Lors d’une de mes préparations de stage Yoga, je relisais mes notes et certains passages du livre « Yoga et Ayurvéda
» de David Frawley me parlaient plus particulièrement ce soir-là. Je vous partage ces choses essentielles, bien connues des gens qui font du yoga, mais qu’on aime toujours bien relire…
L’auteur rappelle tout d’abord que l’objectif des Asanas est de réduire Rajas, l’agitation qui perturbe le mental. La réduction de Rajas est le pré-requis à toutes les autres pratiques du Yoga – Pranayama, retrait des sens, concentration, méditation -.
Prana (l’énergie vitale) guide l’Asana (la posture)…:
« De grands yogis ont découvert leurs asanas à partir de leur propre prana éveillé et non à partir d’une pratique physique. En réalité, c’est le prana qui est l’enseignant originel des postures de yoga et non les instructions humaines. Le véritable enseignant d’asanas parvient à cet état en éveillant le prana de ses étudiants et non simplement en leur enseignant la façon de placer leur corps dans des positions différentes. Nous devons apprendre à utiliser le pouvoir du prana afin que notre pratique provienne de l’intérieur et afin de la rendre créative. Lorsque le prana gouverne les asanas, son pouvoir de guérison est beaucoup plus élevé. Lorsque la pratique des asanas se concentre sur le prana et que les mouvements (asana) se font en même temps que la respiration (prana) tels les perles d’un collier, vous obtenez alors la pratique du yoga telle qu’elle est définie par Patanjali dans les Yoga Sutras. »
Et David Frawley termine précisant que les Asanas qui se pratiquent sans cultiver le détachement, même s’ils sont une aide physiquement, peuvent conduire à une fixation accrue sur le corps ainsi qu’à une rigidité mentale et émotionnelle. Voilà qui semble s’adresser à nous occidentaux, qui avons embrassé Asana plus que toutes les autres pratiques du yoga… Replacer les Asanas dans le contexte plus vaste du Yoga leur confère une véritable noblesse. C’est là qu’Asana devient canal de Prana…
Namasté
Source: Yoga et Ayurvéda, David Frawley, Editions Turiya, 2002
Anciens commentaires relatifs à la première version de cet article:
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kloe a dit: Ouvert 17 juin 2009
très riche idée d’avoir souligné tout ça, c’est hyper important et finalement, on ne le répète jamais assez. c’est difficile d’intégrer cette notion de détachement au niveau de la pratique, mais lorsqu’on y arrive, les effets sont tellement gratifiants, l’harmonie est là et aussi….le véritable état de yoga.
belle journée à tous,
namaste
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Maud a dit: Ouvert 17 juin 2009
Il faut rappeler aussi que certaines enseignes qu’on trouve sur le net ou ailleurs ne cultivent que l’image du corps pour vendre des cours de yoga. Je ne me souviens plus de laquelle, mais l’une d’entre elles m’a particulièrement frappée par la surexposition de corps jeunes, sexy dans les images qu’elle montrait, et cette notification spéciale : « – 20% pour les étudiantes !!! ». Les sociétés ont l’enfer qu’elles se sont créé, c’est évident, mais c’est vrai que l’image du yoga – ou de tout ce qu’on a décidé de dévoyer pour de l’argent ou pour toute autre raison – est fortement réduite, voire ternie par l’usage que l’Occident en fait et pourquoi elle la récupère.
C’est bien dommage !
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Jean-Louis a dit: Ouvert 18 juin 2009
je suis parfaitement d’accord avec le commentaire de Maud. J’ai même vu sur un site US des gens qui voudraient faire entrer le Yoga aux jeux olympique !!! Aussi une competition d’asana quelque part aus USA avec figures imposées et jury …
A chacun de se situer, mais pour moi le Yoga n’a rien à voir avec ça et c’est vrai que cette vision du »look » avant tout appartient à cette identification à l’ego que le Yoga nous invite justement à lacher.
J’etais en train de lire »Yoga et Ayurveda » quand j’ai vu cet article ci-dessus….. Les livres du Dr David Frawley sont une mine d’elements aussi instructifs qu’utile pour ceux qui veulent approfondir leur pratique ou même enseigner le Yoga.
C’est une chance d’avoir maintenant à notre portée ces connaissances par quelqu’un qui est considéré comme un Pandit (Erudit de la tradition) dans un corps d’occidental.
