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La parabole des deux oiseaux est une explication imagée et étonnante de la divinité en chacun, selon la philosophie du Vedanta.
inseparables
Cette histoire est extraite de la Mundaka Upanishad, Upanishad du « crâne rasé ». Voici deux interprétations à ce nom surprenant: soit l’Upanishad s’adresse aux renonçants (Sannyasins), qui ont été rasés; soit celui qui comprend l’Upanishad est « rasé », libéré de l’erreur ou de l’ignorance qui consiste à croire que la réalité tangible est la Réalité Suprême.

La parabole des deux oiseaux inséparables

III-i-1: Deux oiseaux, compagnons inséparables et portant le même nom, sont perchés sur le même arbre. L’un d’eux mange les doux fruits du figuier, tandis que l’autre, témoin, le contemple, sans manger.

Les deux oiseaux ont le même nom, car en fait, ils ne sont qu’un:

  • L’un des oiseaux représente l’âme individuelle. Il vit sa vie comme tout un chacun, dans le niveau de conscience habituel. Il se nourrit en mangeant des fruits… qui sont les fruits de son Karma antérieur: ils représentent les conséquences de ses actions passées.
    L’action de manger les fruits, c’est entrer dans le cycle des causes et des effets. Les nouvelles actions engendreront de nouvelles conséquences ou Karmas… qui seront elles-mêmes les causes des expériences futures.

    • Voici notre oiseau totalement lié à ses Karmas: il est, selon la doctrine hindoue, prisonnier du Samsara, la Roue des Morts et des Renaissances. Il lui faudra renaître encore et toujours, sous de nouvelles formes, afin d’expérimenter les conséquences de ses actions précédentes … lesquelles engendreront toujours de nouvelles conséquences!
    • Notre premier oiseau connaît le besoin d’agir, la faim d’AVOIR et d’expérimenter les plaisirs du monde que nous connaissons. C’est ainsi que se manifeste sa recherche du bonheur.
  • L’autre oiseau le regarde: il est la conscience universelle ou l’âme suprême du premier oiseau. Il ne se nourrit pas de fruits, car il est au-delà des jouissances du monde et de la loi du Karma (loi de cause à effet).
    • Le deuxième oiseau est donc libéré du cycle éternel des réincarnations. Il est aussi libéré des désirs pour ce monde ainsi que des actions qui portent des fruits (Karmas). C’est pourquoi, il ne ressent pas le besoin de manger de fruit.
    • Le deuxième oiseau est apaisé, repu, sans faim, car il porte en lui l’entière satisfaction d’ÊTRE. Sa nature profonde est félicité. Cette félicité est supérieure à tous les meilleurs fruits de ce monde. Il n’a donc pas le besoin, ni l’envie de rechercher le bonheur à l’extérieur de lui-même.

III-i-2: Sur le même arbre (que l’âme suprême), l’âme trompée (le Jiva, l’âme individuelle) est plongée (dans les relations de ce monde), pour ainsi dire captive; et elle se lamente, accablée des soucis dus à son impuissance. Dès lors qu’elle aperçoit son compagnon, le Seigneur adorable dans toute Sa gloire, elle est subitement libérée (de toutes les relations de ce monde) et de toute souffrance.

Rechercher le bonheur durable dans le monde est chose impossible, car ici, tout change et avec le temps, tout passe. Le changement génère en nous la souffrance. Selon la philosophie de l’Upanishad (et du Vedanta), mettre ses espoirs sur le plan terrestre est donc une illusion.
L’oiseau mangeur de fruit n’avait pas vu son compagnon jusque là. Une fois qu’il le voit lui, son âme, identique à la conscience absolue et universelle, il se retrouve subitement transformé. Car il comprend la futilité de ses désirs terrestres. Il est libéré instantanément par cette connaissance vraie, dont il vient de faire l’expérience.

