Pendant ma formations à l’enseignement, j’avais reçu des photocopies de textes de Gérard Blitz s’exprimant sur les Yoga Sutra de Patanjali. Ici, il livre une réflexion.
« La première chose que les textes nous apprennent est que le yoga concerne un état. Le yoga ne concerne pas une forme: on ne peut que le vivre, l’expérimenter. On ne peut pas y réfléchir, on ne peut pas y penser. Un état ne se réfléchit pas. Chaque individu fait une expérience différente, à partir de lui-même.
Le yoga n’est pas une chose que l’on peut prendre, que l’on peut obtenir ; on peut seulement créer les conditions pour le recevoir. La pratique du hatha-yoga consiste à enlever les obstacles pour que l’état de yoga, l’état d’équilibre, puisse se produire spontanément. Le rôle du hatha yoga, de sa pratique, est d’apprivoiser le mental, pour le stabiliser.
Lorsque le mental est stabilisé, l’état de yoga se produit.
Notre corps fonctionne en grande partie de manière somme toute relativement autonome à la volonté. Son rythme est extrêmement lent. Nous n’avons aucun rôle à jouer dans son fonctionnement.
Le fonctionnement du mental, lui, a pour point de départ les sens et la mémoire. Ce que nous voyons, ce que nous entendons, réveille la mémoire, qui se projette alors dans la pensée et dans l’action. Ce fonctionnement de la pensée est basé sur des automatismes qui prennent leur source dans le passé et qui sont d’une grande rapidité.
Il y a donc disharmonie entre le fonctionnement mental et celui du corps. Cette disharmonie est à la base de ce que nous nommons aujourd’hui les problèmes psychosomatiques.
Les Yoga Sutra de Patanjali disent : pour que l’état d’équilibre se produise, il faut intégrer le mental en le délivrant de son mouvement de dispersion. La conscience mentale est superficielle. Elle s’adapte à chaque situation. Elle est éphémère et disparaît pour se reconstituer à chaque instant sur un nouveau centre d’intérêt. »
« Lorsque Patanjali parle de stabiliser le mental, il entend le libérer de sa dépendance vis-à-vis des choses. Le mental est entraîné par les sens. Il est prisonnier des sens et est entraîné dans sa périphérie qui le déséquilibre, le déstabilise. Il s’agit de le libérer. De le rendre indépendant des événements extérieurs. Le yoga n’est pas un inhibant. Il ne conduit pas vers l’isolement. Au contraire, c’est un état d’affirmation. La liberté change tout. Lorsque le mental n’est plus entraîné, lorsque nous ne sommes plus dépendants des mécanismes, de la pensée, nous n’avons plus de difficulté à vivre. L’obstacle qu’est la dépendance du mental, disparaît.
Comment pouvons-nous faire pour arrêter ce mouvement de dispersion ? Nous vivons à partir de nos sens. La mémoire est réveillée par ce que nous voyons, par ce que nous entendons et de là surgit le film d’une pensée qui prend sa source dans le passé et bloque notre capacité de vivre sereinement. Notre relation au passé est une relation de mémoire. Avec le futur, i s’agit d’une projection. Mais vivre ne peut se faire que dans le présent. Le fait de rendre le mental stable, de l’intégrer, d’unifier le corps et le mental, est un bienfait qui change notre comportement.
Notre santé s’améliore alors, ainsi que notre intelligence. Notre ouverture sur le monde, notre disponibilité aux autres augmente.
Naît alors en nous une conscience plus profonde, une relation totale avec les choses. Le yoga est un état, ce n’est pas une technique, pas une forme.
Pour connaître l’état de yoga, il faut que le mental soit intégré à l’ensemble de nos fonctions, au rythme du corps. Comment obtenir ce résultat par la pratique du hatha yoga ? En fixant le mental : en le mettant en relation avec le corps…
Ceci est Asana. »
* Gérard Blitz (1912-1990), a été le fondateur du Club Méditerranée mais aussi un enseignant passionné du yoga. Il a par ailleurs contribué à son développement en Occident. En 1974, il est devenu secrétaire général de l’Union Européenne de Yoga. Il en est devenu ensuite le président jusqu’à sa mort en 1990.
