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Alors même que Yoga et Ayurveda sont issus de la même tradition indienne, les programmes d’étude et d’approfondissement occidentaux en yoga ne laissent en général qu’une bien petite place à l’Ayurveda. Il faut dire que la Médecine Traditionnelle Chinoise (MTC) a été décrite et adaptée par les occidentaux dès le XVIIe siècle déjà, bien avant la médecine ayurvédique.

En Inde, à partir de la période des échanges Orient et Occident, dès le XVIe siècle, l’Ayurveda a été progressivement mis dans l’ombre, au profit de la médecine occidentale, tout en demeurant acquise aux couches populaires n’ayant pas accès à la médecine occidentale. Il a fallu attendre le renouveau de l’Ayurveda dans son propre berceau, l’Inde, dès le XIXe siècle, pour qu’il nous parvienne ensuite.
Yoga et Ayurveda plongent leurs racines dans les mêmes sources (Veda et Samkhya). Ils ont les mêmes fondements, ce qui rend leurs approches compatibles et très complémentaires. Aujourd’hui, le nombre de pratiquants du yoga explose littéralement et, très logiquement, l’intérêt pour l’Ayurveda croît d’année en année.

L’Ayurveda

L’Ayurveda, né il y a plus de 5’000 ans, est considéré comme l’une des huit subdivisions des Veda (Upa-Veda). « Ayush » signifie « Vie » et « Veda » signifie « connaissance », « science » ou encore, dans ce contexte « art » de la vie. L’Ayurveda est une médecine traditionnelle à part entière, qui compte huit branches, des méthodes de diagnostic, des protocoles de soins médicaux, dont de nombreuses cures, des conseils préventifs, des routines quotidiennes et une pharmacopée des plus élaborées. En médecine ayurvédique traditionnelle, le Yoga est encore prescrit, en association à d’autres protocoles de soins.

L’Ayurvéda fait la part belle à la prévention et au maintien de la vie en bonne santé : tout est mis en place en amont pour éviter la maladie et pour que l’individu s’épanouisse de façon équilibrée. Une personne en bonne santé est une personne saine, positive et pleine d’allant. Les anciens recueils de la « science de la vie » incluent les facteurs de santé et de maladie dans une vision large : «L’Ayurveda tient compte de tous les contraires, de ce qui convient et de ce qui nuit, du bonheur et de l’infortune, des raisons et des déraisons, des contraintes obligées par la loi et les penchants naturels.» Charaka Samhita 1.41. L’abord de la santé est énoncé d’emblée dans une approche holistique: « La bonne santé (ayus) se résume à la parfaite harmonie du corps, des organes sensoriels, du mental et du Moi (atman). » Charaka Samhita 1.42

medecin ayurvedique traite en bambou
Ayurveda et Yoga sont des sciences qui incluent d’emblée la dimension spirituelle, mais excluent toute limitation religieuse. Selon l’Ayurveda et le Yoga, la Conscience précède tout. Elle est à l’origine de l’Univers et de la Vie. La vie elle-même compte plusieurs dimensions : physique, énergétique, mentale, émotionnelle, intellectuelle, spirituelle. L’humain (microcosme) est une représentation de l’Univers (macrocosme).
Dans l’absolu, l’Ayurveda a pour but de procurer à chacun la santé globale et, de ce fait, les moyens d’atteindre les quatre buts de l’existence : Dharma, le devoir ou le fait de développer la vertu sur tous les plans, individuel et social ;  Artha, l’acquisition de biens matériels pour subvenir à ses besoins ;  Kama, la satisfaction des désirs du monde et des passions, et Moksha, la libération spirituelle ou salut. L’Ayurveda considère chaque individu comme une âme sur le chemin du retour vers la réalisation de sa vraie nature, qui est existence consciente, connaissance et félicité. Il prend chacun exactement là où il en est sur ce chemin, ni en-deçà, ni au-delà. Car c’est à partir de là, et seulement à partir de là, que  l’individu peut avancer dans ce voyage du retour au Soi, sur le chemin du Yoga.
C’est donc un travail profond, qui requiert de l’engagement – être vrai et lucide avec soi-même – et de l’humilité. La thérapie ultime de l’Ayurveda inclut la guérison de tous les plans de l’être, le corps, la psyché et l’âme. Le yoga offre des outils permettant de contribuer à cette transformation. Le Yoga est bien sûr la voie de l’Union, pour les yogis et les sages, prêts à recevoir et à vivre la vérité ultime de l’«Un», mais il est aussi une voie pour ceux qui souhaitent avancer vers le meilleur d’eux-mêmes. Le Yoga soutient leur être dans le processus du changement.