III-i-3: Lorsque le contemplateur aperçoit l’auteur couleur d’or du monde, le Seigneur, l’esprit, la source de Brahman, alors, en vertu de son illumination, il se défait du mérite comme du démérite, devient sans souillure, et atteint à la parfaite équanimité.

Ce compagnon inséparable qu’il n’avait pas vu jusque là est l’auteur du monde, et dire qu’il avait toujours été si près de lui…
Prendre conscience de la présence de cet inséparable qu’est le « Soi », sa vraie nature, suffit à notre oiseau pour « se défaire du mérite comme du démérite ». Que sont le mérite et le démérite? Deux degrés opposés sur l’échelle de la méritance.
Mérite, démérite, … ce sont des qualificatifs propres de la dualité du monde physique et rationnel. Notre mental aime opposer le grand au petit, le chaud au froid, le mien et le tien. Or, dans l’absolu, ces concepts ne sont que des qualificatifs de la taille, de la température, du Soi, avec un grand « s » …
La Nature manifestée est dualité. Elle était jusque là la référence de notre oiseau. Mais, notre inséparable, par la vision de son compagnon, le Soi, se défait de la dualité, des opposés, de la notion de mien et de tien.
Pour que l’Unité, le Brahman, lui devienne compréhensible, il a fallu à notre oiseau dépasser le fonctionnement duel de son mental rationnel et se délester de toutes ses références au monde manifesté. Car l’expérience du divin est transcendantale: elle relève d’un état de conscience supérieur à tous ceux que nous avons l’habitude d’expérimenter…

Sources des traductions de l’Upanishad:
Texte de l’Upanishad: http://www.les-108-upanishads.ch/mundaka.html. Traduction et annotations de M. Buttex.
J’ai préféré la traduction de quelques vers du livre Les Upanishad Majeures: Les Upanishads majeures, Collection Sagesse et spiritualité, Guy Rachet, Éditions SandSource.
Photo: [[File:Agapornis.personatus-01-Castolovice.jpg|Agapornis.personatus-01-Castolovice]] By Mistvan (Own work) [CC-BY-SA-3.0 (www.creativecommons.org/licenses/by-sa/3.0) or GFDL (www.gnu.org/copyleft/fdl.html)], via Wikimedia Commons, via Wikimedia Commons. Merci pour le partage gratuit!

Michèle Lefèvre Granclément

Le Yoga m'accompagne au quotidien depuis longtemps et je le transmets depuis 1991. La méditation et la pratique des différents aspects du Yoga Intégral, les rencontres sur le chemin, et l'étude des textes sacrés / philosophiques, sont mes sources d’inspiration. L'amour de la Nature et l'approche holistique de la santé, depuis l'enfance, m'ont conduite à mettre en pratique conjointement les sagesses de l'Ayurveda et du Yoga, puis à étudier leurs synergies. La Joie et l'évidence de la transmission de ces voies sœurs découlent de cette expérience de Vie.

5 Comments

  • Sandrine dit :

    Om
    bonjour Michèle,
    Magnifique passage ! Belle lecture à faire partager sans modération …..
    Merci encore.
    bonne journée
    Shanti Shanti Shanti
    Sandrine

  • Michele dit :

