En automne, c’est le Dosha Vata qui a tendance à s’emballer.
Quand contrôler le Dosha Vata
Il est nécessaire de contrôler le Dosha Vata ou de le réduire, notamment:
en automne et en début d’hiver,
par temps sec et venteux,
ou si vous êtes stressé, en cas de fatigue nerveuse, d’épuisement,
ou si vous subissez des changements de rythmes, ou en cas de décalage horaire,
ou si vous êtes de constitution à dominante Vata,
ou si votre Dosha Vata est ponctuellement exacerbé et ce, même si vous n’êtes pas de constitution à dominante Vata.
Quand pratiquer son Yoga pour apaiser Vata
Pour apaiser Vata ou pour pratiquer le yoga en automne, privilégiez la pratique:
- le matin de bonne heure: la pratique transforme la journée, en inscrivant le calme en soi et un certain retrait ou
- en début de soirée, avant le repas: c’est une manière de faire une coupure après une journée fatigante et de se recharger. La soirée et la nuit seront sereines.
Suivez les conseils proposés dans le précédent article: ils vous permettront de ne pas souffrir d’excès Vata pendant votre journée ni votre séance de yoga.
Grands principes pour apaiser Vata dans une séance de Yoga
Le Dosha Vata a tendance à la légèreté. La pratique essentielle pour apaiser Vata en Yoga consiste à se concentrer sur Apana et le mouvement descendant de l’énergie, dans la zone des hanches et des jambes. Cela va calmer le Dosha Vata, en le replaçant dans la zone basse du corps, qui est son siège.
Exemple : Trikonasana, Virabhadrasana II, Utkatasana et Parivritti Utkatasana
Vata a aussi tendance à l’éparpillement. C’est pourquoi, David Frawley recommande ensuite de stimuler Samâna. En augmentant Samana Vayu, on rassemble l’énergie : on la concentre et on la renforce.
Exemples : Ardha Matsyendrasana, Padmasana, Kurmasana, Navasana
Enfin, comme le Dosha Vata a tendance à se scléroser (Vata est sec : les articulations et les muscles se raidissent), on va légèrement stimuler Vyana, pour contribuer à la fluidité des humeurs et à la circulation sanguine et lymphatique.
Attention : Insister trop longtemps sur l’augmentation de Vyana reviendrait à annuler une partie des effets sur Samana.
Exemples : Pawanmuktasana de Swami Satyananda, Urdhva Dhanurasana (Chakrasana), Naukasana, Dhanurasana
Vata est une constitution fraîche, c’est pourquoi la séance ne doit en aucun cas refroidir le corps, mais peut au contraire le réchauffer.
Les postures debout ancrent et produisent de la chaleur. L’ancrage se fait par les pieds et le positionnement des jambes. Vata étant lié au système ostéo-articulaire, on prend les postures en développant la conscience dans les os des jambes et des pieds. Ainsi, on va rechercher le positionnement juste, qui permettra de dépenser le minimum d’énergie. On pose le système nerveux en amenant la conscience dans le bas du corps et les jambes. Les postures debout réchauffent Vata et fluidifient le mouvement.
Vata a tendance à l’irrégularité: Éviter les mouvements parasites ou irréguliers! Rechercher la fluidité.
Il convient de laisser de côté tout désir de performance ou de perfection en matière d’Asanas. Tant mieux si tout est parfait… mais l’essentiel sera ailleurs. Le yoga qui apaise Vata est purement intérieur. On va éveiller la conscience-témoin en développant toujours plus l’observation du mouvement interne du souffle. Cette conscience, présente, bienveillante et non-impliquée, va aider à libérer le passage du souffle dans chaque Asana. La respiration va ainsi devenir rythmique et subtile.
Pratiquer lentement. Tenir les postures longtemps…
La pratique va développer un profond sentiment de paix et de complétude.
Pour rééquilibrer Vata, il faut pratiquer des postures douces pour ne pas épuiser, pratiquer lentement, ralentir et approfondir la respiration, réchauffer le corps, améliorer la circulation sanguine et assouplir les articulations. Il faut insister sur la région du bassin et du colon, libérer les tensions des hanches et des articulations sacro-iliaques, restreindre les mouvements, pas de mouvements parasites, afin d’éviter la dispersion, mobiliser la colonne vertébrale dans toutes les directions afin d’éviter son enraidissement.
Les flexions avant , – telles que Paschimottanasana, Janu Sirsasana p. ex. -, procurent un apaisement immédiat, la sérénité, et la libération de Vata à l’extérieur. Associées à des extensions (flexions arrière) douces et lentes, Vata est libéré plus encore, le système est réchauffé, Apâna et le colon sont stimulés.
Matsyendrâsana et les torsions vertébrales libèrent le système nerveux. Ces postures nécessitent la respiration complète, sinon la respiration superficielle accroît Vata.
