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Titiksha la persévérance est une qualité yogique soeur de la patience. Qu’en est-il de l’impatience ? Voilà un mot qui interpelle !

Certains s’avouent impatients parce que cela est flagrant dans leur comportement. D’autres ne se rendent même pas compte de leur impatience.

Mais globalement, ne sommes-nous pas tous impatients à notre manière ?

… Et il se trouve que le yoga s’accommode mal de l’impatience.

La patience est sœur de Titiksha (ou Titikṣā), la persévérance, qui est par ailleurs l’une des principales qualités requises de l’aspirant yogi, selon Sri Shankaracarya (8e siècle). Nous reparlerons de ces qualités dans de prochaines Newsletters, car chacune d’entre elle est intéressante et peut nous parler, dans notre vie d’aujourd’hui.

Revenons-en à notre pratique yogique…

La patience, c’est laisser le temps au temps. En yoga, c’est renoncer à toute précipitation. La persévérance va plus loin encore : c’est dépasser les difficultés et poursuivre, malgré les obstacles…

Prenons l’exemple du perfectionnement de la pratique, celle des Asana, par exemple. Pour les Asana, comme pour tout, il y a toujours un chemin de progression. C’est un travail de longue haleine, qui s’effectue sur plusieurs plans :

Un apprentissage étape après étape :

  • Il est tout d’abord nécessaire de comprendre la posture et ses enjeux, puis de trouver le chemin progressif vers elle.
  • Le placement de la posture est abordé selon une justesse propre à la structure de chacun, en fonction de ses forces et de ses limitations. L’accompagnement, à ce niveau, est le plus souvent souhaitable. Le corps est préparé, travaillé dans sa statique, sa puissance, sa mobilité, sa souplesse, ou encore son équilibre.
  • La qualité de la respiration pendant la posture est un point de référence toujours perfectible.
  • Le pratiquant développe ensuite sa capacité à aller dans la tenue prolongée de l’Asana.
  • Le travail se poursuit, sur les plans de l’énergie et de la qualité d’attention : Bandha, Mudra, Drishti, placement de la concentration, Mantra, …
  • Et, si l’on vit l’Asana comme une voie de transformation profonde, l’attitude, l’état d’être, pendant la pratique des Asana comptera pour beaucoup. Or ce qui ne se voit pas n’est pas pour autant simple à améliorer !

La plupart des erreurs, des « bobos » et des blessures de parcours, ont pour origine l’inattention ou l’impatience, ou encore les deux. On surestime ses capacités et on se fait mal, ce qui va à l’encontre du yoga.

Les exercices du yoga sont puissants, tant les Asana, le Pranayama, les Bandha, les Mudra ou la Méditation. Leur pratique est toujours perfectible. Ainsi, leur apprentissage prend le temps de toute une vie, même en pratiquant tous les jours.

Yoga et limites

Le yoga vient titiller nos limites, de sorte à permettre certains dépassements, et à développer les qualités de patience et de persévérance. Cette forme de courage nous invite à faire fi du temps et de tout désir d’immédiateté, au profit d’une détermination saine, qui nous place toujours dans l’instant présent. Chaque pas sur le chemin de l’apprentissage et de la pratique a son importance. Cette présence amène aussi de mieux se connaître, et aussi de reconnaître humblement les limites à ne pas dépasser.

Le corps, physique et émotionnel, a son histoire, ses forces et ses nœuds ; il a ses droits et ses besoins. Il vous parle et vous apprend qui vous êtes au fur et à mesure que vous faites connaissance avec lui, lors de votre pratique. Il vous accompagne et se laisse modeler, si vous le respectez.

Atha Yoganushsanam (YS 1.1)
Maintenant (que l’on est prêt), le Yoga va être enseigné.

La méditation n’est rien sans la patience. Le méditant impatient attend des miracles, … et vite! Sans persévérance, il abandonne sa pratique ou verse dans la recherche de techniques spectaculaires, ou de substances provoquant des modifications immédiate de l’état de conscience. Mais ce n’est pas de la méditation. La méditation profonde requiert le développement de la concentration parfaite, de la détente, et du lâcher-prise, au plus haut degré.

Les anciens maîtres en yoga connaissaient bien le fonctionnement du mental de leurs élèves. Et souvent, le premier enseignement du maître était de prendre le contre-pied de l’impatience de son élève. Il enseignait à l’apprenti que, pour avancer, il lui faudrait s’arrêter, accepter de se poser.

Dès lors, présent à lui-même, et détaché, l’étudiant pouvait enfin prendre réellement conscience d’où il en était. Il devenait apte à reconnaître le chemin qu’il avait encore à parcourir, patiemment. Enfin, l’élève pouvait réellement être à l’écoute, et entendre. Il était alors prêt à recevoir les enseignements…

Mais le plus souvent l’histoire est différente. Nous la connaissons tous. Nous apprenons, nous voyons que nous faisons quelques progrès. Puis, parfois, la machine s’emballe : nous voulons aller toujours plus loin et obtenir encore plus de résultats, et vite.

Or le progrès, c’est l’expérience patiente, un état d’être différent, réceptif, intuitif, qui n’a rien à voir avec le vouloir ou l’immédiateté. Il arrive lorsque l’on est prêt. Et là, la patience ne suffit plus. La patience se double de Titiksha la persévérance. Le vrai progrès tient de la grâce.

Le maître de yoga, ou votre propre maître intérieur, cette sentinelle en vous, pétrie de patience, a la sagesse de connaître votre rythme d’apprentissage et vos limites. Il est là pour vous guider. Il y a en chacun de nous un lieu de sagesse qui, si on sait l’entendre, nous aide à progresser sûrement et avec patience.

Cet article « Patience et Titiksha : la persévérance » est paru sur la Newsletter de mars 2024. Si vous souhaitez recevoir les nouveaux articles, dès parution, inscrivez-vous à la Newsletter,  c’est ici.

Michèle Lefèvre Granclément

Le Yoga m'accompagne au quotidien depuis longtemps et je le transmets depuis 1991. La méditation et la pratique des différents aspects du Yoga Intégral, les rencontres sur le chemin, et l'étude des textes sacrés / philosophiques, sont mes sources d’inspiration. L'amour de la Nature et l'approche holistique de la santé, depuis l'enfance, m'ont conduite à mettre en pratique conjointement les sagesses de l'Ayurveda et du Yoga, puis à étudier leurs synergies. La Joie et l'évidence de la transmission de ces voies sœurs découlent de cette expérience de Vie.

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