Les six Rasas des nourritures terrestres
«Rasa» est un terme sanskrit que l’on traduit généralement par «saveur». En réalité, c’est un terme auquel on peut attribuer de nombreuses autres traductions telles que: «sentiment ou émotion artistique». Il peut signifier «jus», «sève», «essence» ou «circulation», ou encore «se sentir vivant».
C’est dire la vastitude de ce qu’englobe «Rasa». «Rasa» est pleinement et profondément relié à la sensation «d’être en vie». Il souligne l’importance de l’acuité des sens, propre à l’état de pleine santé.
Les cinq sens sont nos portes de perceptions ouvertes sur le monde. Et Rasa est en directe connexion avec les facultés de perception. Dans la philosophie du Samkhya, qui sous-tend le Yoga et l’Ayurveda, Rasa Tanmatra est le principe du goût ; il émane de « Ahamkara » (« le faiseur de «je» »), ou principe de l’ego.
Lors d’une expérience gustative, Rasa, la saveur, est perçue par les sens et le mental. Le mental réagit : il y a attraction ou répulsion, «Raga-Dvesha». L’expérience d’attraction ou de rejet est mémorisée. Et il se trouve que l’ego se construit et s’affirme volontiers, en déclarant ce qu’il aime ou n’aime pas (ou plus). C’est un peu sa façon à lui, souvent un peu simpliste, d’étiqueter les choses, les gens et les expériences…
En outre, attractions et répulsions permettent de ressentir et choisir relations, objets et substances nutritives, selon les besoins et aspirations des différents plans de l’être. Ainsi, le mot « Rasa » lui-même, connaît d’autres traductions telles que «inclination», «désir», «état intérieur» ou «émotion», toutes en lien avec les réactions que suscitent nos perceptions et nos autres expériences.
Le domaine de Rasa est donc vaste… Nous commençons donc ici le voyage au pays des six Rasas, ou saveurs de la nourriture, tout en esquissant les effets des saveurs sur nos humeurs.
Dans un prochains article, nous explorerons les neuf Rasas, ou états intérieurs (émotionnels). Ils ont été décrits par Muni Bharata dans le Nâtya-Shâstra, un traité sur la poésie, le théâtre, la musique et la danse, datant du 4e siècle avant J.-C. environ.
Puis nous terminerons avec les cinq Rasas de la tradition visnouite, qui correspondent à cinq niveaux de relation au Divin. Car on parle aussi de Rasa pour exprimer la « saveur de la jouissance spirituelle éprouvée dans un été d’union (Bhâva) mystique, en méditation ou en prière » [i].
Les six Rasas
Le terme « Rasa » est tout particulièrement associé à l’alimentation ayurvédique : on parle alors des six Rasas ou saveurs gustatives. Il est dit que ces six goûts ont une importance fondamentale, car les Rasas sont les éléments qui ont l’action la plus directe et la plus immédiate sur l’équilibration et les variations des trois Doshas ou humeurs.
Voici un exemple:
Lorsque l’on mange un aliment très piquant, dès l’instant où on le met en bouche, la salive et les papilles gustatives sont mises en contact avec la saveur «Katu» (piquant). L’effet est immédiat: perception puissante et envahissante de la force des épices, sensation de chaleur, voire même de brûlure dans la bouche, les joues deviennent rouges et chaudes, le corps se met à transpirer. Le Dosha Pitta vient d’être exacerbé (augmenté) par cette saveur forte: l’équilibre des trois Doshas s’est temporairement modifié. Cette instantanéité montre le pouvoir de la saveur sur l’organisme physique (chaleur, rougeur, transpiration) et psychique (sensation de paroxysme, sentiment passionné).
Rasa est en lien total et profond avec Prana, l’énergie de vie. Pour expliquer ce lien entre Prana et Rasa, voici un autre exemple concret, démontrant l’importance de ce qui se passe au simple contact de la nourriture dans la bouche :
Imaginons que vous veniez de gravir une longue chaîne montagneuse. Arrivé à son sommet, vous êtes épuisé et affamé. Vous vous écroulez et il vous semble impossible de faire un pas de plus, sans vous être auparavant restauré. Une bonne âme vous apporte un peu d’eau, quelques fruits secs et des noix. Dès l’instant où vous portez ces aliments en bouche, dès que vous croquez dedans, ressentez et mélangez les saveurs en bouche… vous ressentez l’afflux d’une nouvelle vigueur et tout le Prana dont vous aviez besoin. Il y a une profonde satisfaction et vous reprenez des couleurs.