Enfin, terminez votre séance avec une séance de relaxation plus longue que d’habitude, afin de bien vous régénérer. Couvrez-vous afin d’avoir bien chaud et si vos yeux sont fatigués ou tendus, mettez un petit coussin relaxant pour les yeux. Prenez le temps de relaxer les différents corps, grâce à une technique complète de relaxation, comme celle-ci par exemple.
Recommandations pour les pranayama
- La respiration alternée, Nâdî Shodhana, rééquilibre, tout comme Ujjayi Prathiloma: ces pranayamas augmentent le niveau d’énergie global.
- La respiration solaire – par la narine droite (Surya Bedhana) réchauffe.
- Ujjayi intériorise et énergise.
Voir aussi: Séance de Yoga d’automne et/ou pour réduire Vata >>
Namasté
Les livres de David Frawley m’ont été d’une grande utilité pour approfondir le sujet. Je vous conseille notamment:
Yoga et Ayurvéda, David Frawley, Editions Turiya, 2002
Yoga for Your Type: An Ayurvedic Approach to Your Asana Practice David Frawley, Sandra Summerfield-Kozak, Lotus Press, 2001
merci pour ces conseils précieux
Bonjour, Michèle, et merci pour cet article instructif à la perception nuancée (qui suit d’ailleurs de très beaux textes relatifs à une des grandes épopées de l’Inde classique).
J’avais déjà imprimé la séance automnale que vous avez proposée l’an dernier ou l’année précédente. Cet article-ci me permet de mieux comprendre les principes et la vision ayurvédique des choses qui sous-tend les pratiques de cette fiche, même si je ne sais pas ce que sont vyana et samana.
J’ai passé pas mal de temps à vérifier si je ressentais ce qui est décrit là dans des termes et selon une grille de lecture qui me sont peu familiers, et ce fut une riche expérience tant mes réflexions ont évolué en cours de route!
La « légèreté », par exemple, que vous liez à Vata, dosha auquel vous rattachez l’automne.
A force d’y penser, j’en suis venue à supposer que cette « légèreté » pourrait en fait désigner cet éparpillement que vous mentionnez également et qui me parle mieux du fait que je le ressens. La légèreté de la concentration comme on parle de celle du sommeil, et qui désigne sa faiblesse.
Je perçois bien ces couples que vous pointez:
— une certaine fatigue d’une part et les bienfaits de la tonicité d’autre part (les postures qui demandent une contraction isotonique des muscles semblent aller dénicher le pep là où il s’est enfoui tout en laissant une impression de détente),
— et par ailleurs une tension entre un besoin de repos, d’assise, et la difficulté à faire se poser ce qui pépie et s’éparpille en moi comme une volée de moineaux.
Redistribuant les mêmes cartes, on peut dire aussi que l’attention qui aiderait à doser l’effort avec justesse selon la situation du moment semble s’engourdir, prise entre cette légèreté et un mouvement de sclérose du corps et de l’esprit.
Cette fatigue que vous mentionnez comme liée à la saison ou aux excès de Vata, ne viendrait-elle pas en partie de la tension entre les forces en présence?
Et la pratique en yoga ne consisterait-elle pas alors à trouver un équilibre entre ces forces? (Serait-ce que vous appelez « rééquilibrer Vata »?). Je perçois en tout cas dans les lignes guidant la pratique que vous cherchez un contrepoids à chaque caractéristique de Vata qui deviendrait excessive.
Voici ma petite re-formulation personnelle (du moment) 🙂
Là où je vis, le ciel d’automne vient souvent se gratter le gris aux beffrois et rencontre longuement le matin le brouillard des vallées. Quelque chose dans la force du jour finit par hisser ce voile bas; je peux voir alors, par delà les jardins, la vieille citadelle plantée en toile de fond. Sur ses flancs boisés, adieu la chlorophylle, bonjour les ocres par lesquels le mouvement descendant que vous mentionnez semble se faire dans la joie. Le jaune, le rouge viennent à vous; les tons presque festifs de l’automne seraient-ils là pour compenser le retrait de la lumière?
L’automne me fait tenir des deux mains un bol chaud, me fait boire dense, épicé, tout en rêvassant. J’écoute volontiers des œuvres pour violoncelle. Cela me fait tout le bien de vacances.
Une furieuse tendance à la rêverie, une certaine fatigue, une touche de langueur, un manque de concision, un éparpillement de l’esprit, une perte d’attention? Oui, oui, oui. Quand vient l’excès, c’est la cata, mais tout cela n’aide-t-il pas à créer un espace en soi qui échappe un peu au contrôle de l’intellect et du sens critique? Un creux où peuvent surgir des idées nouvelles et tout ce qui touche à l’inconscient et à l’émotion, moins censurés? Aux forces qui changent avec la saison, me semblent répondre ainsi d’autres forces.