    Quelques commentaires plus anciens:
    roger a dit: Ouvert 11 janvier 2009
    une des explications les plus compréhensibles des notions
    bouddhistes.merci
    ***
    Perron a dit: Ouvert 28 mars 2009
    Bonjour Roger,
    Je cherche le nom d’un livre très petit .
    Il contenait l’histoire des oiseaux :
    Deux oiseaux, compagnons inséparables et portant le même nom, sont perchés sur le même arbre. L’un d’eux mange les doux fruits du figuier, tandis que l’autre, témoin, le contemple, sans manger…
    Il y aune quinzaine d’année, au moment où j’ai trouvé ce livre (des clients l’avaient oublié dans une chambre d’hôtel), je n’avais pas compris le sens de cette histoire. Pourtant ce livre m’a ouvert la voie. J’ai déménagé depuis, une bonne dizaine de fois et j’aimerai retrouver ce livre pour le lire différemment. Le titre devait être : « Je suis », ou « Qui suis-je » ou « Etre » en tous cas un très court titre.
    J’ai cherché dans les livres de » Jean Klein », de « Jean Herbert », sur le net, mais n’ai pas encore retrouvé le titre.
    Pourriez-vous m’aider?
    Quelle que soit votre réponse, je vous remercie de m’avoir lu!
    Bien cordialement. Heimaey, une chercheuse (s’il se peut) de la non dualité.
    ***
    Michèle a dit: Ouvert 30 mars 2009
    Bonjour Heimaey,
    Je ne connais pas le livre que vous recherchez, mais la belle parabole des deux oiseaux est célèbre.
    On la retrouve dans le texte cité en source de l’article ci-dessus. Les citations de la Mundaka Upanishad y sont plus complètes. Vous y trouverez peut-être votre inspiration:
    http://www.les-108-upanishads.ch/mundaka.html.
    Vous aviez probablement trouvé un commentaire inspirant de cette même Upanishad.
    Amicalement
    Michèle

  • zi dit :

    Bonjour Heimaey,
    Le livre pourrait être « Tu es Cela » d’Arnaud Desjardins.

  • Robert dit :

    Bonsoir Michèle,
    J’ai cliqué sur le lien des 108-upanishads mais Safari ne trouve pas le serveur.
    A propos des deux oiseaux…
    Quand nous méditons, nous sommes attentionnés à tout ce qui se passe à l’intérieur du corps. Et il s’en passe des choses ! Je vous le fait light.
    « Trois » se partagent le temps de méditation.
    D’abord, celui qui est là, immobile, central, observant les « deux autres ».
    Le premier autre est constitué de toutes les images mentales et impressions sensorielles qui arrivent, persistent et s’en vont.
    Le second autre est la construction psychique, psychologique, qui accompagne obligatoirement toute cette observation ; cette construction est le lien, le sens qui identifie le premier autre à notre histoire personnelle et familiale ; je l’appelle l' »habillage ».
    Ces « deux autres » ne peuvent pas ne pas émerger en même temps.
    La méditation, c’est uniquement être celui qui est immobile, attentionné au premier autre. Il faut absolument se détacher de l’habillage du second autre pour porter son attention uniquement au premier. Dit ainsi, ça n’a l’air de rien. Mais regardons de plus près où s’enracinent les « deux autres ».
    Les images mentales et impressions sensorielles du premier autre, directement-apparentes et cachées-puis-dévoilées, n’ont pas été créées dans l’intervalle de la vie, elles y sont uniquement incarnées. Elles existaient avant la conception et persisteront après la mort. Elles forment le lieu commun entre les deux intervalles de la vie et de la mort.
    L’habillage du second autre seulement a été créé au moment de l’incarnation, par le contact avec l’histoire familiale.
    Porter son attention au premier autre est une manière de le découpler du second, d’entrer dans cette dimension de la conscience située avant la conception et après la mort ; c’est l’étape précédent la lumière-d’en-haut, la non-vie-non-mort. Il faut d’abord que l’habillage du second autre meurt dans le premier autre, pour que la lumière-d’en-haut fasse directement mourir ce premier.
    En fait, c’est la « folle immobile » seule qui fait tout le travail ; mais il se fait le plus souvent en deux étapes. Essayez de refuser toute « interprétation » de vos images mentales et impressions sensorielles, vous verrez comme c’est difficile.
    Ca, c’est à cause de ceci, parce que cela, pour cette raison… moi-je-sais.
    L’habillage dévore le monde ! L’immobile le restaure. Ils sont comme deux oiseaux.

  • Anne Marie Milleliri dit :

    C’est une amie qui m’a dit de lire la parabole de l’oiseau sur l’arbre vu ce qui se projette dans nos deux vies . Moi qui xherchais à lire les Upanishads : MERCI .
    Je comprends qu’elle relise de temps en temps cette parabole 😊 car d’un grand enseignement .

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