Mais pourtant, que s’est-il passé concrètement? Vous avez mis des aliments en bouche, vous les goûtez… mais vous n’avez encore rien digéré, ni assimilé de nutriments sur le plan physique. Pourtant, quelque chose s’est déjà produit sur le plan énergétique. On dit que les saveurs agissent directement sur Prana et sur son véhicule, le système nerveux. En bouche, le Prana des aliments est capté et diffusé. Son impulsion réveille Agni, le feu digestif, en stimulant la sécrétion des sucs gastriques appropriés, selon les saveurs perçues.
Ainsi, la digestion commence pleinement en bouche. C’est pourquoi ce passage ne doit pas être négligé. Le fait de bien savourer en bouche et de mâcher contribue à percevoir et à extraire le Prana de la nourriture, tout en facilitant le travail digestif optimal. Cela contribue pleinement à développer le «manger en conscience».
Approfondir les six saveurs
Comme tout le reste de la création, chacun des six goûts ou Rasa est constitué des cinq éléments. Chaque Rasa contient deux éléments dominants. Ceci permet de déterminer l’action de chaque Rasa sur les trois Doshas ou constitutions ayurvédiques, sachant que :
- Vata est la constitution avec dominante Ether et Air
- Pitta est la constitution avec dominante Feu et Eau
- Kapha est la constitution avec dominante Eau et Terre
Rasa | Goût | Eléments | Apaise | Augmente |
Tikta | Amer | Air et Ether | Pitta, Kapha | Vata |
Katu | Piquant | Air et Feu | Kapha | Vata, Pitta |
Lavana | Salé | Feu et Eau | Vata | Pitta, Kapha |
Madhura | Doux | Eau et Terre | Vata, Pitta | Kapha |
Amla | Acide | Terre et Feu | Vata | Pitta, Kapha |
Kashya | Astringent | Terre et Air | Pitta, Kapha | Vata |
Ainsi, par exemple, si l’on est de constitution Vata, on va privilégier dans ses repas les trois saveurs qui apaisent Vata, c’est-à-dire doux, acide et salé, sans omettre totalement les autres saveurs ; tout est question de dosage. Si l’on veut apaiser Pitta, on mettra l’accent sur les saveurs doux, amer et astringent.
Si c’est Kapha qui doit être apaisé, ce sera les saveurs piquant, amer et astringent qui seront mises à l’honneur. Un repas équilibré comprend toujours les six saveurs. Lorsque toutes sont présentes, les sens sont comblés et l’on ressent une satisfaction agréable après le repas.
Il est important de retenir qu’en fait, chaque aliment contient les six saveurs… mais une, deux ou plus sont prédominantes. Par exemple, la carotte est douce, mais aussi un peu piquante… « Doux » ne veut pas dire « sucré ». Les sucres lents, comme les céréales, sont eux aussi doux. Le « doux » est la saveur la plus présente dans notre alimentation.