Les cinq éléments – une vision ayurvédique et yogique

Parce que le sujet est infiniment vaste, et que, dans le cadre de cet article, seul un éclairage partiel de la double approche « Yoga et Ayurveda » est possible, introduisons maintenant les cinq éléments (Pancha Maha Bhuta), un concept commun à ces deux sciences (il en existe bien d’autres).  La présentation est ici succincte et ne fait qu’exposer des principes de base.
La Nature est en échange perpétuel avec l’être humain, puisque l’Homme fait partie intégrante de son environnement. Ainsi l’Homme respire l’air, boit l’eau et se nourrit des fruits de son environnement. Ces échanges respectent une loi simple qui dit :

  • les qualités d’une substance, d’une énergie, seront augmentées, si on lui ajoute une autre substance (énergie) semblable ;
  • a contrario, les qualités d’une substance (énergie) seront diminuées, si on lui ajoute une autre substance (énergie) opposée.

L’environnement, le climat, les saisons, les relations, la nourriture, le style de vie, le travail, sont autant de facteurs qui influent sur l’individu. L’Ayurveda propose d’installer une interaction harmonieuse avec l’environnement, afin de jouir d’une santé optimale. Si cet équilibre est rompu, le mal-être, puis la maladie, peuvent s’installer. C’est une réalité cruciale, à prendre en compte, aujourd’hui plus que jamais.
Selon la philosophie du Samkhya, l’être humain est la réplique de l’Univers en miniature. Tous deux sont essentiellement constitués des cinq éléments (Pancha Maha Bhuta), soit: l’Espace (ou Ether, Akasha), l’Air (ou Mouvement, Vayu), le Feu (ou Energie radiante, Tejas), l’Eau  (ou Force de cohésion, Apas) et la Terre (ou Masse, Prithivi). La Nature et l’être humain échangent de la matière et de l’énergie, l’un avec l’autre. Si un individu manque de quelque chose, ce quelque chose existe forcément dans son environnement, car l’homme est issu de la Nature, et ce quelque chose peut rétablir le principe d’homéostasie en lui. La pratique du yoga offre d’innombrables opportunités pour prendre conscience, appréhender et équilibrer les cinq éléments.

L’Espace

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L’Espace procure la place pour la Manifestation du Monde. Il emplit toute chose,  y compris le vide. Il se déploie sans limite et dans toutes les directions. Dans le corps, l’Espace se traduit par l’espace-même de manifestation du corps. Il est en lien tout particulièrement avec la tête et le cou. Il inclut les orifices (bouche, narines), les cavités,  les organes creux (comme l’estomac, tout le tractus digestif), les espaces intérieurs, jusqu’aux espaces intercellulaires. Il gouverne le mental et les sens, ainsi que le système nerveux.  Il est associé au 5e Chakra, Vishuddha. De qualité subtile, il est en lien avec le sens de l’ouïe et la faculté d’expression. Sur le plan de la psyché, il est en lien avec le Rasa rare du Calme véritable (Paix), ou alors, il peut donner l’impression de vide intérieur, de tristesse, de solitude.

Quelques pratiques de yoga pour conscientiser  « Akasha »

Brahmari (respiration de l’abeille) et Ujjayi ; Jalandhara Bandha ; Nadanusandhana : l’écoute du son intérieur ; pratique régulière et soutenue de la méditation (Dharana) ; Asana : Sarvangasana (posture sur les épaules) et sa contre-posture, Matsyasana (poisson). Contemplation, visualisation, au niveau de l’espace de la gorge, du Yantra (outil, forme) de l’Ether : un croissant de lune argenté couché, à l’intérieur d’un cercle blanc. Le son et le chant sont particulièrement intéressants pour appréhender cet élément : Mantra, Japa, Bijas. Les Bijas sont des sons ; ils reprennent toutes les lettres de l’alphabet, ainsi que des syllabes chargées en énergie. Le Bija « Ham » gouverne l’élément Ether. Le chant des 18 voyelles sanskrites (18 pétales  du Vishuddha) est directement lié à l’Espace. « Om Ham Hum [1] » est une série de Bijas pour la purification de l’élément Ether au niveau de la gorge.