Je suis persuadé que le yoga (au sens large)peut nous mener à la découverte de notre essence, au-dela des religions et des eglises, mais c’est à nous de savoir jusqu’ou nous voulons aller.
Il serait dommage de se contenter des Asanas comme d’une simple gymnastique… Mais peut-être que le Prana faisant sont Oeuvre, il peut y avoir des transformations subtiles auquelles on ne s’attendait pas au départ ! Quoique l’intention dans la pratique me parrait fondamentale.
Bonne pratique à tous les passionnés
Namaste
OM
J.L.
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isabelle a dit: Ouvert 25 mars 2010
Bonjour
Je travaille actuellement à la création d’ateliers de « remise en forme » (c’est le nom que nous avons trouvé pour créer un pont entre les habitudes culturelles et la pratique non seulement du yoga mais aussi d’autres disciplines énergétiques comme le QiGong ou le TaiChi), pour des péadolescents…
Je me demandais si vous auriez des conseils à me formuler pour initier de manière ludique et intelligible des préadolescents au prana, afin qu’ils puissent le percevoir comme un élément du quotidien eux aussi ?
Vous remerciant infiniment…
Namaste
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Michèle a dit: Ouvert 25 mars 2010
Bonjour Isabelle, voici une réponse avec des éléments totalement en vrac.
Je pense bien sûr au ressenti:
Voir la forme du corps les yeux fermés, puis sentir autour du corps, comme s’il avait des antennes.
Faire un exercice puis ressentir ce qui se passe à la surface du corps, sur la peau (picotement, fraicheur, chaleur, …) puis en nous.
Rappeler que nous sommes tous sensibles aux ondes des autres et des lieux: pensée positive ou négative, agression ou accueil, etc.
Par exemple, un simple regard dans notre dos nous fait souvent nous retourner. Nous ressentons qqch. C’est ce corps subtil ou corps d’énergie.
De même, nous avons besoin d’un petit espace vital autour de nous, sinon, nous nous sentons pris dans le « champ » de la personne qui est près de nous.
La respiration « libre » et détendue amène l’énergie:
La respiration « automatique » est différente suivant notre niveau d’énergie ou notre état émotionnel.
Faire des exercices pour libérer le souffle (le laisser mieux se faire en nous) et ressentir cet état différent, quand « ça respire librement ».
Sentir combien, quand on a plus d’énergie, on est moins atteint par nos émotions négatives: on est plus « fort », moins vulnérable. C’est intéressant de savoir que nous ne sommes pas victimes de nos émotions mais que nous pouvons agir sur Prana, notre niveau d’énergie vitale et grâce à elle, traverser beaucoup plus sereinement les moments difficiles.
Comparer le corps à une flute (les nadis, canaux subtils du prana) qui sont débouchés par la pratique, la pensée positive, etc. ou au contraire bouchés par la négativité et les tensions intérieures.
On perd beaucoup d’énergie inutilement en étant tendu. Prendre conscience des tensions au quotidien (en attendant le bus, à l’ordinateur, dans un moment de confrontation, etc.) et proposer quelques trucs simples pour les relâcher au quotidien (épaules, mâchoires, ventre, poings, …).
Se sentir en connexion avec le monde extérieur permet à prana de circuler.
In fine, la science et le yoga se rejoigne: tout est énergie. L’énergie est en nous et autour de nous.
Si je me ferme au monde extérieur, j’empêche les échanges entre le prana en moi et le prana de l’extérieur. Être en harmonie avec le monde extérieur, c’est accéder à une source inépuisable de prana.
On peut développer des « antennes » vers le monde extérieur et les autres, les ressentir comme « amis », dans le sens qu’ils sont pour nous une opportunité de vie, d’expérimentation… fait que nous nous sentons bien. Si le monde extérieur est ressenti comme une menace, les peurs nous mettent en tension et nous coupent « les jambes », ou plus exactement nous prennent notre énergie.
Développer ce lien avec le monde est possible par la conscience de la respiration, parce qu’elle est le lien direct le plus évident entre le monde intérieur et le monde extérieur: l’échange d’air / de prana est à la source de la vie.
En yoga, on fait des exercices de respiration pour agir très directement sur prana. Essayer Kapala Bhati p. ex. et ressentir l’énergie qui se dégage alors.
