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Les Bandhas s’apprennent avec un professeur, et non seul. Cet article est un complément d’information pour les personnes initiées ou en complément d’apprentissage. Mais le premier exercice proposé en fin d’article est une approche: il peut être pratiqué par tous. On peut aussi remplacer Mula Bandha par Ashwini Mudra, qui est plus aisé.

yogamrita mula bandha 180
Qu’est-ce que Mula Bandha

Mula Bandha (écrit parfois Moola Bandha) signifie « verrou du Muladhara » ou ligature du « Chakra racine », le premier Chakra, qui se trouve à la base de la colonne vertébrale. Les Bandhas sont considérés comme des pratiques avancées en yoga.

Le Muladhara Chakra est en lien avec les fondements de l’être humain (force de vie, énergie vitale) et ses énergies primordiales (il est le siège de la fameuse énergie Kundalini).  En lui, on situe les instincts: survie, besoin de sécurité, le rapport aux choses matérielles et aux aspects concrets de la vie, à la sexualité, le lien avec la terre, les racines. En lui  se trouve donc l' »animalité » de l’homme, mais aussi son équilibre physique et psychique.

Le plancher pelvien est aussi une « porte de sortie » essentielle à la vie. C’est là que l’on retrouve les énergies « Apana » d’élimination des déchets de l’organisme… mais en Yoga, on explique aussi que l’énergie, si son niveau n’est pas entretenu, ou encore si, plutôt que de chercher une certaine élévation de la conscience, on se perd, soit dans la dépression psychique, ou soit dans des envies disproportionnées de satisfaire ses bas instincts, l’énergie se disperse par les portes du bas… « on se vide alors de son énergie ».
Mula Bandha sert entre autres à contrer ces tendances négatives. Il participe à privilégier l’élévation de la conscience. Le simple fait de prendre Mula Bandha modifie l’état intérieur et donne une impulsion verticale en direction des chakras supérieurs…

Autres articles à propos des Bandhas sur le blog

– A propos des Bandhas
– Uddiyana Bandha
– Ashvini Mudra, « le geste de la Jument », une préparation à Mula Bandha

Mula Bandha selon les sources et enseignements

Je partage ici quelques explications, qui diffèrent un peu les unes des autres, car elles sont issues d’écoles différentes. Le but n’est pas de créer la confusion, mais d’élargir sa propre compréhension et la vision de chacun.

Comme vous l’aurez certainement déjà constaté, j’ai tendance à faire des recherches et à mettre en parallèle différents enseignements. Et je dois dire que depuis que je rencontre systématiquement pas mal d’enseignants dans mes stages… je suis confrontées à ces variantes et parfois à des réelles divergences de pratique, qu’il me faut comprendre. J’ai, depuis, encore plus de curiosité à rechercher, et à essayer de comprendre en testant pendant ma pratique quotidienne…

Globalement, on peut dire que l’effet recherché, avec Mula Bandha, est essentiellement énergétique: Mula Bandha induit une montée de l’énergie. Mula Bandha permet de contrecarrer la tendance d’Apana (l’énergie vitale qui a tendance à aller vers le bas). On fait remonter Apana, afin qu’il s’unisse à Prana (l’énergie vitale ascendante).
Suivant les sources, Mula Bandha est une contraction qui concerne : le muscle releveur de l’anus, les muscles du plancher pelvien et du bas-ventre, ainsi que le sphincter anal externe et interne.
Christine Campagnac-Morette:
Christine Campagnac-Morette, depuis 1974, s’est orientée vers la yogathérapie, à la suite de sa rencontre avec le Swami Anandanand (1902-1991), qui était président du Centre Gouvernemental de Recherche et Traitement Yogiques de Jaipur. Voici ce qu’elle écrit sur la technique de Mula Bandha:

« Durant chaque apnée respiratoire, en rétention à poumons pleins comme en rétention à poumons vides, remonter fermement les sphincters du rectum, de la vessie et, pour les femmes, du vagin. » [6]