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Akash Mudra, la Mudra de l’Espace

L’Air

5 elements vayuL’Air est le Souffle de Vie ou Prana, qui se manifeste sous les formes de la respiration, de l’influx nerveux et de tout type de mouvement et de rythme : du péristaltisme à l’effort, et à la locomotion. Dans le corps, l’Air se retrouve dans la région du cœur, du thorax  et des bras. Il est le siège des appareils circulatoire et respiratoire. Prana se décline en 5 Vayus : prana (énergie qui va vers l’intérieur, dans le sens ayurvédique du terme), apana (énergie qui va vers le bas et l’extérieur, élimination), udana (énergie qui va vers le haut), samana (énergie centripète, assimilation), vyana (énergie centrifuge). Il est associé au 4e Chakra, Anahata. De qualités subtile, sèche et mobile, il est délicat : un rien change la direction du vent ! Il est en lien avec le sens tactile, la peau, et la faculté de préhension. Sur le plan de la psyché, il régit la pensée, l’imagination. Il est en lien avec le Rasa de la Peur et ses déclinaisons (anxiété, nervosité, souci, …).

Quelques pratiques de yoga pour conscientiser  « Vayu »

Tous les Pranayama ; Pavanmuktasana (série de mouvements articulaires) ; Asana : extensions dorsales, telles Ustrasana (chameau), Gomukhasana (tête de vache), Urdhva Dhanurasana (roue ou arc dirigé vers le haut) ; contemplation de l’hexagramme gris fumé (étoile à 6 branches ou étoile de David) dans l’espace du cœur. Le Bija « Yam » gouverne l’élément Air. « Om Yam Hum » est une série de Bijas pour la purification de l’élément Air au niveau du cœur.
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Vayu Mudra, la Mudra de l’Air

Le Feu

5 elements agniLe Feu gouverne la température propre à la vie, conduite par le sang, le métabolisme, la digestion, ainsi que la flamme de l’attention et celle de compréhension.  Le Feu est présent dans le milieu de l’abdomen, son centre est situé au niveau du nombril. Le Feu est le principe de conversion, de transformation. Il se rapporte aussi à toutes les envies irrépressibles, telles que boire, manger, et à la passion. Associé au 3e Chakra, Manipura, le Feu manifeste les qualités chaude, subtile et aiguisée. Il est en lien avec le sens de la vue et la faculté de locomotion. Sur le plan de la psyché, le Feu régit l’intelligence cérébrale, la discrimination. Il est en lien avec toutes les passions, ainsi que les Rasas suivants et leurs déclinaison : Joie (humour, sarcasme, …), Emerveillement (surprise, curiosité) et Colère (irritation, jalousie, furie, …).

Quelques pratiques de yoga pour conscientiser  « Tejas »

Bhastrika Pranayama (soufflet) ; Uddiyana Bandha et Nauli ; Asana : (Ardha) Navasana (bateau), Surya Namaskar (salutation au soleil).  Tratak  (fixation de la flamme de la bougie ou d’un autre support) ; techniques de concentration et de visualisation (Yantras, Mandalas, …), comme par exemple la visualisation, dans l’espace du nombril, du Yantra du feu : le triangle inversé rouge. Le Bija « Ram » gouverne l’élément Feu. « Om Ram Hum » est une série de Bijas pour la purification de l’élément Feu dans le chakra du nombril.

surya mudra 350Surya Mudra, la Mudra du Feu

L’Eau

5 elements apasL’Eau se retrouve dans les fluides corporels, le plasma, la lymphe, la salive, le sperme, l’urine, la sueur, le mucus, le liquide interstitiel, … Présente dans le bas-ventre, les hanches et les fessiers, elle constitue la force de cohésion, de croissance. Elle soutient la physiologie et les échanges. L’Eau est associée au 2e Chakra, Svadhisthana. De qualités froide, humide et douce, l’Eau est en lien avec le sens gustatif, la langue, et la faculté de reproduction. Sur le plan de la psyché, elle gouverne l’émotivité, la douceur, la tendresse, l’attachement, l’égoïsme. L’Eau est en lien avec les Rasas suivants et leurs déclinaisons : Amour (beauté, sentiment esthétique, dévotion), Courage (héroïsme, détermination, confiance), Tristesse (compassion, pitié, sympathie) et Dégoût (dépression, insatisfaction et auto-apitoiement).

