Les Chemins de la ferveur, livre de Jean Biès, invite à découvrir l’Inde, en accompagnant l’auteur dans son voyage, au rythme du pays et de l’écriture… Cet extrait témoigne d’une expérience, mais aussi du voyage intérieur qui ne peut manquer de s’opérer lors d’un séjour dans ce sous-continent, si coloré, profond et déroutant à la fois. L’Inde change profondément en ce moment, mais puisse-t-elle garder son âme…
« L’enfant que l’Inde nous aide à devenir est un enfant qui tend à être plus adulte que les millions de gamins de trente à soixante-dix ans qui partout imposent leur loi, déversent sur le monde leurs contradictions et leurs incohérences, sont ensuite furieux que tout aille mal, édifient des sociétés et un destin de mort par lesquels il nous faut passer.
L’enfant que l’Inde fait naître en nous est celui de l’Evangile, qui est mort à son moi, à ses apparences, à ses illusions, à ses passions, à ses instincts, qui a fait le tour des choses et en a vu le fond, qui, ayant épuisé toutes les expériences, peut dire qu’il a mille ans sans rien avoir perdu des candeurs de l’enfant, dont il a gardé en outre le don d’émerveillement, la disponibilité, la présence au présent.
L’Inde nous apprend à devenir ce jeune vieillard qu’est le sage, en quittant nos puérilités et nos mesquineries, en rejetant nos modèles d’identification et nos projections, en remettant à leurs rangs de phantasmes nos désirs et nos peurs, nos bonheurs et nos peines, en prévoyant les conséquences de nos actes et de nos paroles, en nous voyant tels que nous sommes. Or, j’appelle adulte celui qui se connaît soi-même. »
Jean Biès
Le livre de Jean Biès: Les chemins de la ferveur : Voyage en Inde>>
Photos: de la femme et du rickshaw: Ana Eduardo