Pourquoi cette posture porte-elle ce nom? Une des explications est que la posture prise ressemble à une tête de vache. Voici donc une interprétation qui va dans ce sens: les pieds forment les cornes et les oreilles et les genoux le mufle, la preuve en image deux trois photos plus bas…
Gomukhasana, vue de haut:
Vue sous un autre angle, le nom de la posture …
… prend tout son sens!
Travail spécifique et aménagements de la posture
La position de l’assise engage un travail physique et énergétique intéressant sur la région des hanches. Veiller à rester bien droit en maintenant les deux fesses au sol. Le talon de la jambe qui est au-dessous a tendance à se positionner sous la fesse opposée. Il suffit de le dégager un peu vers l’extérieur pour rétablir. La souplesse des hanches se manifeste par la descente des genoux bien superposés l’un sur l’autre. Mais avant cela, un travail lent et patient sera bénéfique: il suffit d’accepter la position des genoux et de plonger dans l’asana et son souffle.
Dans la posture de la tête de vache, les mains sont «crochetées» l’une à l’autre, derrière le dos. Gomukhasana travaille donc aussi la souplesse des bras et des épaules. Maintenir cette souplesse évite nombre de douleurs dans le dos car elle maintient un plus grande liberté de mouvements. Attention: Cette position ne doit pas nécessiter d’effort, mais plutôt un soulagement.
En phase d’apprentissage, on peut séparer le travail du haut du corps et celui du bas du corps, pour plus d’aisance.
Exemple: Gomukhasana – mains aux pieds, permet d’expérimenter une belle circulation d’énergie…
S’il est difficile d’attraper les mains, s’aider d’une ceinture ou d’une sangle.
Si l’assise décrite dans la posture classique ne convient pas, on peut tout à fait pratiquer la posture en s’asseyant sur les talons (comme sur la photo ci-dessous), ou même sur une chaise.
Technique de Gomukhasana
- Assis sur les talons, venir ensuite s’asseoir à gauche des talons.
- Passer la jambe droite par-dessus la gauche, ramener le pied vers l’arrière et descendre le genou droit juste au-dessus du genou gauche. Les pieds sont placés de façon symétrique.
Veiller à rester assis sur les deux fessiers. Être attentif aux articulations des genoux et des hanches.
La posture ne doit pas créer de gêne. Garder le haut du corps bien droit et la poitrine bien dégagée. Ressentir équilibre et confort en respirant lentement 2-3 fois dans cette assise.
- Puis, plier le bras droit et poser la main droite entre les omoplates. Au besoin, pousser le coude droit à l’aide de la main gauche, pour mieux faire monter la main.
- Lever le bras gauche au-dessus de la tête et plier le coude jusqu’à ce que les doigts de la main gauche atteignent ceux de la main droite.
Reculer le coude gauche, en le rapprochant derrière la tête de la ligne du centre et relever la poitrine. - Crocheter ensemble les doigts des deux mains. En cas d’extrême aisance dans la posture, attraper les poignets.
NB: Certaines écoles proposent d’inverser la position des bras: si c’est la jambe droite qui est dessus, c’est le bras droit qui est au-dessus de la tête. J’ai appris les deux et cela m’a laissée un peu perplexe. Si je vous propose la formule ci-dessus, c’est simplement parce que la posture du bas du corps déstabilise le corps dans un sens et celle des bras le rétablit en mettant un contrainte sur le côté opposé.
A l’occasion je proposerai une variante où l’on ouvre et étire un côté. Dans ce cas, il est préférable de ne pas rétablir (si c’est la jambe droite qui est dessus, on monte le bras droit). Donc, finalement, les deux postures ont leur intérêt.
Pratiquer avec une sangle
En cas de pratique de l’exercice à l’aide d’une sangle ou d’une ceinture, il est possible d’exercer les articulations des épaules:
Monter et descendre doucement les bras et la sangle tendue, pour assouplir les articulations. On peut ainsi faire travailler les bras, jusqu’à ce qu’on parvienne à les faire se mouvoir le long du dos: en les glissant vers le haut, puis vers le bas, le long de la colonne vertébrale
Progressivement, on parvient ainsi à rapprocher les deux mains.
Gomukhasana, avec une sangle, exercice pour les bras et les épaules
Faire attention de ne pas pencher la tête en avant. Respirer plusieurs fois dans la posture.