Quelques pratiques de yoga pour conscientiser  « Apas »

Pranayama rafraîchissants tels que Sitali (rafraîchissante) et Sitkari (respiration qui produit le son « shit ») ; pratiques de relaxation, telles que le Yoga Nidra ; Asana : Salabhasana (sauterelle), Supta Baddha Konasana (angle lié couché) ;  contemplation du Yantra de l’Eau : un croissant de lune bleu ciel, au niveau de l’espace du bassin. Le Bija « Vam » gouverne l’élément Eau. « Om Vam Hum » est une série de Bijas pour la purification de l’élément Eau dans le Chakra sacré.

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Jala Mudra (Varuna Mudra), la Mudra de l’Eau

La Terre

5 elements prithiviLa Terre représente la matière constitutive des tissus : les os, les cartilages, les ongles, les cheveux, les dents, la peau, … Présente du bas des cuisses jusqu’aux pieds, elle gouverne la stabilité, la forme, la taille et la solidité. La Terre est associée au 1er Chakra, Muladhara. De qualités lourde et grossière, la Terre est en lien avec le sens olfactif, le nez, et la faculté d’élimination. Sur le plan de la psyché, elle  instille la confusion et développe la propension à l’attachement et à la complaisance, ainsi que la léthargie et l’inertie.

Quelques pratiques de yoga pour conscientiser  « Prithivi »

Asvini Mudra (geste de la jument)  et Mula Bandha (ligature de la base) ; pratique posturale soutenue, globale et régulière ; tenue prolongée des postures ; postures d’assise prolongée: Padmasana (lotus), Siddhasana (posture de l’adepte), Sukhasana (posture aisée, jambes croisées), toutes les postures debout et les équilibres développent la stabilité. Contemplation du Yantra de la Terre, le carré jaune, en Muladhara. Le Bija « Lam » gouverne l’élément Terre. « Om Lam Hum » est une série de Bijas pour la purification de l’élément Terre dans le chakra coccygien.

prithivi mudra 350Prithivi Mudra, la Mudra de la Terre

A propos de l’approche Yoga et Ayurveda

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L’école de yoga Yogamrita propose des modules courts de post-formation sur 4 à 6 jours, ainsi qu’une post-formation longue sur 2 ½ ans. L’objectif de cette dernière est de permettre à l’enseignant d’expérimenter, puis de s’approprier la pédagogie du yoga intégral avec l’approche ayurvédique, puis de l’enseigner à ses élèves. L’enseignant, grâce aux solides connaissances qu’il aura acquises, pourra aussi  prodiguer des consultations ayurvédiques de base : détermination la Prakriti et la Vikriti de ses élèves (constitution/déséquilibres), conseils en matière d’hygiène de vie, d’alimentation et de pratique adaptée du yoga.

[1] « Hum » se prononce « Houm » avec un « h » aspiré.

Michèle Lefèvre. Article publié dans FIDHY Infos n°76.

Version pdf de l’article dans FIDHY INFOS 

 

Michèle Lefèvre Granclément

Le Yoga m'accompagne au quotidien depuis longtemps et je le transmets depuis 1991. La méditation et la pratique des différents aspects du Yoga Intégral, les rencontres sur le chemin, et l'étude des textes sacrés / philosophiques, sont mes sources d’inspiration. L'amour de la Nature et l'approche holistique de la santé, depuis l'enfance, m'ont conduite à mettre en pratique conjointement les sagesses de l'Ayurveda et du Yoga, puis à étudier leurs synergies. La Joie et l'évidence de la transmission de ces voies sœurs découlent de cette expérience de Vie.

