Si ce blog propose plusieurs pratiques du yoga, j’aimerais aussi le compléter avec des articles sur des aspects plus généraux, pour aborder le sens de la pratique du yoga, ce qu’est une séance de yoga et comment la pratique agit sur soi.
Qu’est-ce que le yoga?
Le yoga n’est pas seulement un ensemble de postures compliquées accessibles aux yogi ou aux plus jeunes et plus souples d’entre nous.
Le yoga est avant tout un état. Yoga signifie « unir », « relier »; il est donc un état qui relie au Soi, notre nature véritable, tout comme le sommeil ou l’état de veille sont d’autres états. On confond souvent la forme (les pratiques) du yoga avec l’état de yoga.
Or l’état de yoga ne peut pas s’apprendre, il peut seulement s’expérimenter… tout comme on ne peut pas apprendre à dormir. Pour bien dormir, on peut mettre en place les conditions favorables au sommeil: détente profonde, endroit calme, lit confortable, obscurité, etc.
L’état de yoga n’est pas un concept mental mais un vécu. Un vécu est quelque chose d’intime et d’unique, qui se vit en fonction de ce que l’on est, à un moment donné.
Ainsi, le hatha yoga est une méthode de santé anti-stress, un ensemble de pratiques, d’exercices, de conditions, qui favorisent le surgissement de l’état de yoga.
Ces pratiques permettent de développer la vitalité, la santé, la connaissance de soi et l’élargissement de la conscience. Ce travail profond se fait sur différents plans: postures, respiration, mudras, relaxation, observation, concentration, méditation, … Les approches varient selon les écoles, mais le but demeure toujours le même: c’est l’état de yoga…
Le yoga permet progressivement la stabilisation du mental, le lâcher-prise sur les mémoires émotionnelles et finalement le détachement de l’égo. Il est une pratique douce, progressive, respectueuse du corps et du souffle. Les postures ont pour objectif d’induire l’harmonie dans le corps et de favoriser son équilibre.
Cours de yoga
Un cours de hatha yoga comprend:
- une séquence de postures (asana), qui visent à délier, éliminer les tensions, à développer l’équilibre, la souplesse et le tonus musculaire
- des exercices de respiration (pranayama) qui augmentent la force vitale, et
- des relaxations intermédiaires se placeront entre les différentes pratiques des asanas; puis, la relaxation finale des corps (physique, énergétique, mental, …) permet d’intégrer durablement les effets des pratiques, d’inscrire un calme profond et de goûter à la paix et au silence intérieurs.
Les pratiques les plus complètes en yoga intègrent aussi les mudras (sceaux) et les bandhas (ligatures). Ces compléments canalisent l’énergie, induisent la concentration, et augmentent ainsi les effets de la pratique.
Introduction aux postures – asana
Asana signifie « posture » en sanskrit. La pratique des postures constitue un travail complet:
d’ assouplissement
de renforcement (notamment de la musculature profonde)
d’équilibre
de conscience corporelle (proprioception)
de concentration et
de relaxation.
Les postures agissent en douceur et en profondeur. Elles répandent le bien être dans tout le corps.
La posture comprend :
l’entrée dans la posture,
la posture immobile elle-même (la tenue immobilité sur la durée est une des caractéristique importante de l’asana),
la sortie de la posture
et enfin son intégration: observation silencieuse des changements survenus suite à la prise de la posture.
Les caractéristiques principales des asana sont :
Immobilité (Sthira), rigueur ou justesse d’exécution
Bien-être (Sukha), lâcher-prise, pas d’attentes
Respiration (Pranayama), le passage du souffle au travers de l’asana
Non-compétition et acceptation de la posture selon les possibilités du jour (Ahimsa)
Concentration (Dharana) et intériorité
Les postures travaillent sur les muscles, les articulations, mais aussi sur les organes internes.
La posture est compensée par une ou plusieurs contre-postures.
Leur ordre est étudié, chaque posture est suivie d’une contre-posture, qui équilibre le travail global.
La posture est parfois suivie d’un moment plus ou moins long de relaxation et d’observation après.
Les mouvements sont fluides et contrôlés ; l’exécution est lente, la tenue des principaux asana du cours est prolongée.
La posture correcte est tenue fermement, dans un état détendu, en intériorisation et avec concentration.
Le temps de la tenue de la posture s’accompagne :
de la respiration,
de l’observation de l’état intérieur que procure la posture, et
de la concentration sur le travail énergétique qui s’effectue sur le plan subtil (chakra stimulé par la posture et circulation du prana ou énergie vitale).