Puis défaire doucement les bras, puis les jambes.
Faire ensuite l’autre côté, en inversant toutes les indications… et éviter les nœuds! 😉
Contre-posture
Posture de l’Enfant (Balasana ou Shashankasana), en allongeant un moment les bras devant soi, avant de les déposer le long du corps.
Respiration et Mudras
A adopter en fonction de votre vécu de la posture. En général, il est plus facile d’intégrer l’ensemble de ces éléments progressivement:
- Respiration Ujjayi ou normale 1:2 (expir 2x plus long que l’inspir) ou avec rétention poumons pleins 1:4:2 (1 temps d’inspir, 4 de rétention, 2 d’expir) si vous êtes très à l’aise. Ne pas forcer
- Mulabandha (contraction de sphincter anal avec remontée du plancher pelvien)
- Shambhavi Mudra
- Visualisation proposée par Christinan Tikhomiroff: expansion du souffle et du Prana (énergie) dans Anahatha (le chakra du cœur) durant l’inspiration (et la rétention les poumons pleins). Contraction du souffle et de l’énergie dans un point au milieu du cœur durant l’expiration.
- Bija: la répétition mentale du OM peut compléter la pratique.
Effets
- Cette posture assouplit les hanches, les genoux. L’énergie circule mieux dans le bassin
- Elle délie la région des épaules, ainsi que les bras
- Ouverture de la poitrine, prise de conscience de la zone respiratoire
- Action sur les Nadis principaux (canaux subtils) Ida (gauche) et Pingala (droite)
- Activation toute particulière d’Anahata Chakra, le Chakra du cœur
- Développe l’écoute intérieure, la conscience des possibilités du corps, ainsi qu’une belle qualité d’attention et de concentration.
Symbolique
Dans toutes les civilisations, la vache est le symbole de la terre nourricière, de la maternité, de la fertilité et de l’abondance.
Dans l’Inde védique, il y a 3000 ans déjà, la vache occupait dans la vie quotidienne une place aussi importante que celle du feu sacré et du poète brahmane. De tous les animaux domestiques, la vache était le plus utile et le plus attachant. Étant donné sa docilité, les brahmanes pouvaient facilement s’en occuper.
Tous ses produits étaient d’une grande utilité: lait, lait caillé (yaourt), beurre, ghee (beurre clarifié), bouse (pour le feu et les constructions) et même l’urine qui servait de remède contre certaines maladies. La vache devint recherchée, digne d’être possédée par les brahmanes. Dans l’hindouisme, c’est la vache qui, en premier lieu, représente la vie qu’il ne faut détruire, ni par le sacrifice, ni par l’abattage. A la vache sont liées les idées de paix et d’harmonie: le bon roi «protège la vache et les brahmanes». [1]
Cette posture m’inspire une réflexion toute personnelle. Dans Gomukhasana, les membres sont tous liés. Comme la vache domestique (attachée sur le plan concret ou abstrait), le pratiquant de la posture se retrouve lié. Pour acquérir la maîtrise de l’Asana, il doit accepter cette contrainte, s’adapter, expérimenter la patience et découvrir l’espace intérieur de liberté. C’est en développant avec douceur la docilité de son corps, qu’il va parvenir à améliorer la posture, puis à la maintenir sur la durée. Une fois confortablement installé, le temps n’est plus important, il est intériorisé, contemplatif et calme, … comme l’est la vache.
[1] Source principale pour la symbolique: http://www.pondichery.com/french/vaches_sacrees/vaches_sacrees.htm (page consultée en septembre 2007 et apparemment disparue aujourd’hui).
Cet article avait été publié précédemment le 12 septembre 2007. Aujourd’hui, je l’ai revu et complété pour cette nouvelle publication. Voici les commentaires concernant la première version:
Christophe a dit: Ouvert 13 septembre 2007
Bonjour Michèle,
Une variante que l’on pratique parfois en cours collectif est de poser les mains sur les pieds. Ainsi, la main droite est en contact avec le pied gauche et la main gauche avec le pied droite. Cette variante a pour effet d’équilibrer l’énergie positive et l’énergie négative.
C’est une variante très appaisante.
J’ai longtemps cherché pourquoi cette posture s’appelait la tête de vache, je n’avais pas pensé qu’il fallait regarder par le haut !!! Commequoitout est une question d’angle de vue !!!!