7 Comments

  • Robert dit :

    Bonsoir Michèle,
    A vrai dire, j’ai plus été porté vers la physiologie des cinq mouvements taoïstes qui m’a permis de vivre et comprendre comment fonctionne l’alchimie interne vue par la civilisation chinoise. Tout y est subtil, bien agencé, où chaque partie cadre parfaitement avec le tout. On n’imagine pas les Chinois décrire les mystère de notre accession à l’au-delà de la dualité, sans une expérience intérieure profonde et extrême. Moins connue, l’alchimie arabe et occidentale est tout aussi subtile et profonde. Elle cadre aussi avec les descriptions chinoises. Etonnant, non ? Hé bien, non ! Il n’y aucune raison que cela soit différent car, plus nous rentrons à l’intérieur, au centre des choses et des êtres, plus les lieux communs de l’humanité s’y révèlent. Ils sont décrits différemment selon les époques, les cultures et les langues, c’est tout.
    Et puis, avec la reprise du yoga, les quelques échanges que nous avons eus, je me suis « mis aux chakras ». Les mouvements alchimiques n’y sont pas rapportés tels quels, ce n’est apparemment pas l’objet de la civilisation indienne. Mais à y regarder de plus près, c’est à ce point éclairant que je me mets maintenant à penser l’alchimie interne en termes de doshas ! J’oriente ma modeste pratique d’asanas, que je vis comme une prolongation de la méditation sous une autre forme, dans ce seul but.
    Vatta, pitta et kapha sont les trois éléments fondamentaux du mélange, de la transformation et de la visualisation-mort intérieure, comme l’est le souffle ou air de l’œuvre au blanc, le feu de l’œuvre au rouge et l’eau de l’œuvre au noir. Je ne vais pas rentrer dans les détails, un blog n’est pas le support adéquat pour ce genre de développement.
    Je constate que les indiens ajoutent prithivi, la terre et akasha, l’éther-espace. La terre est le support structurel de la cuisson alchimique : il faut bien un chaudron pour cuire la soupe. L’éther-espace ou univers macrocosmique est ce à quoi s’identifie par comparaison le microcosme corporel. Si nous agissons sur trois éléments, il en faut bien cinq.
    Mais pour aboutir à quoi ? Regardons ces étapes de plus près. Entre le périnée et la gorge se logent les cinq éléments qui nous enferment dans la dualité. Le périnée est le plancher de la pensée, la gorge, le plafond. L’au-delà de la dualité commence après franchissement de la porte de la gorge, au-delà du microcosme terrestre et du macrocosme universel. C’est l’accession à l’œuvre au rouge où le feu dit spirituel, inné et incréé, répond au feu élémentaire, acquis et créé de manipura. C’est dire que tout ce qui se fait dans le tronc se répercute immédiatement dans la tête. Le mystère de l’alchimie est insondable : ce que nous opérons dans un endroit se concrétise dans un autre ! Figurez-vous qu’un soin médical montre exactement la même chose : là où le traitement est appliqué n’est pas du tout là où la guérison se réalise. Et encore : là où nous pratiquons le yoga n’est pas du tout là où le yoga se finalise.
    Pour concrétiser, réaliser, finaliser, nous devons accepter l’impensable : nous appliquons une procédure sans rien savoir d’où nous venons où nous allons, ce que nous produisons et quel sera le chemin. Les effets du mystère sont les seuls choses qui nous sont accessibles. Il ne nous appartient pas de savoir quoi que ce soit de lui.

  • Michèle dit :

    Merci Robert pour cette belle réflexion.
    Hé oui… nous pratiquons, pensant améliorer peut-être quelque chose en nous ici ou là… et, in fine, nous constatons une transformation, sur un tout autre plan. C’est la part du mystère alchimique du yoga.
    Les pratiques de yoga nous prennent là où nous sommes. Elles ont pour but la transformation. Elles nous emmènent au-delà de nos limitations, sur tous les plans. Le yoga nous conduit à frôler ces limites, afin de découvrir que le monde, et nous-mêmes, sommes au-delà des limites que le mental avait balisées.
    Lorsque l’on pratique, le mental rationnel peut s’avérer réducteur. Or il est inutile de chercher à tout comprendre, et à vouloir tout baliser, car il demeure une part de MYSTÈRE qui laisse l’ouverture à tous les possibles… Il y a une part d’action/effets de la pratique qui ne s’explique pas… L’objectif de la pratique est de nous mettre en relation avec l’Univers (la Conscience, le Divin) micro- et macrocosmique, et de nous permettre d’expérimenter l’inexplicable, ce qui nous dépasse…
    Mais ce n’est qu’après coup, avec le recul, que nous comprenons cela.
    Ce qui est beau, c’est que le débutant, qui sort de son premier cours de yoga, sent déjà profondément à quel point la pratique lui fait du bien, sur d’innombrables plans. Il y reviendra tôt ou tard.