Un grand merci, Michèle, pour l’occasion de ressentir, de réfléchir et d’admirer que votre article m’a fournie.
Sibylle
Merci Sibylle pour votre partage ici.
Je vois, à travers le récit poétique de voter vécu, une description parfaite de l’Energie de Vata. Et là c’est du vivant, beaucoup plus concret que ce que j’ai pu lire dans les ouvrages sur l’Ayurveda.
Si vous êtes interressée à comprendre ce que sont «Vyana et Samana», ils font partie de ce qu’on appelle les «airs vitaux» et qui sont les differentes modifications de l’Energie vitale ou PRANA à travers le corps et qui lui donnent Vie en fait.
Dans les textes du Yoga on appelle ces airs vitaux les «Vayus».
Vous pouvez trouver des détails dans ce site (Yogamrita) ou encore dans different sites et livre traitant de Yoga et d’Ayurveda.
Bonne pratique.
J.L.
Merci, Jean-Louis
Sibylle
Bonsoir Sibylle,
Lorsque l’on décrit les Doshas par des qualificatifs (Gunas) comme la légèreté, la dispersion, on met des termes concrets, qui peuvent se traduire dans des ressentis, sur des concepts abstraits. On se rend alors compte qu’il est possible d’utiliser ces qualités ou leur contraire dans sa pratique du yoga, afin d’agir sur un Dosha, selon que l’on veut l’apaiser ou le renforcer. C’est assez simple, somme toute.
Oui… Vata est « léger » à tous points dan vue : dans son poids, son sommeil, son côté dispersé, même un peu « planant »… ou même dans ses amitiés et en amour ;o) Je fais ici une caricature, bien sûr !
Oui, l’épuisement chez Vata trouve de multiples sources. Vata est un communiquant par excellence ; il est tellement connecté à son environnement, tellement « ouvert » sur tout, qu’il en fatigue ses organes sensoriels (Karmendriyas) et ses organes d’action (Jnanendriyas : parole, locomotion, etc.).
L’influx nerveux est directement en lien avec Vata. Son système nerveux est « sur-sollicité ». Cela l’épuise. Le yoga, de par le retour au corps, l’écoute, la proprioception, l’apaisement mental, est PARFAIT pour Vata. A vrai dire, Vata est le Dosha sur lequel le yoga agit le plus et le mieux. Tant mieux… vu que Vata est le Dosha le plus perturbé chez pratiquement tous…
L’observation des ressentis centre Vata et le ramène à sa source. C’est exact : les exercices en isométrie, tenus sur des durées raisonnables (pas trop longues, pour ne pas asphyxier les muscles) sont excellents. Ils agissent sur la musculature profonde et tout particulièrement sur la détente nerveuse.
Vata sait son besoin de repos… mais tant qu’il a des choses à faire, cela passe en dernier. Il est capable de rompre ses rythmes pour créer, surfer, discuter, … et même allongé en Savasana depuis 10 minutes, s’il est en période d’hyperactivité, il se peut que « ce qui pépie et s’éparpille en lui comme une volée de moineaux » ne relâche pas tout à fait.
Quand l’esprit est ouvert sur son environnement et les perceptions, la sensibilité, comme chez Vata, le « bavardage mental », la créativité, ou l’imaginaire peuvent par moment primer sur la qualité d’attention et la concentration. Vata est plein de qualités, et plein des défauts de ses qualités.
L’attention de Vata sautille d’un objet à l’autre. Pendant son yoga, à un moment il est dans une grande présence et sensibilité à son vécu, « en pleine conscience », puis l’instant suivant, il se laisse distraire et absorber par ses pensées, puis encore il quitte la posture, dans un moment d’absence, brusquement et maladroitement.
Il est clair que l’attention est LA qualité à développer sur la durée. Vata apprendra ainsi à développer plus de constance dans sa présence consciente, que ce soit dans son yoga, ou dans la vie de tous les jours. C’est une manière d’ajuster ses efforts, de « ménager sa monture » et de prendre du recul aussi (Vata est nerveux, sensible, facilement affecté).
Merci pour ce beau texte de « reformulation » 🙂 C’est exactement cela ! L’Ayurveda ramène aux fondamentaux. La nature est pleine de bon sens ; l’observer et ressentir ses effets sur nous, nous permet de mieux comprendre les règles du vivant.
Si Vata est le plus dispersé des 3 Doshas, il est aussi le plus intuitif, le plus sensible, le plus imaginatif et le plus créatif… Aucun Dosha n’est meilleur qu’un autre. Le Dr Vasant Lad explique (à peu près, ce sont mes mots) que chaque Dosha est un « mode d’organisation psychocorporel » spécifique. C’est qqch qui nous a été donné pour cette vie. A nous de développer nos forces et de savoir jongler avec nos faiblesses.