D’autres précisions et recommandations sont proposées ci-dessous.
Swami Satyananda Saraswati: 
Selon Swami Satyananda Saraswati, Mula Bandha consiste en la contraction de la zone du périnée.

mula bandha2

La zone contractée n’est bien sûr pas exactement la même selon le sexe:

  • chez l’homme: relèvement du périnée, entre les organes génitaux externes et l’anus, dans le sens des flèches de l’image ci-dessus.
  • chez la femme: contraction du col de l’utérus, dans le sens des flèches. Cela s’obtient avec un effet d’aspiration du vagin vers le haut.

Selon lui, Mula Bandha ne nécessite pas la contraction de l’anus, contrairement à Ashwini Mudra (le verrou de la jument, écrit parfois Asvini Mudra). Il existe une confusion entre les deux, ajoute-il. Voici sa traduction de la Hatha Yoga Pradipika au sujet de Mula Bandha:

« Quand on appuie sur le périnée/vagin avec le talon, en contractant le rectum, de sorte qu’apana vayu se dirige vers le haut, cela s’appelle mula bandha. (61)
Par la contraction du périnée, l’apana vayu qui, normalement se dirige vers le bas, est contraint de monter. Les yogis appellent ceci mula bandha. (62)
Appuyez fermement le talon contre le rectum et contractez avec force et de façon répétée, pour que monte l’énergie vitale. (63) »

Hatha Yoga Pradipika (chapitre III) [3]

« Quand les muscles du périnée sont contractés, tout le plancher pelvien remonte. Dans le texte, on nous dit d’exercer une pression sur la région périnéale/vaginale ou «yoni», et de contracter le rectum. Le mot gudam indique le «rectum» ; mais il signifie aussi: anus, intestins ou la partie inférieure de l’intestin. Cependant, il faut comprendre clairement que dans Mula Bandha, il ne doit absolument pas y avoir de contraction anale. » [3]

Malek Daouk:
Voici encore une description, celle de Malek Daouk (Viniyoga) dans « Yoga et Médecine, manuel pratique ». Pour lui aussi, il n’y a pas de contraction des sphincters anaux:

« Lors de l’apnée poumons dits vides, après une expiration profonde, il faut faire un mouvement d’inspiration, sans laisser pénétrer d’air dans mes poumons. Cette action est dite inspiration bloquée ou inspiration à vide. La rétractation abdominale qui s’ensuit ne doit pas porter sur le haut de l’abdomen, ni faire saillir les muscles grands droits comme dans uddîyâna bandha  [Nauli?]. Elle se limite à la rétractation de la partie comprise entre le pubis et l’ombilic et à la partie antérieure du plancher pelvien. Cette zone du plancher pelvien doit donner l’impression d’être « aspirée vers le haut ».
Après quelques secondes de maintien en apnée, il faut relâcher et prendre une respiration avant de recommencer l’exercice. » [7]

Swami Vishnu-devananda à propos de Mula Bandha:

« Asseyez-vous sur une couverture pliée. Appuyez sur le périnée avec le talon gauche et placez le talon droit sur cuisse gauche comme dans « sidhasan ».
Contractez le sphincter anal avec force pendant que talon gauche appuie contre le périnée. En contractant les muscles, tirez « apana » vers le haut en contractant les muscles abdominaux et unissez-le avec le «prana» à l’aide de «jalandhara bandha» [=contraction de la gorge: article à venir], On pratique « jalandhara banda » et « moola bandha » simultanément durant « kumbaka » 0u rétention du souffle, afin d’unir « prana » et « apana ».
On utilise ces deux «bandhas» dans la pratique du « pranayama » avancé […]. » [4]

