Depuis un mois environ, j’ai acquis le livre « La contemplation du héros » de Christian Pisano, disciple de B.K.S. Iyengar. J’ai reçu ce livre comme un choc; il m’est apparu comme unique, original, intense, rigoureux et profond. Ce livre est la quintessence de 30 ans d’étude et de pratique intense du yoga. Il est tissé de citations des textes du shivaïsme du Cachemire, de légendes indiennes, et d’expériences personnelles. L’auteur est érudit en son domaine. Il transmet ses connaissances sous une forme « digérée », intégrée, par le feu de la pratique.
Certaines postures sont illustrées par des calligraphies qui rappellent le zen japonais. Pas de n-ième descriptions des postures classiques connues du public averti… pour cela, l’auteur propose de se référer aux livres de son maître. A la place, des explications étayées du nom des postures, de leur symbolique et de l’intention qu’elles dégagent.
Ce livre est destinés à ceux qui ont déjà de bonnes connaissances du yoga et qui veulent les approfondir. Voici un court extrait, à propos de Pashchimottânâsana:
Pashchimottânâsana : La transmission occidentale (Pashchimâmnâya)
« Kubjikâ, la déesse bossue, donne son souffle à cette vision qui est intimement associée avec la Montagne de la Lune, d’où sa saveur d’intériorisation. Peut-être est-ce la déesse qui susurra aux yogi les trois noms de cet âsana ? L’étalement de l’ouest (pashchimottanâsana), la terrible (ugrâsana) ou encore ‘vivre en Brahman’ (brahmachâryâsana).
Ces noms se réfèrent aux différentes approches et humeurs de la posture. Pashchimottânâsana explore l’étalement arrière, l’extension du dos et le flot du prâna par la voie postérieure (pashchimavâyumârga). Elle déploie l’énergie d’activité. (kriyâshakti). En résonance, Ugrâsana épanouit la face antérieure du tronc et des cavités pelvienne, abdominale et thoracique. Elle déploie l’énergie de connaissance (jñânashakti). Brahmachâryâsana explore la racine de la colonne vertébrale et son extension prânique (mûla bandha). Elle est liée à l’élan vital (icchâshakti). »
Source: La contemplation du héros, Christian Pisano, Editions Connaissances et Savoirs, 2011
Site internet de l’auteur: http://www.anuttara.com/
Merci Michelle,
Attiré par ce livre dont tu parle ici, je l’ai commandé !
Je suis à la recherche de livres, ou documents, sur l’approche plus énergetique des Asana, comme l’approche Natha de Salabhasana que tu décrivait dans un autre article.
Est-ce que tu peut donner des réference, please.
Merci d’avance.
Namaste
Om
J.L.
Bonjour Jean-Louis,
Je pense que tu ne sera pas déçu.
Comme tu le sais, en guise de post-formation, je suis la formation à l’enseignement du yoga de Christian Tikhomirrof: http://www.natha-yoga.com/formations%20correspodance.htm.
Tu peux commander un « échantillon » de la formation et tu recevras quelques CDs gratuitement + brochure. Christian a une vue un peu différente sur la philosophie. Il est parfois « réactionnaire » (je dit cela avec humour), mais c’est souvent le cas avec les tantrikas.
Il a réussi à répondre à mes attentes en matière d’approche énergétique des asanas, même si je sens parfois mon approche du yoga un peu différente de la sienne. Son enseignement est très axé sur l’énergie et l’exploration de la conscience au travers de pratiques yoguiques très diverses. C’est aussi une façon d’approfondir le tantrisme.
Si la formation te semble trop « volumineuse », tu peux aussi lire son livre, « Le Banques de Shiva ». Mais c’est sûr qu’il y a moins d’explications sur les souffles, mudras, etc.
Pour l’instant, je n’explore pas d’autres enseignements en matière d’asanas/pranayama. J’approfondis la pratique du yoga selon l’ayurveda, et aussi particulièrement le nada yoga et le yoga nidra.