Parler aussi de l’importance de la posture (position correcte) pour que prana puisse circuler. Laisser de la place pour le souffle… L’accueillir pour accueillir l’énergie, la vitalité.
Voilà, je ne sais pas si cela vous parlera. Il me faut m’arrêter là… bien que le sujet soi inépuisable ;o)
J’espère que vous y trouverez qq éléments.
Namasté
Bonjour Michèle,
Merci pour ton article. Tout ceci me fait vraiment penser au Yoga Tantrique du Cachemire. J’ai découvert récemment cette voie du yoga et m’y intéresse de plus en plus. Eric Baret a écrit beaucoup d’ouvrage à ce sujet et le transmet admirablement paraît il ….
Cette façon de percevoir le corps subtil dans la pratique transforme vraiment l’expérience du Yoga en général. C’est percevoir la source en toute chose.
Je vais bientôt participer à un de ses séminaires donc je pourrai en parler à ce moment là.
bonne journée
Namasté
Sandrine
Bonjour à tous,
juste une remarque, malgré l’ouverture d’esprit dont vous pouvez faire preuve, vos qualités humaines, le « yoga non-marketé » est néanmoins très très très difficile à aborder pour beaucoup de gens.
C’est tellement à l’encontre de là où la société (au sens large) nous amène, on ne peut pas casser ses codes comme ça.
Ni adhérer à une trop grande perte de repère.
Qui comprend OM comme étant « aum » et non pas l’O.M. (club de foot) ???…
Sans défendre non plus le business à tout va.
Le marketing peut être une sorte de parcelle vers une pratique plus profonde pour un certain nombre de personnes, et même si c’est une sur cent, c’est déjà bien.
On peut apprendre de tout et partout.
ça m’intéresserait de savoir ce que vous pensez des vidéos de Janet Stone sur internet.
C’est très marketé, pur produit californien.
Mais une fois que l’on fait abstraction de cela elle a une pratique d’une grande fluidité et des postures qui me semblent parfaites.
À mon petit niveau j’y ai appris des placements de pieds notamment par son observation.
Ce qui ne me semble pas incompatible avec des lectures de Swami ou une pratique personnelle.
Très bonne journée à tous.
Pour répondre à « petit scarabée »:
Je suis d’accord pour dire que cette mode du Yoga en occident n’est pas entièrement négative. Elle à permis de faire connaitre et de mettre le Yoga à la portée de tous.
Il faut simplement garder en mémoire que ce que nous propose le Yoga c’est une démarche qui concerne tout notre être, et que ça ne peut et ne doit pas se limiter à une pratique seulement physique.
Cela dit, bien sûr, chacun est libre de ses choix, et ceux qui se sentent attirés par une pratique plus approfondie sauront y trouver leur compte. Justement, pour permettre cela, je crois qu’il est bon de faire des rappels de temps en temps sur ce qu’est le Yoga.
A ce sujet, j’ai trouvé recemment un bon article intitulé:
« Modern Yoga versus Traditional Yoga »
malheureusement en anglais ! Mais très bien documenté, avec de nombreux rappels historiques et traditinnels. je crois que c’est un document qui interessera les passionés de Yoga.
L’auteur sait de quoi il parle, il est swami et enseignant au USA et en Inde.
Voici l’adresse: http://www.swamij.com/traditional-yoga.htm (dans « yoga », vous trouverez le titre de l’article)
D’autre part ce site est très bien fait et enseigne beaucoup de choses sur la tradition du Yoga.
Namaste
OM
J.L.
Bonjour petit scarabée,
Lorsque le yoga a commencé à être proposé en fitness et sur vidéos/DVD, certains enseignants de yoga de mon école ont commencé à se faire du souci, craignant que les écoles traditionnelles soient boudées parce que plus chères ou moins « marketing », et parce qu’ils pensaient qu’ils allaient « perdre des élèves ».
Or il n’en a rien été: les écoles de yoga n’ont jamais autant été fréquentées que maintenant. Je suis moi-même allée pratiquer dans un fitness pour voir ce qui y était proposé. L’avantage que je voyais et je vois toujours à cette mode du yoga – qui est je le pense plus qu’une mode, un véritable besoin -, c’est que les horizons se sont ouverts. Chacun a pu trouver beaucoup plus facilement ce qu’il cherchait.