Je me souviens que dans les centres Sivananda on m’a précisé de contracter le sphincter anal externe, puis interne, c’est-à-dire en allant progressivement vers le plus profond, ce qui induit un mouvement ascendant de l’énergie.
Dans son texte, Swami Vishnu précise de pratiquer simultanément Mula Bandha et Jalandhara Bandha. Dans certaines écoles on n’envisage pas l’un sans l’autre, notamment pour l’inspiration: comme l’énergie monte avec Mula Bandha, il faut la canaliser en haut, pour éviter que Prana ne se perde par le haut, à cause de la montée d’Apana, via Mula Bandha (et, le cas échéant, avec Uddiyana Bandha). Il se crée alors deux mouvements contraires d’énergie, vers le haut et vers le bas, qui se rencontrent en principe au niveau du Manipura Chakra.
NB: En cas d’éveil d’énergie, même partiel, il convient de bien canaliser toute l’énergie avec les 3 Bandhas. Heureusement, les Bandhas se mettent en principe en place automatiquement, dans de tels cas.
Christian Tikhomiroff:
Christian Tikhomiroff propose une description légèrement différente de Mula Bandha en Natha Yoga… et cela est probablement dû à l’usage intensif qui en est fait en Natha Yoga:

  • La contraction anale se fait au niveau du sphincter anal externe seulement
  • Mula Bandha n’est pas maintenu avec force comme proposé plus haut, il est un peu plus léger, plus subtil
  • Christian Tikhomiroff propose en général de maintenir le Bandha en continu (comme par exemple pendant la pratique de plusieurs Asanas)
  • … et même dans la vie au quotidien… mais, je pense que plusieurs yogis l’auront constaté, cela vient assez naturellement, une fois que la pratique est bien installée. Le Mula Bandha procure alors une qualité de présence très particulière et une grande énergie.

Voir aussi les explications énergétiques de Swami Sivananda, qui a été le maître des deux Swamis que j’ai cités plus haut:
Swami Sivananda à propos de Mula Bandha:

« Le talon gauche étant appuyé contre l’organe génital, placer le talon droit à l’endroit juste au-dessus de cet organe, puis contracter le sphincter (muscle circulatoire) de l’anus, en aspirant vers le haut l’Apana Vayu. Ceci s’appelle Mula Bandha. L’Apana Vayu, qui est responsable de l’éjaculation et l’excrétion, a naturellement tendance à descendre. Par la pratique de Mula Bandha, l’Apana Vayu est obligé de se tourner vers le haut du corps. De cette manière, l’Apana Vayu est uni au Prana (énergie vitale). Le Prana et l’Apana unis se dirigent dans le Shushumna Nadi. C’est à ce moment que le yogi atteint la perfection dans le yoga. [Swami Sivananda explique alors l’éveil de la Kundalini et précise:] Cette plus haute étape ne peut pas être atteinte la première fois. On doit pratiquer le Mula Bandha pendant une longue période.
La perfection dans la pratique des Pranayamas s’acquiert avec l’aide des Bandhas et des Mudras. L’entraînement dans le Mula Bandha permet un parfait contrôle séminal, donne de la vigueur nerveuse (Dhatu Pushti), soulage la constipation et augmente la chaleur digestive. Durant la pratique de la concentration, de la méditation, des Pranayamas et de toutes les autres activités yogiques, on peut ajouter le Mula Bandha. » [5]

Les explications et exercices qui suivent ne sont que des compléments à l’apprentissage avec un professeur. Quoiqu’il en soit, maîtriser Mula Bandha, c’est pouvoir le tenir sur la durée. Or au début, il relâche sans que l’on s’en soit rendu compte. La meilleure façon d’apprendre sera de… répéter, répéter, répéter. Progressivement, on arrivera à le tenir plus longtemps.

(1) Première approche assise

Se tenir dans une position assise confortable et adaptée: le dos est droit, les épaules sont détendues et les genoux sont appuyés au sol.