Après la posture, le temps de repos est à nouveau un temps d’observation des effets physiques et subtils.
Les asana font prendre davantage conscience du corps, de la détente globale, ainsi que de la respiration.
Le yoga est une expérience de soi à soi.
Bon yoga !
Quelle belle présentation du yoga et plus particulièrement du hatha yoga, Michèle. Quelle synthèse! Tant d’aspects y sont repris! Vraiment, j’aime beaucoup. A lire et relire.
Un tout grand merci.
Cet article résonne particulièrement alors que nous avons parlé du yoga des hormones (féminines, à la ménopause entre autres) il y a peu. J’ai en effet été frappée, en visionnant quelques vidéos à ce sujet sur internet, par l’aspect presque mécanique des exercices, la définition d’une série fixe, bien définie (même si elle semble évoluer peu à peu avec les recherches de l’une ou l’autre pratiquante).
Et je me suis posé la question de l’intérêt et des limites de se fixer des objectifs définis, dans la pratique du yoga. Je me demande si, à force de sélectionner les postures pour tel ou tel effet, nous ne risquons pas de perdre les bienfaits… de la variété.
Que l’on sélectionne les asanas et autres pratiques à des fins médicales précises ou pour leur aspect acrobatique, par exemple, il me semble dommage de renoncer au « non directement utile ». En effet, n’est-ce pas précisément en intercalant ces autres postures/respirations/bandha/moments de repos entre les asanas ou respirations « utiles à l’objectif fixé »— comme on crée un rythme posture/ contre-pose— qu’on peut faire ressortir les qualités propres des asanas et autres aspects de la pratique?
N’y a-t-il pas un risque aussi de reléguer au placard certains asanas qui sont très précieux à autre chose que ce que l’on veut soigner ou développer?
Imaginons que la posture de l’Arbre ne fasse pas partie des postures sélectionnées à la fin que je vise, et que mes objectifs, si je veux les atteindre, requièrent que je répète une même séquence quasi tous les jours. Il me semble que je risque bien d’oublier, à force de le laisser de côté, ce merveilleux miroir de mon état intérieur qu’est l’Arbre!
Je pense aussi qu’une des joies du yoga – et un défi aussi dans notre société!—c’est de le pratiquer … pour le simple fait de le pratiquer, même si on espère aussi améliorer sa santé, trouver plus de paix et de repos physique et psychique, d’équilibre dans sa vie, de souplesse et de tonus, de cohérence et d’harmonie avec soi-même, et veille par conséquent à favoriser certains asanas ou à éviter tel bandha en fonction de notre situation personnelle. Il me semble que la poursuite d’un objectif concret et défini, et voire quasiment « utilitariste » peut facilement mener à un durcissement de l’esprit, une réduction du champ des possibles, une perte de disponibilité pour ce qui se présente maintenant, y compris des expériences nouvelles et inattendues qui nourriront l’envie, le plaisir d’aller voir un peu plus loin, un peu plus profond, de s’y poser peut-être.
Cela me ramène au début de votre article, la référence à un « état de yoga ».
Bonjour et bravo pour cet article très intéressant ! Pouvez-vous me conseiller quelques livres pour approfondir le sujet, svpl ?
Merci !
Très bien synthetisé. Merci pour aider autant de personnes à comprendre ce qu’est réellement le Yoga…qui va très au-delà de l’exercice physique, même si au début de la pratique du yoga c’est ce qu’on ressent en premier: le bien-etre physique.
A Sibylle:
Merci Sybille pour ces compléments de réflexion. Le yoga à but thérapeutique est très utile et intéressant… mais j’ai remarqué que l’intention insufflée et l’état d’esprit de la pratique priment sur toute technique et structure « rigide ». Ainsi en est-il selon moi aussi bien pour le yoga des hormones que le yoga selon l’ayurveda, que je pratique régulièrement.
Le yoga se pratique au présent, il se révèle dans un état de conscience en yoga du moment; ainsi il est neuf à chaque instant.
Une séance de yoga équilibrée, telle qu’enseignée de façon classique en Inde ou ici est éminemment complète. Ses effets se font ressentir sur les plans physiques (musculaire, nerveux, endocrinien, lymphatique, etc.), énergétique, psychique, mental, spirituel, … Le « yoga prescription » conserve son intérêt, car il se base sur des fondations expérimentales solides. Mais même dans ce cas, l’intention et l’état d’esprit de la pratique seront révélateurs des résultats.