Namaste
Merci Michelle,
Je suis allé sur le site de Natha Yoga. Ce n’est pas ma premiere visite et je crois, en effet, qu’il y a beaucoup à apprendre là, même si j’ai déja ma propre pratique
Je ne sais pas encore si je vais me lancer dans la formation complète, question de temps et d’argent… Mais je vais commencer par son livre.
Je continue aussi à approfondir le lien entre Yoga et Ayurveda, ça a été pour moi la découverte de ces dernières années car l’Ayurveda apporte vraiment le moyen d’adapter la pratique (temps, saison, temperament), ce qui me parraissait indispensable depuis longtemps.
Content de lire que tu as eu une bonne periode de méditation.
Namaste
OM
J.L.
Bonjour Jean-Louis,
Oui, la formation est un sacré engagement… Si je compte aussi celle en Ayurveda, cela me fait bcp et je n’ai pas d’autre choix que d’avancer à mon rythme.
Je continue de méditer avec les bienfaits de mon stage. Je remets d’ailleurs cela pour encore 2 jours de méditation la semaine prochaine. Je sens que c’est le moment, tout simplement 🙂
Namaste
Hello Michelle,
Si ce n’est pas indiscret, quelle est la formation que tu fait en Ayurveda ? Est-ce avec une école de formation ou bien une étude personnelle ?
Je suis toujours heureux d’entendre parler des expériences pratiques de Méditation car je continue d’experimenter moi-même les transformations intérieures que cela apporte dans la pratique du Yoga et de la vie en général.
Je vais commander prochainement le livre de Christian Tikhomirrof, j’ai été très interessé par ton résumé à propos de Salabhasana et par l’essai de cette approche Natha.
Bonne pratique.
Namaste
OM
J.L.
Hello Jean-Louis,
Je fais la formation à distance avec David Frawley: « Yoga & Ayurveda Advanced Course ». Avant, il y a un autre cours de base. L’ensemble prend plusieurs années… sans reconnaissance officielle ;-)…. mais je ne fait pas cela pour un diplôme. C’est parfait pour les petits budgets (même si ce n’est pas donné… rien à voir avec les déplacements+hébergement dans un école). Ne suis pas sûre à arriver à finir dans les délais pour avoir mon papier de D. Frawley. Mais encore une fois, l’essentiel n’est pas là.
American Institute of Vedic Studies:
Cours de base: http://www.vedanet.com/ayurvedic-healing-course-othermenu-17
Cours avancé: http://www.vedanet.com/yoga-ayurveda-meditation-othermenu-19.
Expériences de méditation: je pense à approfondir ce partage lors de stages de méditation et yoga. A vrai dire, on en a très peu parlé lors de mes plus de 20 premières années de méditations. J’ai l’occasion de partager maintenant avec quelques personnes et cela m’a été utile pour avancer. Inutile de trop en dire… parfois un partage oral court ou une courte méditation peut suffire à faire lâcher une résistance, ou ouvrir la conscience plus encore.
Le livre de Christian Tikhomirroff est intéressant…
Namaste
Merci encore Michelle,
Ces 2 formation m’attirent, c’est une question d’organisation… et de prévoir question budget. Je vais voir…
En attendant, il y a les livres, heureusement !
Je suis d’accord au sujet de la méditation: inutile de faire trop de discours. Les mots sont tellement réducteurs et l’expérience est tellement personnelle. On peut juste guider.
Je saisi de plus en plus l’importance de se dégager de l’emprise du mental, de l’ego qui nous fait voir la réalité de façon complètement déformée.
Namaste
OM
J.L.
Figurez-vous Michèle, qu’hier soir j’étais en train de lire pashimottanasana dans le livre de Pisano.
Ce jour, ni méditation, ni hatha yoga ; rien qu’un corps brumeux et lourd qui m’oblige à m’allonger, ce que j’accompagne. Soudain, un éclair m’amène la compréhension suivante.
