L’hindouisme et le système du Yoga considèrent que notre monde tangible n’est pas unique, mais fait partie d’un ensemble plus immense encore, le « Sarvam » en sanskrit, ou «univers». La notion de «Sarvam» ne se limite pas seulement aux planètes et aux étoiles : elle comprend le domaine du visible à nos cinq sens et de l’invisible. On peut dire que le Sarvam comporte plusieurs dimensions ou mondes. Chaque monde est un « Loka ».
La tradition indienne distingue 4 Loka:
- Le Bhûr Loka: est le monde perceptible par les cinq sens, celui des minéraux, des végétaux, des animaux et de l’Homme.
Bhur correspond à Agni, le Feu, dans la symbolique védique. - Le Bhuvah Loka est supérieur au monde perceptible. C’est un monde intermédiaire et subtil. C’est le domaine des esprits et des génies, qui y vivent pendant des centaines de siècles. Gandharva, Apsara et Deva (divinités mineures) y seraient soumis à la loi du karma (ou loi de cause à effet) et donc liés à leurs désirs. Leurs facultés seraient supérieures aux nôtres et ils possèderaient des pouvoirs.
Bhuvah correspond au Vent, dans la symbolique védique. - Le Svah Loka ou Svarga Loka est le monde des dieux et des bonnes âmes. C’est l’équivalent du Ciel ou du Paradis. C’est le lieu de félicité, le lieu de lumière.
Svah correspond à Aditya, le Soleil et à la Mula-Prakriti des Vedantins, la Mère-Terre originelle, la source ou racine du monde manifesté. - Le Brahma Loka est au-delà de l’ensemble des 3 autres : il est au-delà de l’entendement. C’est-à-dire, qu’il est au-delà des notions essentielles qui nous permettent de délimiter le concevable : l’espace, le temps et la causalité. Il ne connaît donc aucune limitation et est permanent, alors que les trois autres sont transitoires. En effet, à la fin d’une ère cosmique, les 3 Loka inférieurs de l’univers, et donc même l’univers des dieux, sont détruits par résorption. Le Brahma Loka, au-delà des noms et des formes, est le lieu vers lequel tendent les sages.
Maha Brahma correspond à la Lune dans la symbolique védique.
Notre corps et sa transfiguration
Texte de Ralph Stehly:
Notre corps fait partie du bhûr-loka. Ce corps éphémère, périssable, limité à tout point de vue, c’est pourtant sur lui que le yoga va travailler, de façon à réaliser pleinement ses potentialités, à aller jusqu’au bout de ses virtualités, pour le transformer progressivement par l’intérieur. Toutes les Upanishads du Yoga en parlent. Mais la Yoga-tattva-Upanishad décrit peut-être encore plus minutieusement que les autres la transformation progressive de l’homme, atome après atome, chaque atome grossier remplacé par quelque chose de plus subtil, un corps transformé par le prânâyama en quelque chose de plus fin, de plus ténu, dans lequel les siddhi-s (les pouvoirs extra-ordinaires) qui sont à l’état latent en chacun d’entre nous pourront prendre leur essor.
C’est donc à un véritable travail alchimique sur nous-mêmes que nous sommes invités.
Lire la Yoga Tattva Upanishad commentée, sur le très complet site des 108 Upanishads>>
Le Gayatri Mantra
Le Gayatri Mantra est dit Mantra de tous les hindous, ou chant de la délivrance. Ses 24 syllabes sont extraites du Rig Veda (III, 62, 10).
OM
BHUR BHUVAH SVAH
TAT SAVITUR VARENYAM
BHARGO DEVASYA DHIMAHI
DHIYO YONAH NAH PRACHODAYAT
Om
Dans les 3 mondes de l’expérience,
C’est « Cela », la nature essentielle propre à l’existence, qui est l’UN.
Puissent tous les êtres percevoir, par un intellect subtil et méditatif,
La magnifique splendeur de la conscience illuminée.
Voir aussi l’article à propos du Gayatri Mantra >>
Sources :
Site de Ralph Stehly, Professeur d’histoire des religions, Université Marc Bloch, Strasbourg: voir sa page, plus complète que la mienne: http://stehly.chez-alice.fr/conception.htm.
Les Upanishads majeures, Guy Rachet, Edition Sand
Notes personnelles
Source de l’image:
http://fr.wikipedia.org/wiki/Fichier:Whirpool_Galaxy.jpg