Si:

l’on penche en avant, ou
l’on sent que l’on s’arrondit, ou
le plexus solaire (ventre) est contracté, ou
les genoux ne touchent pas le sol,

placer un ou plusieurs coussins sous les fesses, jusqu’à ce que la posture soit correcte.
Dans cette posture immobile, goûter et ressentir, explorer ce qui est donné de vivre. Conscientiser ensuite le triangle que forme la base au sol. Visualiser et ressentez intérieurement le lieu du Mula Bandha, SANS le contracter. Le visualiser comme un point lumineux. Puis, à partir de ce point, ressentir la colonne vertébrale qui s’élève, la visualiser comme éclairée de l’intérieur. La suivre, jusqu’au point entre les sourcils. Recommencer plusieurs fois le circuit.

(2) Apprentissage de Mula Bandha au sol

Allongé, jambes pliées et pieds au sol à quelque distance l’un de l’autre, genoux écartés de même.
Synchronisation avec la respiration:

  • Sur une lente inspiration, pousser progressivement les pieds contre le sol. Soulever légèrement le pubis tout en contractant les fessiers (le creux du dos disparaît). Rester une ou deux secondes poumons pleins et observez comment Mula Bandha s’est installé automatiquement. Le point de naissance de la colonne vertébrale est comme légèrement aspiré dans la colonne vertébrale.
  • Sur l’expiration redéposer doucement le bassin au sol. Le dos se creuse légèrement, naturellement. Recommencer encore quelques fois l’exercice.

Si la pratique de Mula Bandha ne semble pas claire, ou qu’elle paraît difficile, faire Asvini Mudra (contraction de l’anus) à la place.

(3) Mula Bandha en Baddhakonasana (posture de l’angle lié)

Prendre Baddhakonasana: assis, plantes des pieds l’une contre l’autre, attraper les pieds, se redresser en déployant le tronc dans toute sa longueur. Puis pratiquer l’exercice suivant:

Prise de conscience de la base. L’assise se fait sur le sommet des ischions (pointes des fesses).
Puis, bascule légèrement et très lentement en arrière à partir de l’appui du bassin au sol,  « la base  » (les ischions roulent légèrement vers l’avant). Rester en équilibre et ouvrir la poitrine vers l’avant (le dos ne s’arrondit pas).
Respirer quelques fois ainsi, en prenant conscience de la région du périnée et de la force subtile qui entre en action pendant ce mouvement. Localiser la zone du Mula Bandha et accentuer sa contraction que la position a déjà esquissée. Puis relâcher la contraction. Recommencr la contraction quelques fois, afin de bien la sentir.
Revenir doucement à la position initiale, en roulant sur le sommet des ischions.
Recommencer encore une fois le mouvement de recul et d’avancée, très lentement.
Puis reprendre Baddha Konasana, en se campant bien sur le sommet des ischions, dos redressé, poitrine en avant. Pratiquer Mula Bandha une dernière fois, les yeux fermés. Visualisez mentalement comme un point lumineux, et ressentir intérieurement, le lieu du Mula Bandha. Puis, à partir de ce point, visualiser la colonne vertébrale qui s’élève, comme éclairée de l’intérieur. La suivre jusqu’au point entre les sourcils. Puis, relâcher doucement, sur une expiration…

Quand pratiquer: quelques exemples

Asana:
Pendant certaines postures telles que: Maha Mudra, pendant l’expiration ou l’inspiration (… encore une fois, c’est une question d’écoles)

ou Bhujangasana (Cobra), pendant l’expiration ou l’inspiration ou en continu (… même remarque) ou selon conseils de votre professeur de Yoga.