Nous avons en nous les 3 Doshas, dans une proportion unique qui fait notre spécificité.
Jean-Louis parle d’un article sur les 5 Vayus (dont «Vyana et Samana»). Il est possible qu’il ne soit plus sur le blog. Je vais le re-publier et le ré-écrire partiellement d’ici quelque temps.
Bon yoga et à bientôt
Merci, Michèle pour cette longue présentation de Vata comme type de personnalité et de sensibilité.
Vata ne semble pas être mon dosha dominant, au vu de la description dans votre réponse et de mon vécu. Je m’en tiens donc aux précieux conseils pour l’automne, veillant à inclure certaines des postures que vous suggérez dans mes petites séances matinales. (j’apprécie que vous en ayez donné les caractéristiques car, au delà des exemples, cela permet d’en choisir d’autres qui vont dans le même sens)
Il me semble aussi que la méditation Tratak avec la flamme d’une bougie convient bien à l’automne (et l’hiver) : on peut quasiment la pratiquer en plein jour tant il fait parfois sombre 🙂
Encore merci
Bien cordialement
Sibylle
Bonsoir Sibylle,
Dans l’absolu, toute description de Vata est excessive, puisque le Dosha pur n’existe pas.
Cependant, on peut imaginer que les conseils pour l’automne lui feraient grand bien, comme à nous tous 😉
Je reviens d’une balade autour de la maison, en pleine campagne. Les couleurs sont splendides. Jaunes et rouilles se mélangent: à certains endroits, on dirait que le soleil est tombé par terre… (je suis moins poétique que vous, mais c’est magnifique!)
Tratak est parfait pour l’automne. Cet exercice apaise énormément et est conseillé avant de dormir. Il peut être précédé par la respiration alternée, sans rétention. Le tout prend 10 à 15 minutes. C’est parfait et testé maintes fois.
En fait, lorsque l’on développe l’écoute que vous décrivez dans votre premier commentaire, on se rapproche de la nature et de soi, et l’on devient capable d’ajuster ses journées et son yoga, naturellement et avec bcp de bon sens.
Bien cordialement
Michèle
Bonjour Michèle,
Un gros merci pour le cadeau (votre Site web) c’est un puit de connaissance et d’enseignement. Merci mille fois.
Je suis une femme de 67 ans, j’ai été prof d’aérobie et de step très longtemps car j’avais besoin d’éliminer beaucoup de toxins dans mon corps, dans ma vie, dans mon entourage. Dans les année 2000 je me suis intéréssée au yoga et voila la lumière s’est allumée et ne s’est jamais éteinte.
En 2005-2007, j’ai fait ma première formation professeure
chez une femme extraordinaire qui a les Studios de Yoga Line St-Roch a Montréal bien qu’elle aurait pu ëtre ma fille, elle a été une vraie petite maman pour moi alors que je traversais une période difficile (divorce après 38 ans de vie commune).
Aujourd’hui, je peux dire que je suis heureuse et libre.
Toute cette histoire pour vous dire que j’ai appris que je suis
tridoshas, s’il vous plait aider moi a mieux comprendre comment je peux ajuster mon mes journées de yoga en hiver, car c’est l’hiver au Canada.
Merci et je vous souhaite une année 2013 tout plein de douceurs.
Florana
Bonjour Florana,
Désolée de vous répondre un peu tardivement.
Être tridoshique n’est pas du tout un problème… au contraire!
Lorsque l’on est tridoshique, il suffit de respecter les règles générales d’hygiène de vie selon l’Ayurveda. Ces règles sont une base pour tous. Chez les personnes qui ont une constitution spécifiques, ces règles sont ensuite complétées par les règles spécifiques aux Doshas qui sont en déséquilibre.
Lorsque l’on est tridoshique, il y a un équilibre égal des Doshas. C’est une situation idéale.. et rare… qu’il convient de préserver.
Pour vous, comme pour tout le monde, en hiver, c’est le Dosha Kapha qui a tendance à se déséquilibre, ainsi que Vata, de façon secondaire.
Je vous propose donc de regarder les articles que j’ai préparés à propos de l’hiver, selon l’Ayurveda.
Voir quelques liens ici:
https://www.yogamrita.com/blog/tag/hiver/
En cas de froid sec, voir aussi les conseils Vata: https://www.yogamrita.com/blog/tag/automne/
Voir aussi le dossier d’Aroma-zone sur l’Ayurveda. Il y a plein de choses intéressantes: http://www.aroma-zone.com/aroma/dossier_ayurveda.asp.
En espérant que tout cela vous aidera.
Belle journée à vous
Merci de tout coeur,
Florana