Henri Brunel se promène en juillet… en quelques phrases à la fois légères et profondes:
« J’aime la marche. Depuis ma retraite, quatorze ans déjà, je me suis fixé un SMM (seuil minimum de marche) à réaliser au quotidien : quatre kilomètres, et s’il se peut davantage. J’ai le bonheur d’habiter un village et d’avoir de grands espaces. Bien entendu, pour un adepte du zen, l’idéal serait iyyogyo-zanmai ( la «méditation en marchant» ). Mais cette forme de déambulation a ses règles précises:
- Le nez, le buste, le nombril et l’extrémité des orteils doivent se trouver dans le même plan vertical.
- Les mains placées l’une sur l’autre, à hauteur de l’estomac. Les pouces coiffent les doigts longs d’une sorte de petit chapeau.
- Les coudes près du corps, les avant-bras parallèles au sol. Les épaules, décontractées.
- Regarder à hauteur d’horizon, droit devant soi.
- Marcher lentement, d’un pas ferme et régulier.
Cet exercice a des avantages. Il risque pourtant de stupéfier les paysans rencontrés, ce qui limite son emploi. Je ne garde de la «marche zen» que l’esprit, c’est-à-dire la concentration, la présence à soi-même, et donc au monde.
«Quand je marche, je marche …» J’accorde mon souffle, mon esprit, mon pas. J’essaie, au moins, si je ne réussis pas toujours, la faute en revient à la campagne si belle, si diverse, à la fois la même et une autre à chaque saison. Par les petits matins de juillet… Je redis comme un tympanon cette phrase de Thich Nhat Hanh : «Chacun de mes pas fait éclore une fleur».
La poésie est la sœur du zen. »
Henri Brunel
Source: Printemps Eté : L’année zen, Henri Brunel, Arléa Éditeur
Photos de la Suisse centrale, prises lors d’un stage avec Yoga Suisse.