Pranayama:
Pendant les rétentions en Pranayama:
Apprendre pendant les rétentions poumons vides est plus facile au début (il y a moins de pression).
Pendant les rétentions poumons pleins, c’est très énergisant et réchauffant. Attention de ne pas dépasser ses limites; rester dans la fluidité et la détente…

Ujjayi, différentes possibilités:

  • Pour bien commencer l’apprentissage de Mula Bandha en Pranayama, le faire pendant les expirations
    • On le prend de façon fluide, dès le début de l’expiration,
    • puis on le relâche en douceur après la fin de l’expiration.
  • Si on pratique Ujjayi avec des rétentions poumons vides, on peut aussi le prendre pendant les rétentions:
    • On prend Mula Bandha en début d’expiration,
    • On le maintient pendant la rétention poumons vides, tout en tirant l’énergie vers le haut (ventre (Manipura) ou cœur (Anahata Chakra))
    • Puis on relâche en douceur Mula Bandha en fin de rétention poumons vides.
  • Si on maîtrise bien Mula Bandha sur l’expiration, on peut alors apprivoiser cette technique, plus fine et énergisante, avec une courte rétention poumons pleins, sur le rythme 10:5:10:0 [1]  (ou mêmes proportions sur un compte plus adapté) :
    • Prendre Mula Bandha aux 2/3 de l’inspire (10)
    • Retenir le souffle et Mula Bandha pendant quelques secondes (5)
    • Expirer avec Mula Bandha (10)
    • Relâcher Mula Bandha en fin d’expirer

Anuloma Viloma (respiration alternée), pendant la rétention poumons pleins (Antara Kumbakha)

Kapala Bhathi: Rétention d’air poumons pleins (Antara Kumbakha), après un cycle Kapala Bhati
Ou pendant l’inspiration: prise progressive du Bandha pendant toute la durée de l’inspiration.

Effets

Il a été déjà question de ses effets sur l’énergie, Apana et son rôle dans l’éveil de la Kundalini et sa montée.
En outre, Mula Bandha a des effets sur certaines fonctions:

  • Agit sur la circulation de la région pelvienne (intestins, organes génitaux et urinaires)
  • et le système nerveux (parasympathique) de la région pelvienne
  • Mula Bandha induit le calme général de l’organisme
  • et participe au contrôle de la sexualité
  • Stimule la concentration et la volonté.

Contre-indications

Mula Bandha est contrindiqué en cas d’hypertension, de maladie cardiaque, d’hyperthyroïdie.
Oups… là j’ai fait vraiment très long dans mes recherches… Merci pour votre lecture 😉
Namaste

Notes:
[1] 10:5:10:0 : ceci exprime en nombre de secondes ou de Matras des 4 phases de la respiration:

l’inspire
la rétention à plein
l’expire
la rétention à vide.

Les rapports (durées proportionnelles) sont importantes, bien plus que les durées. Il est donc possible de raccourcir les phases, par exemple 8:4:8:0 ou de les allonger avec par exemple 12:6:12:0.
[2] Le Matra est une unité de mesure. En yoga, on dit qu’elle est un peu plus longue que la seconde (« le temps nécessaire pour faire avec l’index un tour de son genou puis claquer du doigt’). On dit aussi qu’un Matra est le temps nécessaire pour prononcer une voyelle courte de l’alphabet sanskrit.
Bibliographie:
[3] Hatha Yoga Pradipika, Commentaires de Swami Satyananda Saraswati, Éditions Satyanandashram
[4] Le Grand Livre Illustré du Yoga, Swami Vishnu-devananda
[5] Yoga de la Kundalini, Swami Sivananda, EPI Editeurs, 1973
[6] Prévenir et Guérir par le Yoga, Christine Campagnac-Morette, Éditions du Dauphin
[7] Yoga et Médecine, Manuel pratique, Éditions Le Calade Le Liron, Lausanne, 2003
Source: Schéma anatomique de Mula Bandha préparé à partir de deux images sources trouvées sur wikimedia. Homme:  lien>>. (Drawing of the Male Internal Sexual Anatomy From alt.sex FAQ, Male_anatomy.png: alt.sex FAQ – derivative work: Tsaitgaist (talk), 2009-04-18). Femme: lien>> (lateral anatomy view of the female reproductive system, 3 June 2009, auteur: Tsaitgaist).