L’ouest est l’automne, le moment où la nature s’abaisse et s’intériorise. Elle se prépare à la mort de l’hiver avant de renaître au printemps. L’est est le printemps, le moment où la nature naît, s’éveil et jaillit avant de se répandre en été.
Pashimottanasana est l’étirement de l’ouest. C’est là où, par analogie au mouvement de descente-intériorité de l’automne, nous nous intériorisons, dans un contact profond avec tous les organes abdominaux ; avec le feu, l’eau et la terre, éléments du bas. La terre et l’eau sont, respectivement, le contenant et le contenu du creuset alchimique ; l’endroit où vont se mélanger toutes les composantes de la conscience pour être transformées par le feu de manipura. En alchimie interne, c’est l’œuvre au noir que j’ai évoqué il y a quelques jours à propos de kakasana.
Les postures d’extension sont analogiquement des étirements de l’est. C’est là où, par analogie au mouvement de montée-extériorité du printemps, nous nous mettons en contact avec le jaillissement de la vie, son commencement ; c’est l’essence du savoir, son origine. C’est l’endroit où s’élève le produit de la transformation-mort de l’ouest après son passage par la mort de l’hiver… savasana ! Ici, le feu de manipura accompagne l’éther-espace, intérieur s’entend, de visshudha, après la transformation précédente, vers la lumière non-duelle, la lumière-d’en-haut d’ajna. En alchimie interne, c’est l’œuvre au blanc qui se finalise dans l’œuvre au rouge, le samadhi.
Hier soir, je m’étais concocté un programme de pratique génial pour aujourd’hui.
Aujourd’hui… la tête dans… et ça, ce n’est aucun des étirements !
Et un passage de plus dans l’œuvre au noir !!
La suite…
Je ne sais pas pourquoi, mais le mot entrailles a jailli en moi et j’ai eu besoin de chercher sa signification symbolique : l’intérieur, le fond, le profond.
Pashimottanasana + mulabandha + uddiyanabandha + kecharimudra… je peux vous dire que « ça », rentre dans les entrailles de la terre ! Je dirais qu’aucune autre posture ne permet un telle rentrée-intériorisation. Je viens de le réaliser cet ap et comprend maintenant l’importance primordiale accordée à cette asana.
Donc « ça » rentre, s’intériorise, calme l’agitation mentale, l’attentionne au présent : le passage de l’ouest !
Puis viennent les asanas d’extension. Je monte un peu plus haut que d’habitude en dhanurasana et je réalise que, plus je monte, plus ma surface d’appui diminue. L’axe central vertical de sushumna est le témoin du présent, le dépassement de la dualité dans l’unité. Par conséquent, plus la surface d’appui diminue, plus ai-je besoin mentalement d’investir le présent pour rester centré physiquement dans l’axe vertical : l’un compense l’autre ! Cette question est moins importante dans shalabasana et bujanghasana où les surfaces d’appui restent importantes.
Subitement, je réalise qu’il n’y a pas une posture physique, puis une autre de compensation. C’est plus subtile que ça. Le calme mental réalisé dans pashimottanasana va directement influencer le centrage de dhanurasana. Evidemment, j’étais tellement stupéfait d’avoir réalisé cela que j’étais agité mentalement et je n’ai pas arrêté de lutter pour ne pas pencher latéralement.
Maintenant, je ne regarde plus pashimottanasana comme avant. Je vois cette posture comme une charnière entre ce qui se passe avant et ce qui se passe après. Je vois cette posture comme un pivot, comme une posture de torsion : dans les deux cas, il y a de « l’entraillement »/mentalement rassemblé-uni. Ce qui pour l’un se fait horizontalement, pour l’autre se fait en rotation autour du même axe. On ne peut pas dire qui du corps physique ou psychique influence l’autre, c’est ensemble, « comme ça », car ce qui se passe dans les entrailles a sa répercussion directe dans le cerveau. Je pourrais y revenir dans une autre commentaire. Le corps physique devient un lieu de connaissance quand le mental psychique cède la sienne. Depuis 10000 ans, le monde a visiblement raté quelque chose.