Bonne journée,
Christophe
***
Michèle a dit: Ouvert 13 septembre 2007
Bonjour Christophe,
J’aime aussi beaucoup la variante dont tu parles, c’est vrai qu’elle est très agréable et équilibrante.
Quant au nom de la posture, on me l’avait expliqué et je voulais bien y croire. L’expérience photographique m’a cependant surprise: la posture porte vraiment bien son nom…
Bonne journée
Michèle
***
Pascale a dit: Ouvert 21 juillet 2009
bonjour Christophe, bonjour Michèle,
tu dis, Christophe : « Une variante que l’on pratique parfois en cours collectif est de poser les mains sur les pieds. Ainsi, la main droite est en contact avec le pied gauche et la main gauche avec le pied droite. »
Cette variante tantrique est une âsana à part entière en natha-yoga et se nomme Gorakshâsana.
Goraksha était, selon l’histoire et les écoles, le 3ème siddah mythique natha, gardien du troupeau. Le 1er étant Adinatha, maître natha et le second Matsyendranath, seigneur des Poissons, le 1er disciple.
» Go » c’est la Vache
» Raksha » c’est le Gardien, celui qui garde la connaissance
Gorakshâsana est une aide aux problèmes lombaires, aux sciatiques et pour les femmes enceintes. Cette âsana libère et élimine toutes les crises.
C’est une pratique tonique au niveau des reins et du système endocrinien.
Elle incite l’individu à redresser son corps, ses énergies et son mental. Elle développe des côtés positifs pour la santé, de la puissance, de la force.
C’est une posture d’unité: elle fait monter les énergies de la base et trouver l’unité entre le bas et le haut, elle libère le souffle.
Gorakshâsana propose l’image du Linga : la position des jambes forme un triangle > sexe féminin et la colonne vertébrale qui monte à la verticale > sexe masculin
Le mantra natha est Ram à l’inspir et Ksham à l’expir.
Il est même mieux de crocheter les padangusthadara (les pouces des doigts de pieds) avec le pouce et l’index des mains que de poser les mains sur les pieds.
Cette âsana a deux variantes liées qui libèrent le granthi (noeud) de Anahata (coeur), stabilisent et purifient le souffle en équilibrant le travail de Ida et Pingala.
Voilà, j’avais envie de partager avec vous cette asana natha
Bonne journée
Namaste
Pascale
***
Christophe a dit: Ouvert 21 juillet 2009
Bonjour Pascale,
Merci pour ces précisions.
Je m’en souviendrai la prochaine fois que je pratiquerai Gorakshâsana.
Bon début de soirée,
Ici dans le nord, le tonnerre gronde !
Christophe
Répondre
Bonsoir, j’aime bien cette posture même si elle est difficile pour moi au niveau des épaules (vive les sangles! 🙂 ) et j’aimerais la faire régulièrement…
Par contre je ne sais pas trop où la placer dans la série que je pratique régulièrement, basée sur Rishikesh selon Van Lysebeth (entre parenthèse les postures que je ne pratique que quand j’ai le temps et/ou l’envie) :
Quelques postures des séries pawanmukta/Surya Namaskar/(Triangle)/Sarvangasana/(Halasana)/Matsyasana en contre-posture/Janu Sirsasana/(Paschimottanasana)/Sphynx (ou Cobra)/Ardha Shalabasana/(Shalabasana)/(Dhuranasana)/ébauche de Chakrasana/Matsyendrasana/Kapalasana selon AVL (je ne maîtrise pas encore Sirsasana- patience!) puis en utilisant le « feet-up » pour rester plus longtemps/(2-3 nauli)/shavasana/(nadhi sodhana) (je n’ai pas mis les relax intermédiaires et contre postures en feuille pliée etc).
Bonjour Lenaig,
Il n’y a pas de règle absolue pour le placement de Gomukhasana.
Si on le considère pour son action sur les hanches, il est bien de le joindre aux autres assises.
Si l’on considère l’action d’ouverture poitrine/épaules, on pourrait avoir envie de placer la posture au début d’une série d’extensions.
Ainsi, je proposerais de placer Gomukhasana entre Janu Sirsasana et le Sphinx ou le Cobra.
Namaste
Bon yoga
Michèle
PS: Je vois que le feet-up a fait des émules 😉
Merci!