Michèle Lefèvre Granclément

Le Yoga m'accompagne au quotidien depuis longtemps et je le transmets depuis 1991. La méditation et la pratique des différents aspects du Yoga Intégral, les rencontres sur le chemin, et l'étude des textes sacrés / philosophiques, sont mes sources d’inspiration. L'amour de la Nature et l'approche holistique de la santé, depuis l'enfance, m'ont conduite à mettre en pratique conjointement les sagesses de l'Ayurveda et du Yoga, puis à étudier leurs synergies. La Joie et l'évidence de la transmission de ces voies sœurs découlent de cette expérience de Vie.

24 Comments

  • Olga dit :

    Merci beaucoup Michèle! C’est l’article le plus complet et clair sur le Mula Bandha que j’aie jamais lu! Les explications consternant Apana Vayu sont aussi très claires et précieuses : le lien entre la dépression psychique et la perte de l’énergie par le bas est très pertinent, merci!

  • Cecile dit :

    Tres beau travail, complet, simple et Clair. Merci beaucoup. 🙂
    Personnellement, je suis l ecole de Satyananda Saraswati.

  • Sibylle dit :

    Un grand merci de livrer le résultat de toutes ces recherches, Michèle.
    Une fois encore, j’apprécie le soin que vous mettez à comparer différentes sources, l’enseignement de diverses écoles.
    J’avais lu et entendu que mula bandha se prenait tantôt par les sphincters anaux, tantôt au plancher pelvien, selon les écoles. Un prof avait même été catégorique : plancher pelvien, avait-elle abondamment martelé. J’avoue que j’abandonnais vite à force de ne rien percevoir.
    Puis, j’ai participé à un petit stage de 4 jours de Natha Yoga l’été dernier. On y a parlé, comme vous le dites, de contraction du sphincter anal et effectivement, mula bandha a fait très souvent partie des instructions.
    Une posture m’a particulièrement interpelée à ce stage, pour ce qui est de mula bandha : « vira garudasana ». Voici le lien vers la page du site de Chr. Tikhomiroff où cet asana est décrit http://www.natha-yoga.com/Vira%20Garuda%20asana%20technique%20du%20mois%20de%20avril%202005.htm (NB c’est une de ses élèves qui donnait le stage)
    J’aime cette posture dont je trouve les diverses étapes très belles; je m’y sens oiseau déployant et repliant ses ailes avec beaucoup d’allure, mais ça c’est autre chose qui m’éloigne de ce sujet….. J’ai de suite été interpelée dans cette posture par le fait que si mula bandha se faisait au plancher pelvien comme on me l’avait dit précédemment, il m’était tout simplement impossible de tenir ce bandha en étant accroupie sur la pointe des pieds dont les talons se rapprochent le plus possible l’un de l’autre. Je n’arrivais pas à faire quoi que ce soit du plancher pelvien dans cette posture (encore plus que dans les autres postures où j’avais déjà l’impression qu’il me manquait une partie d’équipement tant cela n’allait pas!!!). A vrai dire, j’avais aussi bien du mal à bouger le sphincter anal dans vira garudasana. Or, il y a une impression évidente d’ouverture en bas, dans cette posture (du moins, c’est ce que je perçois en tant que femme).
    Quelques temps après le stage, un autre professeur a signalé que chez la femme, mula bandha se prenait ailleurs (en gros, en rentrant légèrement le bas de l’abdomen non seulement vers l’intérieur mais aussi de bas en haut, juste au dessus du pubis). Et effectivement, il me semble que ce n’est que là que j’ai une chance, au stade où j’en suis, de placer un « verrou » dans cette région du corps dans vira garudasana.
    C’est la même chose, me semble-t-il quand je prends baddha konasana en étant couchée sur le dos (j’aime bien la prendre comme cela parce qu’on peut facilement vérifier que le dos pose bien à plat sur tout sa hauteur sur le sol, omoplates et arrière du crane inclus. On ne se « tient » pas droit, on est « posé » droit. Cela me donne une belle impression de la force que constitue la ligne de la colonne). Impossible (pour moi) de jouer finement du plancher pelvien dans cette position.
    Depuis lors, quand j’entends une invitation à tenir mula bandha, j’agis d’office juste au dessus du pubis. C’est peut-être erroné selon tel ou tel texte ou telle école, mais je sens concrètement que cela verrouille l’ensemble du bas (vagin, anus) et puis, si je décide de mettre un peu plus de tonus dans le bandha, le bas des abdominaux entre plus en action et pas mal de postures sont plus facile à tenir (ex: arbre, roi des danseurs, etc). Même dans une posture comme ardha chandrasana, mula bandha pris au dessus du pubis de bas en haut semble avoir un écho physique sur tout le tronc si on laisse l’impulsion du bandha remonter et inviter le sternum à s’ouvrir vers l’avant.
    Qu’en pensez-vous?
    J’admets que ces observations ne sont pas très subtiles et n’avoir rien à dire du niveau dit énergétique (qui m’échappe un peu, je l’avoue). Je pense cependant que passer du temps à essayer, avec diverses intensités, sur le plan physique tout en observant ce qui se passe près du bandha et ailleurs dans le corps mène d’office, par la présence et la concentration que cela implique à plus que simplement une histoire de muscles.
    Encore un grand merci, Michèle
    Sibylle