Que le yoga thérapeutique ne devienne pas un yoga réducteur, c’est en effet un souhait que je partage avec Sybille!
A lewerentz:
Voici quelques livres en guise de pistes:
Gérard Blitz a inspiré mon entrée en matière, lorsque je commence en écrivant «état qui relie au Soi». Je le cite dans l’article suivant. Dommage cependant que ses écrits ne soient pas disponibles. Il y a bien son texte des Yoga Sutra sur Amazon… mais en allemand: Der Yogaweg des Patanjali
J’ai envie de mentionner ici le livre-réflexion de Isé Tardan-Masquelier:
L’esprit du yoga
Je trouve que « Hatha Yoga » de Clara Truchot survole bien les différents aspects du yoga: Hatha yoga
Yoga et Symbolisme par Shri Mahesh: épuisé mais disponible en seconde main à des prix indéçants… Yoga et Symbolisme
Livres d’André van Lysebeth
Le Yoga, un Eveil spirituel, T.K.V. Desikachar, Ed. Agamat, 2004 : Le yoga : Un Eveil spirituel
Bien cordialement
Michèle
Article subtile et questions intéressantes s’enchaînent, traduisant notre intérêt et nos errements – et Dieu seul sait si j’en ai -, conditions primordiales à notre progression.
Je ne crois pas que reléguer au placard des asanas et en favoriser d’autres soit un problème ; ce n’est pas l’asana qui est important, mais notre attitude mentale d’attention au présent. Si nous sommes complètement intégré dans l’intériorité de l’asana qui consiste à fléchir le petit doigt, nous sommes plus dans le yoga que dans la pratique spectaculaire d’un dhanurasana, le regard tourné vers l’assistance dans l’attente de son émotion.
Bonjour Michèle,
Et merci de votre réponse. Le livre de Desikachar me tente assez; je vais voir cela à ma librairie. Ma prof m’a aussi conseillé « Le guide du yoga » de Shri Aurobindo, mais c’est assez hermétique…
Lewerentz
Les livres de TKV Desikachar sont effectivement d’excellentes références.
Je lis actuellement « La paix toujours présente » d’Arnaud Desjardins. Un livre très bien fait, très compréhensible sur la mise en pratique concrète du dépassement des dualités.
Bonnes lectures !
Christophe
Bonjour,
J’ai deux questions.
1. Peut-on considérer que le chien museau vers le ciel et le cobra soient des postures équivalentes ? Sinon, quelles sont leurs différences ?
2. Quand on dit qu’une posture A compense une posture B, est-ce que l’inverse est exact ?
Merci de vos réponses.
Bonjour Hawawini,
1. Peut-on considérer que le chien museau vers le ciel et le cobra soient des postures équivalentes ? Sinon, quelles sont leurs différences ?
Différences:
– Tonicité et intensité plus grandes du Chien tête vers le haut.
Le Chien museau vers le haut est plus intense que le Cobra, car il n’y a que les mains et les orteils qui sont en appui au sol. Le bas du corps est donc très tonique dans le Chien (les jambes sont tendues, le bassin et les genoux ne touchent pas le sol. Bien fait, la poitrine est bien ouverte et en avant des bras, omoplates rapprochées). Sur le plan énergétique, je pense que les effets, quoiqu’assez semblables, sont renforcés dans la posture du Chien museau vers le haut.
Ressemblances:
– en tous les cas: stimulation des Chakras de base (Muladhara, et surtout Svadhistana).
– si la prise de posture est intense en Bhujangasana (bras tendus ou presque) comme en Adho Mukha Svanasana: la zone de l’Anahata est dégagée et en ouverture.
Sur le plan énergétique, ces deux postures font donc monter l’énergie des chakras de la base (grâce au Mula Bandha notamment) vers l’Anahata (coeur – chakra de transition entre les chakras du bas et les chakras du haut), puis vers le Svadhistana (gorge). L’Anahata est le centre qui relie le haut et le bas et qui permet de commencer à transmuter les énergies terrestres en énergies plus spirituelles. C’est d’ailleurs à ce niveau que se retrouve le second Granthi (nœud) que les yogis cherchent à percer sur le chemin de la Sushumna. Ce travail de transformation des énergies se poursuit et s’affine au niveau du Swadhisthana Chakra, dont le nom sanskrit signifie « Purification ».
– Si Bhujangasana est pris moins haut, avec une ouverture moindre du thorax et de la gorge, la similitude citée plus haut disparaît en partie.