Voici une liste non exhaustive d’aliments en regard des six saveurs :
Tikta, les aliments amers
Dent-de-lion, salade, persil, bettes, artichaut, courgette, aubergine, concombre, ortie, curcuma, fenugrec, coriandre, noix de muscade, café, thé, cacao, …
Katu, les aliments piquants
Oignon cru, ail, radis, raifort, poireau, chou, cresson, roquette, piment, poivre, moutarde, gingembre, alcool, poivre noir, noix de muscade, menthe poivrée, …
Lavana, les aliments salés
Sel, algues, bettes, céleri, aliments préparés salés, …
Madhura, les aliments doux
Fruits sucrés (raisin, banane, figue, poire, mangue, dattes, …), fruits secs et oléagineux, miel, sucres, légumes doux (betterave rouge, patate douce, panais, potimarron, carotte, petits pois, châtaigne, pomme-de-terre, oignon cuit, fenouil, …), céréales (riz, blé, avoine, …), lait, beurre, ghee, cannelle, …
Amla, les aliments acides
Fruits acides (orange, citron, pomme acide, pamplemousse, fraises, framboises, ananas, grenade, …), tomate, épinards, oseille, aliments fermentés : vinaigre et aliments conservés au vinaigre (moutarde, choucroute, cornichons, …), yogourt, lait caillé, …
Kashya, les aliments astringents
Fruits pas mûrs (comme la banane, par exemple), pomme, légumineuses (mung dal, lentilles, pois chiche, …), tofu, certains légumes (pousses d’alfalfa, pomme de terre, topinambour, choux, …), sarrasin, kaki, prunelle, coing, grenade, canneberge, …
Effets psychiques des saveurs
Les saveurs sont liées aux émotions… et de fait, « saveur » et « émotion » peuvent toutes deux se dire « Rasa » en Sanskrit. On dit même qu’une émotion particulière tend à engendrer son goût correspondant dans le corps. A l’inverse, la consommation de certains aliments, et donc de leurs saveurs, tend à susciter certaines émotions…
Tikta, les aliments amers
« Le goût amer est associé à l’insatisfaction, qui favorise le désir de changement. Une déception amère dissipe l’illusion et confronte à la réalité. En stimulant le désir de changement, ce goût atténue le contentement de soi du Kapha, mais utilisé en excès, il accroît Vata, car l’insatisfaction et le changement permanent amplifient le sentiment d’insécurité et d’anxiété. » ii
Katu, les aliments piquants
« … Le goût piquant est associé à l’extraversion, à la tendance à l’excitation et à la stimulation, et particulièrement à l’envie d’intensité, dont l’excès peut déboucher sur l’irritabilité, l’impatience et la colère, finissant par l’épuisement. » ii Les personnes au Pitta élevé sont attirées par cette saveur qu’elles doivent pourtant éviter car le « piquant » est « susceptible de surchauffer le corps et le mental. Le goût piquant soulage Kapha en intensifiant la motivation et apaise temporairement Vata en fortifiant l’expression personnelle. A la longue, ce goût accroît Vata en sur-stimulant et en dispersant l’énergie. Il peut accroître la tendance à l’agitation, à l’anxiété et à l’insomnie chez les types Vata, les laissant épuisés. » ii
Lavana, les aliments salés
On parle du « sel de la vie ». Ainsi, « le goût salé est associé à l’amour pour la vie, qui intensifie tous les appétits. Il peut avoir un effet apaisant et ancrant, atténuant la tendance à l’anxiété, aux spasmes et aux crampes, ce qui pourrait le rendre utile pour Vata. […] L’abus de sel conduit à l’hédonisme, qui distrait le mental et l’affaiblit. Trop de sel est censé étendre le contentement de soi et les autres attributs de Kapha. Il accroît aussi le feu de la colère du Pitta… » ii
Madhura, les aliments doux
Sur le plan psychique, la saveur douce réconforte, elle est nourrissante, apaisante. C’est la saveur par excellence de Krishna, qui est une incarnation de l’Amour. Trop de sucre, par contre, apporte le contentement de soi, la léthargie et l’inertie chez Kapha. La saveur douce apaise la colère de Pitta et l’anxiété de Vata.
Amla, les aliments acides
La saveur acide est en lien avec le désir. Elle appelle l’envie « Kapha » d’avoir plus encore… de nourritures, de biens, etc. Elle peut donc susciter, selon le tempérament de chacun, l’envie, la jalousie, la désapprobation, la colère ou le ressentiment (Pitta). Enfin, on dit que « l’envie aide à diminuer Vata en concentrant le mental Vata et en motivant l’action cohérente ». ii
Kashya, les aliments astringents
« Le goût astringent a un effet purifiant et rafraîchissant, bon pour Pitta et Kapha. L’excès de saveur astringente est associé à l’introversion, incitant à reculer face à l’excitation et à la stimulation. La saveur astringente n’est pas bonne pour Vata. Trop d’introversion risque d’accroître l’insécurité, l’anxiété et la peur caractérisant les types Vata… ». ii
Les 3 Gunas, les qualités subtiles de la nourriture
Les trois Gunas sont trois autres principes clé de la philosophie du Samkhya. Ces qualités subtiles se manifestent en toute chose, en proportions variables, y compris dans la nourriture et les émotions. Les voici :
- Tamas: la force passive qui soutient (positif) ou qui obstrue (négatif)
- Rajas: la force active, de transformation (positif); la passion, l’agitation (négatif), les fluctuations émotionnelles
- Sattva: la force d’équilibre, neutre; la pureté, la lumière, l’harmonie (positif). Sattva est la qualité vers laquelle cherche à tendre le yogi.
