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Drishti, le regard en yoga 

Drishti

Canaliser le sens de la Vue avec des Drishti est bénéfique et participe au développement de la concentration, de la clarté mentale et du regard intérieur.

Un regard stable est signe de calme mental. Et en retournant la phrase dans l’autre sens, on comprend que l’on peut calmer le mental en exerçant la stabilité du regard… C’est le coeur de la pratique des Drishti. 

Fixer un regard précis dans un exercice de yoga, c’est une branche de la pratique à part entière. Exercés régulièrement, les Drishti ont des répercussions bénéfiques sur la santé, la vision et la concentration. Les Drishti, tout comme Tratak, par ailleurs, influent sur Manomaya Kosha, la sphère ou enveloppe mentale. Leur utilisation, lors de la pratique des Asana (postures), augmente et approfondit leurs effets, influant désormais non seulement sur le corps (Annamaya Kosha) et sur l’énergie (Pranamaya Kosha), mais aussi  sur l’esprit. Les Drishti peuvent aussi être pratiqués pendant le Pranayama, certains Kriya (actions, exercices) ou Dharana (techniques de concentration). 

On recherche une forme de relaxation dans le regard. Or, souvent on entend que les Drishti font mal aux yeux. En fait, nous utilisons très (trop) peu les muscles des yeux, qui sont devenus paresseux… tant et si bien que nous avons pris l’habitude de tourner la tête, plutôt que de tourner les yeux. On s’en rend compte, lorsque l’on pratique les exercices de yoga des yeux ou lorsque l’on voit les expressives danseuses indiennes, chez qui les yeux et le visage sont tellement mobiles. 

Alors, si l’on veut à nouveau mobiliser les yeux, il faudra y aller doucement, et ne pas hésiter à faire des pauses, puis à faire un peu de « palming » pour les relaxer, en fin de session. 

Drishti en Natha Yoga

En Natha Yoga, on pratique le plus souvent les yeux fermés… mais les Drishti peuvent aussi se prendre les yeux ouverts. Les Drishti contribuent à rassembler, à stabiliser le regard extérieur, et à porter l’attention vers l’intérieur, conférant ainsi une qualité plus méditative à la pratique. On utilise les Drishti comme des Mudra, des sceaux d’énergie qui augmentent la puissance du travail énergétique. En Natha Yoga, on retrouve : 

  • Dakshina Drishti, regard lointain, à droite, sur une ligne droite horizontale au niveau des yeux
  • Vama Drishti, regard lointain, à gauche, sur une ligne droite horizontale au niveau des yeux
  • Madhya Drishti, regard fixe sur un point devant soi, sur la ligne d’horizon, yeux détendus
  • Bhrumaddya, loucher en fixant un point entre les yeux
  • Nasagra, loucher en fixant le bout du nez
  • Shambavi, loucher en fixant un point le plus haut possible.

Drishti en Ashtanga Yoga

En Ashtanga Yoga, on focalise le regard sur un point du corps ou de l’espace. On fixe le regard, calme et détendu, le temps de la posture ou de la méditation. On relaxe les yeux, comme si l’on regardait la ligne d’horizon au loin, sans chercher à voir de détails. Le Drishti pose le regard sur un point, et un seul. Ainsi on réduit les sources de stimulation sensorielles. Le regard cesse de vagabonder, et le mental se centre instantanément. En Ashtanga, on retrouve : 

  • Nasagra Drishti, regard sur le bout du nez
  • Bhrumadhya Drishti, regard sur le point entre les sourcils
  • Nabhi Chakra Drishti, regard sur le nombril
  • Hastagre Drishti, regard sur la main
  • Angushthamadhye Drishti, regard sur le pouce
  • Padayoragre Drishti, regard sur le gros orteil
  • Parshva Drishti, regard lointain vers la droite ou la gauche
  • Urdhva Drishti, regard vers le ciel.

 

Marma Sthana, le regard intérieur

Les Marma Sthana sont des points vitaux sur lesquels on peut diriger le regard intérieur pendant la pratique de yoga. C’est le regard psychique (ou mental) qui se tourne vers le point vital… et non le regard physique. La position de la tête n’est pas modifiée ; les yeux ne bougent pas, ils sont fermés et détendus.

L’utilisation des Marma Sthana est une forme de « Dharana » (ou concentration). On peut les pratiquer pendant les Asana, les Mudra, les Pranayama ou dans certaines assises. Dans son livre « Emergence du yoga », T.K. Sribhashyam cite 16 Marma Sthana : 

  • Fontanelle, Shirsha
  • Milieu du front, Murdhna
  • Point entre les sourcils, Bhrumadhya
  • Bout du nez, Nasagra
  • Fond du palais, Talu Mudra
  • Racine de la luette, Lalata
  • Gorge, Kanta
  • Fond de la gorge, Kanta Kupa
  • Milieu du coeur, Hridaya
  • Nombril, Nabhi
  • Milieu du pelvis, Shroni
  • Périnée, Mula
  • Cuisses, Jangha
  • Genoux, Janu
  • Chevilles, Gulpha
  • Gros orteils, Pada Angushta

Voici un exemple avec quelques postures associées à des Marma Sthana :

(1) Baddhakonasana avec Jaladhara Bandha : Gorge, Kanta – (2) Bhujangasana : Point entre les sourcils, Bhrumadhya – (3)  Paschimottanasana : Nombril, Nabhi – (4)  Maha Mudra : Bout du nez, Nasagra

 

NB : Le choix des Marma Sthana sur une posture peut varier d’une pratique à l’autre.

Les techniques yogiques de visualisation participent à l’expérience de Pratyahara, le retrait, ou retournement, des sens vers l’intérieur. C’est une forme de canalisation ou de «  jeûne » du sens de la vue. On renonce à l’utilisation incontrôlée du regard, afin de l’exercer à des techniques d’intériorisation et de connaissance de soi. Or, dans son fonctionnement habituel, le sens de la vue est source d’importantes déperditions d’énergie. Ces techniques conduisent donc à une forme de « sobriété sensorielle », puis, subtilement mais sûrement, déplacent l’attrait pour le monde extérieur, vers l’attrait pour la pratique et le monde intérieur… 

Cet article « Drishti et Techniques de visualisation » est paru sur la Newsletter de février 2024. Si vous souhaitez recevoir les nouveaux articles, dès parution, inscrivez-vous à la Newsletter,  c’est ici.

Michèle Lefèvre Granclément

Le Yoga m'accompagne au quotidien depuis longtemps et je le transmets depuis 1991. La méditation et la pratique des différents aspects du Yoga Intégral, les rencontres sur le chemin, et l'étude des textes sacrés / philosophiques, sont mes sources d’inspiration. L'amour de la Nature et l'approche holistique de la santé, depuis l'enfance, m'ont conduite à mettre en pratique conjointement les sagesses de l'Ayurveda et du Yoga, puis à étudier leurs synergies. La Joie et l'évidence de la transmission de ces voies sœurs découlent de cette expérience de Vie.

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