2. Quand on dit qu’une posture A compense une posture B, est-ce que l’inverse est exact ?
Dans l’absolu OUI.
Mais il y a des grands classiques, comme la série de Rishikesh, qui propose un ordre particulier des postures en fonction d’un effet recherché sur les Chakras, par exemple.
Donc, et c’est vraiment ce qui me sert de socle dans l’enseignement, tout dépend de l’intention donnée:
– Si la posture A a des effets tout particulièrement recherchés, on la pratiquera plus longtemps que la posture B;
– Il arrive aussi que l’on pratique la posture B pour relaxer et soulager de la posture A: p.ex. posture A = Urdhva Dhanurasana, la Roue; Posture B = Apanasana ou Garbhasana (Enfant).
– On peut aussi choisir de terminer se séance par la posture A, en fin de séance, afin de bénéficier au maximum des effets recherchés.
Enfin, il y a des écoles qui revendiquent le fait de ne jamais compenser les postures, afin de privilégier l’intention dans le travail postural (par exemple séance sur les extensions). Dans ce cas, Savasana est la référence, la posture d’intégration par excellence, après tout type de posture.
Reste à remarquer qu’une séance de yoga équilibrée (complète) tend à alterner des postures qui se compensent les unes les autres.
Cordialement
Michèle
PS: Que les lecteurs n’hésitent pas à donner d’autres avis ou à compléter!
Merci Michèle de donner tant de temps pour me répondre.
Autre question concernant les suites de postures. J’étais en train de lire la « série Rishikesh » tout juste avant d’ouvrir mon ordinateur pour voir s’il y avait une réponse à mes questions. Cette série me fait demander s’il y a d’autres séries décrites et dans quels ouvrages ou revues peut-on les trouver. Le livre de Van Lysebeth « Ma séance de yoga » est soit épuisé soit d’un prix inabordable.
Merci d’avance.
Oui, c’est vrai que les livres épuisés deviennent inabordables sur Internet!…
Ce livre est bien fait: Le Yoga. Guide complet et progressif. Il présente la série et ses variations.
Bon yoga!
PS: Je n’aurai plus accès à internet jusqu’à mardi.
Je viens de commander le livre, encore merci et à bientôt pour d’autres questions qui ne vont pas manquer.
Je lis lis et relis cet excellent livre depuis que je l’ai reçu. Il diffère par son caractère complet et progressif de beaucoup d’autres ouvrages qui décrivent simplement des postures et des pranayama, sans parler de leur ordre de pratique. Avoir ce genre-ci est bien et le compléter par ce genre-là est encore mieux.
Tant mieux! Oui, c’est un livre bien construit. J’espère re-publier prochainement un article intéressant sur les effets de cette série, sur le plan subtil.
merci sibyle,mais pour un débutant il faut bien s’accrocher à quelque chose.
Bonjour, je souhaite commencer le yoga mais je ne sais pas combien de temps tenir les positions.. Pouvez vous m’éclairer ?
Bonjour Julia,
Il n’y a pas de règle précise. En général, on recherche la tenue prolongée des postures… mais celle-ci dépend des possibilités de chacun.
Un débutant ne tiendra jamais une posture aussi longuement que quelqu’un d’expérimenté. Et ce n’est d’ailleurs pas ce qui compte le plus au début.
Ce qui importe, lorsque l’on commence, c’est de se placer correctement dans les postures, même si la souplesse n’est pas encore au rendez-vous, sans quoi l’on risque de se faire du mal… en voulant se faire du bien!
En parallèle, on va rechercher la détente intérieure, la présence à soi, et le placement d’un souffle détendu.
Mais je m’arrête ici… me rendant compte que c’est ce qui est dit sur l’article.
En été, il y a pas mal de cours d’initiation pour les vacanciers et les autres. Ça vaut la peine essayer!
Plein de questions trouvent réponses, lorsque l’on pratique avec un enseignant.
Bonjour Julia,
Vous commencez le yoga…
Mais le yoga n’est pas la position extérieure, celle qu’on vous montre.
Le yoga est la position intérieure que vous découvrez à partir de la position extérieure. Cette position-là, personne ne peut vous la montrer.
Personne ne peut vous donner un temps, il vous appartient de le ressentir à partir de votre propre intérieur car il n’appartient qu’à vous.
En yoga, on prend des risques et on se rend compte qu’ils sont autant formateurs que tout le reste.
Une belle introduction au yoga pour Julia. Merci Robert…