Les aliments tamasiques sont vieux ou périmés, tournés ; ils ont mauvais goût. Ils comprennent les aliments fortement transformés, industrialisés, en boîtes, congelés, les combinaisons incompatibles d’aliments, … La viande, le poisson, l’alcool sont particulièrement tamasiques. Harish Johari iii explique qu’ils contiennent peu de Prana (énergie subtile) mais beaucoup de toxines. Les aliments tamasiques contribuent à l’état d’ignorance, d’inertie, à la paresse, au doute et au pessimisme. Ils augmentent les sentiments intérieurs (Rasas) de peur et de dégoût.
Les aliments rajasiques sont amers, salés, piquants, forts, secs. Ils comprennent les aliments frits ou trop cuits, fortement épicés et les aliments excitants. Ils sont liés au mouvement, à l’activité et à la douleur. Ils stimulent les passions, la sensualité, la sexualité, l’avidité, l’avarice, l’égotisme. Les aliments rajasiques augmentent plusieurs états intérieurs (ou Rasas) tels que l’amour, la joie, le courage, l’émerveillement, la tristesse et la colère.
Les aliments sattviques sont frais, juteux, légers, onctueux, nourrissants, doux et goûteux : fruits et légumes frais, lait et beurre frais, légumineuses, noix, graines, fines herbes et épices. Ils contribuent à l’élévation de la conscience, et équilibrent la psyché. Les aliments sattviques sont les meilleurs pour entretenir le sentiment (Rasa) de paix intérieure et stimuler les plus hautes expressions des autres sentiments humains. [ii]
Sages et chercheurs se nourrissent d’aliments sattviques uniquement. Les personnes engagées dans la vie en société ont besoin aussi de l’énergie rajasique : elles consommeront donc des aliments sattviques et rajasiques et elles éviteront les aliments tamasiques le plus possible.
Les différents sentiments ou états cités ici, à propos des trois Gunas, sont les neuf Rasas ou états intérieurs qui seront développés dans un prochain article.
Cette vue ayurvédique de l’alimentation invite à une prise de conscience et à une certaine humilité. Force est de constater que nous ne contrôlons pas entièrement nos états intérieurs. Nos choix de vie, notre environnement, notre routine quotidienne et nos habitudes alimentaires influent grandement sur nos pensées et nos émotions. Mais nous savons aussi qu’au quotidien nous pouvons orienter notre existence, en respectant le corps et l’esprit, en ne les soumettant pas inutilement à rude épreuve et en cultivant jour après jour certaines qualités auxquelles nous aspirons.
« L’effort qui mesure les aliments et l’exercice, qui, dans l’action, mesure le mouvement, qui mesure le sommeil et la veille, voilà ce qui constitue le yoga destructeur de la souffrance. » Bhagavad Gita 6.17 [iii] Michèle Lefèvre
[i] La cuisine végétarienne et ayurvédique de l’Inde, Catherine et Patrick Mandala, Le Courrier du Livre, 1996
[ii] Description des états intérieurs stimulés par les trois Gunas: d’après The Yoga of the Nine Emotions, Peter Marchand, Destinity Books, 2006 et le site internet de Peter Marchand : http://www.sanatansociety.com.
[iii] Traduction de Gisèle Siguier-Sauné, La voie de l’acte juste, Bhagavad-Gîtâ, Pocket, 2008
Le numéro 17 des Cahiers du Yoga est paru et peut être acquis sur le site internet www.cahiersduyoga.ch. Contact email: info@cahiersduyoga.ch. Cette revue trimestrielle de Yoga, éditée par l’école Yoga 7, est la revue francophone de Yoga Suisse (anciennement Fédération Suisse de Yoga). Elle permet d’approfondir la pratique et de mieux connaître l’esprit et la philosophie du Yoga. Il est possible de s’abonner à l’année.
Merci, Michèle.
Un article très clair, qui permet de mieux cerner certains aspects de la vision ayurvédique, et notamment l’idée d’interactions entre plusieurs niveaux, pour former une sorte de maillage (goût/sens et émotions; saveurs et gunas, et j’imagine aussi, même si cela sort un peu de l’article et a je pense déjà été abordé ailleurs sur votre blog, également le lien entre gunas et constitutions).