  • Michele dit :

    Bonjour Sibylle et merci encore une fois pour ce partage approfondi.
    Oui, il y a des postures dans lesquelles Mula Bandha est plus difficile que dans d’autres. C’est vrai qu’en Vira Garudasana, ce n’est pas forcément le plus aisé. Cela demande une grande tonicité du périnée et des muscles internes chez la femme.
    Vous avez raisons de privilégier les postures dans lesquelles vous ressentez le Bandha. Il faut bcp de pratique pour se sentir à l’aide avec Mula Bandha partout où il est requis en Natha Yoga…
    Vira Garudasana est une posture qui, de par l’ouverture du bassin et de la base, stimule Apana (l’élimination, le mouvement vers le bas). Quand Apana est stimulé, la tendance naturelle sur le plan organique, c’est une descente, un mouvement vers le bas, justement. Ainsi, si l’on a une tendance aux descentes d’organes, il y a des postures à éviter… ou à contrecarrer avec Mula Bandha! … qui n’est alors pas facile du tout, vue la poussée vers le bas.
    Oui, j’aime bcp la description de Mula Bandha qui vous parle. Elle est tout à fait juste, dans ce que j’en ressens dans ma pratique,… et c’est exactement celle de Malek Daouk dans l’article. J’avais très envie de mentionner cette description importante. C’est un homme qui l’a écrit… mais c’est vu juste: cela permet d’aller bcp plus profondément (périnée, vagin et anus) dans la prise de Mula Bandha chez une femme…
    Il y a certainement plus qu’une histoire de muscles, vous avez raison… 😉
    Bon Yoga
    Michèle

  • Sibylle dit :