Oui, le feet-up, c’est génial!
Bonjour Michèle, ce sont de précieux commentaires que je trouve avec cette analyse de Gomukhasana. Je suis dans la réalisation d’un ensemble dessiné de posture aux noms d’animaux. Je ne m’étends pas d’avantage ne sachant si vous lirait ce mail. Je voudrais pouvoir correspondre avec ceux dont l’expérience et le ressenti peuvent pointer l’essentiel de la posture. Est-ce une chose envisageable? Citer vos mots dans ce qui pourrait devenir une publication (en vous mentionnant) est possible aussi?
Merci de prendre le temps de me lire et me répondre
Bonjour Nathalie,
Joli projet… Dans la mesure de mes disponibilités, pourquoi pas… Ceci dit, en relation à cet article ou au contenu du blog, une citation est tout à fait possible, bien sûr.
En vous souhaitant une belle continuation,
Namaste!
Michèle
Merci Michèle d’avoir pris le temps de me répondre,
Mais avez-vous bien compris ma demande? Je dessine des postures au nom d’animal et souhaite avoir un commentaire de quelques mots par ceux qui les pratiquent avec assiduité depuis un certain nombre d’années, et en comprennent la particularité, ressentent ce qu’il faut en goûter.
Ce commentaire peut n’être que de quelques mots.
Accepteriez-vous de faire ce partage?
Dans l’éventualité d’une publication, votre nom est cité en annexe et si possible l’école à laquelle vous vous rattachez.
Par ailleurs, si vous avez une idée précise, un texte de référence expliquant l’importance de la place de l’animal dans les asanas, je serais heureuse que vous me les communiquiez.
J’habite à Ka Réunion mais me rends en métropole juillet-début août si vous pensiez qu’une rencontre soit possible…
Merci encore
Belle journée!
Nathalie
Bonjour Nathalie,
Joli projet. Merci pour cette proposition. Je vous réponds en direct par email.
Belle journée
Michèle
Bonjour,
J’aimerais savoir s’il est important de prendre cette posture (gomukhasana) de façon à avoir le bras et la jambe du même côté, car je la vois aussi à l’inverse…le bras plié en haut par ex gauche, et la jambe pliée par dessus l’autre sera la droite.
Merci de me donner une explication.
Bonjour (cadalbert),
Dans tous les enseignements que j’ai suivis, on m’a appris à monter le bras opposé par rapport à la jambe du dessus, de sorte à rééquilibrer la posture globale, dans son asymétrie.
Chez Ananda Balayogi (enseignement de Swami Gitananda de Pondichéry), j’ai vu qu’ils proposent de monter le bras du même côté. Cependant, ils demandent aussi de monter le regard vers le coude supérieur. La posture prend alors une direction totalement différente: c’est tout le côté qui est porté vers le haut, dans une sorte de spirale. Je trouve cette pratique intéressante, mais différente.
Bon yoga,
Michèle
Bonjour,
Je vois dans les cours que je prends des élèves faire la posture de Sucirandhrasana à la place de celle-ci. Les bienfaits sont-ils les mêmes ? on ouvre bien la hanche aussi d’un côté pendant que l’autre côté (genou plié) est ramené vers la poitrine.
en tous les cas j’aime beaucoup votre site. pas de surfait, des articles pro anatomies et prise de postures. cela fait du bien !
Bonjour Michèle,
Comment ça va ?
J’ai une question si tu veux bien. Est-on obligé de faire la salutation au soleil avant de faire les postures ? N’y a-t’il pas une manière moins rigide de pratiquer je veux dire ? Plus cool. Car je n’ai pas toujours le temps en ce moment et je me rends compte que lorsque je fais une séance le matin avant le travail cela me rend moins réceptif à mon environnement de travail, aux collègues. Je me sens plutôt bien mais peu disposé finalement au travail. En fait je n’ai pas l’agressivité positive nécessaire pour « rentrer dedans » comme il le faut et ça me met mal à l’aise en plus. Bref, je recherche une alternative qui puisse me garder relié au yoga néanmoins vois-tu ? Je fais quand même des étirements (notamment du psoas et des ischios) pour me délier et être d’attaque ainsi qu’une petite séance de méditation de 10 mins. C’est essentiel. Très belle journée à toi Michèle. Tu es la meilleure ! 😉