Pour ce qui est de l’effet immédiat des noix mangées après l’effort de l’escalade de la montagne, je suis bien incapable de vérifier par expérience personnelle si, comme semble l’affirmer la vision ayurvédique par votre clavier, « les saveurs agissent directement sur Prana et sur son véhicule, le système nerveux ». Mais je suis prête à en envisager l’hypothèse!
Pourtant ceci me fait aussi penser à cette étrange expérience que j’ai faite récemment lors d’un stage où on m’a fait visualiser la dégustation de mon fruit préféré et où j’ai réellement salivé, ma bouche réagissant exactement comme quand je mange réellement ce fruit!
Peut-on dès lors imaginer que, pour revenir à l’exemple de la personne épuisée par la marche en montagne, son mental (même inconsciemment) ait devancé l’effet qu’aura la digestion parce qu’il le connaît déjà (du fait que la personne a déjà mangé et ressenti un regain d’énergie auparavant)?
De plus, au moment où la personne a réellement les noix en bouche et en ressent donc le goût, le contact, sa crainte (inconsciente probablement) de ne pas arriver à temps à trouver de quoi manger alors qu’elle sentait qu’il était urgent qu’elle s’alimente, disparaît. En d’autres termes, la couche mentale (« il faut absolument que je mange quelque chose » « pourvu que quelqu’un ici ait quelque chose à me donner ») qui s’était ajoutée à la sensation de faim et/ou de faiblesse, s’efface. Or, comme tout ce qui s’ajoute à ce niveau dans notre esprit (commentaires, autocritiques, lamentations, etc) cette crainte lui pompait beaucoup d’énergie. Voir la nourriture disponible soulage déjà un peu, mais l’avoir en bouche me semble encore plus radical, efficace: là, il n’est plus question d’éventuellement encore devoir la partager, personne ne devrait parvenir à nous la « piquer » à la dernière seconde et elle ne risque plus de tomber et se souiller avant qu’on ait pu la manger— oui, oui, nous sommes aussi très « bruts », premiers », animaux » , en plus du reste).
Peut-être ces choses se combinent-elles :
** »les saveurs agissent directement sur Prana et sur son véhicule, le système nerveux »
**nous sommes rassurés quand nous avons la nourriture réellement, physiquement en bouche, ce qui nous libère d’une tension et d’une crainte très énergivores
**et dès que notre bouche perçoit les aliments, notre mental commence à diffuser en nous la sensation de bien-être et de force retrouvée qui nous viendra physiquement (bio-chimiquement) plus tard de la digestion. Un peu comme pour l’effet réellement ressenti d’un placebo (par un processus que les scientifiques commencent sagement à ne plus tourner en dérision)
Bon, je m’en vais goûter, en le mâchant longuement, un bout de tofou nature, parce que je n’aurais jamais pensé à attribuer une qualité d’astringence à cet aliment. Au thé bien par contre (surtout certain noirs indiens). Ah, ces étiquettes et classifications! Nous les humains, quand même!
Encore merci pour ce bel article clair et fouillé, Michèle, ainsi que pour la générosité avec laquelle vous y donnez accès alors qu’il a au départ été rédigé pour une revue. Bien sûr, il peut donner envie de … goûter le reste du numéro
Sibylle
Merci Sibylle pour le partage de vos réflexions.
Il n’y a pas de vérité absolue, on le sait. Mais il y a des éclairages, des points de vue…
Les « Darshana » sont les « points de vue » sur les questions philosophiques et spirituelles, dans la tradition indienne. Et j’aime bien cette notion d’accueil, tout point de vue qui se tient méritant d’être partagé. Dans la dualité, tout est relatif et les points de vues ont chacun leur intérêt.
Tout cela pour dire encore une fois que j’apprécie vos partages, qui mettent souvent en regard les traditions yogiques et ce qui vient de chez nous, ou tout simplement de vos observations.
A propos de ce qui se passe lorsque nous mettons quelque chose en bouche, je pense à l’homéopathie. On m’a expliqué que l’absorption des principes actifs homéopathiques se fait par voie perlinguale (muqueuses de la bouche).
Enfin, je pense au mot « palais » qui nomme cet endroit où nous dégustons les saveurs. C’est un bien joli mot pour ce lieu…
Voilà, je m’arrête déjà ici, car le travail m’appelle.
Meilleurs pensées,