Ce texte cite Gérard Blitz d’un écrit intitulé «Yoga et Sutra, De la relation des écritures avec notre pratique quotidienne».
je viens de lire votre texte sur le yoga , je pratique cette discipline depuis peu et j en suis ravie . Est ce qu on peut se procurer la boule en présentation sur cette page et sert elle a quelque chose de bien précis? je la trouve belle et surtout inspirante ? merci
Bonjour Joëlle,
Cette boule est en fait une bougie que nous avons reçu en cadeau. Nature et Découverte, je crois… mais c’était il y a plus de 10 ans!
Bonjour
Existe t il des enseignants qui suivent actuellement la voie de Gérard Blitz ?
Merci de votre réponse.
Bonjour Marie-Pierre,
Voici un lien à propos de Gérard Blitz et le yoga: http://site.ifry.free.fr/gerard-blitz.html. Françoise Mazet a été formée par lui.
Bonjour Michèle,
Après la lecture de ce texte qui me touche beaucoup, je voudrais vous faire part d’un témoignage. Je me suis déjà exprimé plusieurs fois sur votre site pour dire combien j’avais du mal à poursuivre une pratique régulière d’asana en fonction de mon état mental. Ayant une constitution vata prédominante, je ne suis pas souple. Plus que véritablement des douleurs, un terrain arthrosique avec des raideurs et des contractures me caractérise. Parallèlement au yoga, j’ai un entrainement quotidien et assidu de méditation qui m’aide à voir clairement mes blocages et les éliminer. Régulièrement, après quelques mois de pratique de postures, un empêchement s’installe contre lequel je n’ai aucun pouvoir. Il peut durer presque un an. Il n’y a rien d’autre à faire que d’accueillir. J’accueil donc !
Il y a à peu près deux semaines, j’élimine un fantôme. Le discours indien le nomme, je suppose, samskara. C’est une expérience éprouvante et douloureuse, autant physiquement que psychiquement. Passée la phase aiguë, elle est cependant libératrice et créatrice. Voilà donc où je veux en venir. L’envie de reprendre les postures se réveil à nouveau. Je ne suis pas un champion des asanas, loin de là. J’ai 68 ans et pratique quelques asanas de base adaptées à mon âge. Cette fois-ci, je comprends quelque chose de très important. Son application change radicalement ma manière de gérer chaque posture à mon plus grand bénéfice. Une constitution vata est caractérisée par des stagnations et des blocages. Aussi, je ne dois jamais rester dans une posture quand elle est terminée. Je dois immédiatement l’arrêter, faire savasana et reprendre ensuite. Cette attitude permet de garder dans mon corps la mémoire d’un mouvement. Il mobilise mes stagnations, même après la fin d’une posture et même en savasana. Si je reste, ne fusse que quelques secondes, immobile, je créer et entretient une stase qui aggrave ma constitution vata. J’imagine qu’après avoir liquidé toutes mes raideurs, je pourrais garder une posture un certain temps. Dans ma prochaine vie peut-être !
Tout ça pour dire qu’on a beau avoir un savoir intellectuel, tant qu’on ne l’a pas vécu dans son corps après une mutation, on ne peut pas l’intégrer.
C’est une des innombrables claques d’humilité que mon corps me renvoie depuis que j’apprends à lui faire confiance.
Bonne journée ensoleillée à tous.
Bonjour Robert,
Pour Vata il est essentiel de cultiver le mouvement, de toutes les articulations.
Mettre de l’immobilité sur des raideurs peut contribuer à les augmenter, jusqu’à installer des « sur-tensions » (du moins c’est comme cela que je les appelle). Le mouvement doux et les postures tenues peu de temps permettent de les éviter et de retrouver de la fluidité.
La méditation complète le type de pratique que vous mettez intuitivement en place.
Merci pour ce joli partage.
Être à l’écoute et ressentir, trouver ce qui est juste pour soi, dans la pratique yogique, … c’est très ayurvédique…