ultime, la lumière de la Conscience. Il Se manifeste sous le forme du cosmos, le pénètre car Il en est la quintessence, et le résorbe à nouveau en Lui-même. Dans ce contexte, que peut-il y avoir de plus propice que d’atteindre la félicité suprême de Siva?»
Swami Shantananda
Rien n’existe qui ne soit Siva, Swami Muktananda, Publications du Siddha Yoga, Editions Saraswati, 1998