Ainsi aujourd’hui, « il y en a pour tout le monde ». Je le dis sans connotation négative. Si je regarde en moi-même, je peux dire très clairement qu’à 16 ans, je recherchais dans le yoga qqch d’un peu différent à ce que je recherche aujourd’hui.
Les occidentaux ont tendance à privilégier le « yoga du corps ». Ce n’est pas un mal. La perfection posturale, les alignements… cela développe une perception très profonde. C’est une excellente école d’ailleurs pour entrer en yoga. Combien de yogis occidentaux sont rentrés sur la voie du yoga par la porte du « yoga du corps » pour ensuite évoluer à leur propre rythme, vers une recherche personnelle, intérieure, voire même spirituelle ?
Ces mêmes enseignants de mon école, qui appréhendaient le changement, pensaient que le yoga allait se transformer, voire perdre son essence… or le yoga s’est toujours adapté avec le temps, les saddhus, pratiquants, enseignants, écoles… le yoga est vivant… et il n’a pas perdu son essence. Il est l’outil de l’Homme et il évolue, lui aussi, en fonction des besoins. Le chercheur spirituel trouvera toujours l’essence du yoga, quelques soient les modes et tendances.
Janet Stone a une très belle pratique. Elle contribue certainement à la transmission du yoga. Je n’ai vu que la démo en entrée de son site.
Merci à Jean-Louis pour la référence au site de Swamij qui est une des très riche référence en yoga… une mine d’infos.
Il m’arrive de rappeler sur ce blog le sens du mot yoga, son essence, son pourquoi, … c’est pour dire comme la devise du Québec « Souviens-toi ».
Bien cordialement
Michèle
A propos de la vague occidentale du yoga, on m’a transmis cet article du Nouvel Observateur, «Aux Etats-Unis, même au yoga, il faut être un winner » : http://tempsreel.nouvelobs.com/sport/20120314.OBS3762/aux-etats-unis-meme-au-yoga-il-faut-etre-un-winner.html
Bonjour Michèle, bonjour Jean-Louis et bonjour à tous,
grand merci d’avoir développé votre vision du sujet, vos lumières et pour les liens très intéressants.
Très bon w-e yogique.
Merci Michelle pour ton message plein de tolerance.
En effet le yoga est vivant, il à traversé les millénaires… alors gardons l’esprit positif.
De toutes façon ça reste une question de choix individuel, mais le mental humain est très influençable…
Merci de participer au « souviens-toi »
Namaste
OM
J.L.
Juste merci à tous pour la richesse de vos commentaires et références. J apprends beaucoup.
Namaste
arf désolée pour les fautes d’orthographe, c’est une catastrophe quand je ne me relis pas assidûment! 🙂
En effet ça ne fait jamais de mal de rappeler les bases. Merci pour ce « recentrage » Michèle. J’aime bien la question soulevée par Petit Scarabée, car, même si l’article date un peu, le débat est on ne peut plus actuel. Ce que j’en pense peut se résumer dans les propos de Michèle: « Combien de yogis occidentaux sont rentrés sur la voie du yoga par la porte du « yoga du corps » pour ensuite évoluer à leur propre rythme, vers une recherche personnelle, intérieure, voire même spirituelle ? » Je pense qu’effectivement, même ceux qui pousse la porte du yoga pour des raisons, a priori, d’ordre « physique » finissent par y trouver autre chose. Ou alors ils arrêtent le yoga et se mettent au pilate ou au fitness. Mais je pense vraiment que le yoga amène un jour ou l’autre un questionnement bien au-delà de l’apparence et du bien-être physique.
Bonjour Émilie,
Désolée pour cette réponse tardive.
Je vous suis tout à fait. J’avais déjà fait une réponse dans ce sens au Petit Scarabée. J’ai un ami aujourd’hui Swami… qui a commencé le yoga, il y a longtemps, parce qu’il avait mal au dos.
Il y a de la place pour tout le monde. Le nombre d’école permet à chacun de trouver la vibration, le ton, la pratique qui lui convient. SI le yoga commence par le corps c’est très bien. J’adore à ce propos ce qu’en dit Sarva Atma, dans cette petite vidéo :
C’est incroyable, ce développement du yoga aujourd’hui ! Il faut dire que le besoin est grand !
Namaste,
Michèle