  • Robert dit :

    Bonjour Michèle,
    Je rebondis sur votre mot Univers…
    En rentrant dans mon histoire familiale sur plusieurs générations, je découvre qu’elle est faite de fuites, ruines, massacres, confiscations de bien, persécutions morales, exils. Bon, j’assume ça, les répercussions sur mes déséquilibres émotionnels, mes maladies, l’organisation de ma pensée. A force de travail intérieur, je m’en libère petit à petit. Puis, un jour, je discute avec une collègue Polonaise. Elle me raconte sa propre histoire familiale entre les Allemands qui les massacrent et les Russes qui les déportent au Goulag. Il y a 7 ans, j’ai eu l’occasion d’accompagner une dame de 78 ans qui a revécue ses angoisses d’enfant pendant la 2e guerre mondiale. J’ai alors une compréhension soudaine. Mon histoire familiale n’est pas si particulière que ça. Elle se confond avec celle du monde qui est émaillée de conflits et guerres récurrents. Je me dis : par nos conditionnements, nous appartenons bien à l’univers, mais pas n’importe lequel, notre univers terrestre tel qu’il est conditionné par la dualité de la haine et de l’amour. Nous avons beaucoup de mal à sortir de cela, à enraciner un commencement, non pas dans les ténèbres pour aller vers un semblant de lumière, mais dans celle-ci même pour rester en elle. La mort récente d’une politique connue que je ne veux pas nommer par respect pour sa mémoire, est venue réactiver cette réalité qui reste en plein dans cette identification au mal et à la souffrance. Cette mort, la manière dont elle a été médiatisée, est venue conforter ce que je vous écris. Elle est venue toucher de plein fouet ma prise de conscience. Personne donc n’a pu approcher cette femme pour lui dire que la lumière existe ? Ca peut vous paraître ridicule, voire fou, mais je vis cela comme un échec de mon humanité.
    Et le yoga dans tout ça ? Je ne sais pas pour les autres, mais cette alchimie, sur laquelle je reviendrais avec les doshas, est uniquement en entièrement tournée pour nous enraciner dans la lumière, se commencer et revenir constamment en elle.
    Nous recréons l’univers en nous, mais pas n’importe lequel, un univers où la lumière-d’en-haut prédomine, restaure, aime ; je dirais aussi : là où elle est le plus grand agent thérapeutique, le seul d’ailleurs où le mot guérison prend sens.

  • Robert dit :

    Je viens de lire le Timée de Platon qui décrit les cinq éléments qui constituent la physiologie de l’homme : l’éther en haut, la terre en bas et, entre les deux, le feu, l’eau et l’air. Chez Platon, toute la physiopathologie des maladies est construite à partir de cette base physiologique.
    Voyez-vous, ça m’étonnerait fort que Platon ait été en Inde pour recevoir la transmission des chakras.
    Conclusion : quand on va à l’essentiel, toutes les civilisations se retrouvent dans les mêmes fondamentaux.
    Rien de nouveau sous le soleil !

  • Delau dit :

    Om mani pad me hum…
    OM SHANTI….
    MERCI.

  • Renata dit :

    Bonjour Michèle, un grand merci pour cette publication permettant d’assembler encore un peu plus quelques unes des pièces du riche puzzle qui nous sommes. ça ouvre des nouvelles perspectives, des nouvelles questions, notamment ça me fait penser aux couleurs et à la litho thérapie, le rapport aux chakras à ses sons et cette gestuelle des mudras que m’a toujours interpellé et que j’aimerais approfondir. Je pense que j’ai trouvé en votre blog et votre enseignement de quoi faire encore quelques pas dans ce sens. Je l’ai étudé, en guise de préparation de pré-rentrée pour moi à votre Maison du Yoga à venir bientôt et que j’attends avec bonheur. Bien amicalement, et un grand Namasté ensoleillé.

  • Michèle dit :

    Merci Renata,
    Pour vos mots…
    Chaleureuses pensées de Bretagne.
    Namaste,
    Michèle

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