Le Yoga n’est pas une religion. C’est une pratique de vie et une philosophie.
Néanmoins, le Yoga est né dans un contexte socioculturel et religieux qui aide à mieux comprendre son essence. C’est pourquoi, les deux prochains articles sont consacrés à l’hindouisme. Ils résument une conférence de Jean Herbert, intitulée « Qu’est-ce que l’hindouisme ? », donnée le 8 février 1978 au Centre Universitaire Méditerranéen (Nice).
L’hindouisme, appelé Sanatana Dharma, ou « Loi éternelle » par les hindous, est une religion qui ne possède pas de fondateur, et donc ni dogme, ni hérésie possible. Par conséquent, les hindous respectent ce que croit autrui et font preuve d’une immense tolérance.
La base de l’hindouisme est constituée par une énorme masse d’écritures sacrées sur laquelle les Veda, considérés comme antérieures à la création du monde, jouissent d’une autorité absolue. Ses hymnes sont l’expression par des sages de lois qu’ils ont vues dans des visions mystiques et ces lois ne sont autres que celles d’après lesquelles le monde a été créé.
Tout au long des siècles, les hindous se sont attachés à découvrir les sens cachés des Veda. Ainsi sont nées des écoles de recherche philosophique qui offrent des « points de vue » (Darshana) complémentaires d’étude de la même vérité, trop vaste pour être saisie lorsqu’on l’aborde sous un seul de ses aspects.
D’autre part, des sages, sur la base de leur expérience mystique personnelle, ont découvert de plus en plus de significations cachées qui enrichissent et ne peuvent contredire les précédentes.
L’hindouisme ne suit pas la logique binaire de l’occident ou logique des incompatibilités, mais celle des complémentarités. Par exemple, au lieu d’opposer chaud et froid, haut et bas, les hindous y voient deux aspects complémentaires et indissociables de la température et de l’espace.
L’hindouisme explique plusieurs cosmogonies qui paraissent contradictoires. Mais, comme la Vérité ou Dieu échappe à la compréhension du mental humain, qui ne peut s’en représenter qu’un aspect partiel, les vues des grands sages n’en sont pas moins «vraies».
Toutes ces cosmogonies visent à représenter le passage progressif de l’Unité à la Multiplicité. Cette opposition/complémentarité fondamentale entre Brahman (l’Absolu) et Mâyâ (la Manifestation) se retrouve dans pratiquement toutes les sectes et écoles.
De l’Absolu émane cycliquement le monde lors de la création et c’est en lui que se résorbe le monde lors de sa dissolution.
Brahman, Vérité ultime, se situe au-dessus de Mâyâ et ne peut admettre aucune dualité entre Créateur et création.
Les écoles philosophiques ne se différencient que par le degré de réalité qu’elles reconnaissent à la Manifestation. C’est dans ce monde de la Manifestation qu’existent les dieux personnels.
L’hindouisme est à la fois une religion polythéiste et une religion monothéiste, qui reconnaît uniformément l’existence d’un Dieu unique. Mais l’hindou Le juge trop vague et trop lointain pour être abordé. Aussi préfère-t-il Le concevoir sous l’un ou l’autre de ses nombreux aspects.
Le Dieu unique est envisagé sous les trois aspects, indissociables à toute action, de:
- Créateur (Brahmâ),
- Conservateur (Vishnu)
- Destructeur (Shiva).