    Merci, Michèle.
    Je suis contente d’avoir votre écho sur mula bandha juste au dessus du pubis et sur la difficulté de prendre mula bandha autrement dans vira garudasana : je n’en suis qu’aux premières expériences un peu plus systématiques avec les bandha et l’avis de quelqu’un qui a une sacrée longueur d’avance est précieux.
    De plus, quand ce quelqu’un est une femme aussi, je sais que ce dont je parle au niveau anatomique a des chances d’être perçu de la même manière. 🙂 De ce fait, vous faites bien de faire remarquer que Malek Daoud, un homme donc, donne aussi cette description précieuse pour mula bandha. C’est comme si, en localisant le bandha là, on revenait au commun dénominateur de l’anatomie humaine, à ce qui est indépendant du genre de la personne.
    C’est aussi localisé en amont à la fois des voies génitales, de la fin/sortie des systèmes digestif et urinaire, bref, de toute sortie du bas.
    Pour autant que je sache, cette partie du corps, juste au dessus du pubis, est celle que les pratiquants d’arts martiaux japonais appellent seika tanden (ou simplement tanden). Il y a bien sûr l’équivalent dans le monde de la Chine classique, de laquelle le Japon a reçu une partie de sa culture.
    J’ai fait pas mal de tai ji chuan et un peu de qi qong avant de pratiquer le yoga. On y parlait de ce centre, situé « 3 doigts sous le nombril ». Mais ce que je trouve beaucoup intéressant dans mula bandha en tant que légère contraction musculaire à la fois vers l’intérieur ET de bas en haut, juste au dessus du pubis, c’est qu’au moins…. je sens quelque chose de concret et perçois aussi qu’agir là a des répercussions ailleurs dans le corps ainsi que au delà de la simple anatomie, alors que « visualisez le hara/tanden » ou « soyez dans votre tanden », comme instruction, n’a jamais relevé, pour moi que du discours et de l’auto-suggestion. Je ne pouvais même pas être sûre d’avoir bien localisé mon attention.
    Un grand merci encore , Michèle.
    Sibylle

  • tom dit :

    Merci pour ce superbe article très riche. Je débute dans le yoga, praticien de Médecine Chinoise, je viens du Qi Gong et j’avais besoin de voir autre chose. On travaille aussi cette contraction en Qi Gong, notament en pratiquant la petite circulation céleste, mais entre inspir et expir quand on ressent l’énergie au périnée. La contraction permet le « contact » entre deux méridiens pour que l’énergie remonte. Bref… merci pour cet article
    Namasté

  • Michèle dit :

    Bonjour Tom,
    Les techniques d’énergies sont donc « transversales »… c’est plutôt bon signe!
    Bonne pratique!

  • Robert dit :

    Bonjour Michèle,
    1. A la suite des § 61, 62, 63 du HYP, vous écrivez : « Cependant, il faut comprendre clairement que dans Mula Bandha, il ne doit absolument pas y avoir de contraction anale. » Mais je ne vois pas où dans ces § il est affirmé « absolument pas », d’autant plus que le § 63 parle de la contraction du rectum. Franchement, je ne vois où dans ces traductions la contraction du rectum est interdite ni d’ailleurs pourquoi l’est-elle ? Ceci dit, quand je contracte mon périnée, effectivement, je peux le dissocier de la contraction anale ; mais que cela ferait-il si je contractais mon anus ?
    2. J’avais lu que certaines écoles préconisait mulabandha dans tous les asanas, du moins quand c’est possible. Qu’en pensez-vous ?
    Amitiés et merci de vos réponses.

  • Michèle dit :

    Bonjour Robert,
    En fait, c’est Swami Satyananda qui écrit cela.
    Suivant les écoles, Mula Bandha peut être: la remontée des muscles du périnée (Satyananda), la remontée du périnée ET une contraction de l’anus.
    En tous les cas, ce n’est pas la seule contraction anale qui elle correspond à Asvini Mudra, le « geste de la jument ».
    L’un et l’autre sont intéressants sur le plan énergétique, mais ils ne sont pas identiques.
    Swami Satyananda détaille bien les 3 contractions de la base. J’aime d’ailleurs les faire pratiquer l’une après l’autre pour l’apprentissage.
    Ce sont des pratiques à essayer pour les ressentir.
    Voici l’illustration de Swami Satyananda pour illustrer le placement de chacune d’entre elle:
    Mula Bandha
    Le texte que vous citez est celui de Satyananda qui tenait à cette distinction. Personnellement, j’ai appris à combiner périnée et contraction anale. Mais je trouve intéressant de ne contracter que le périnée, surtout lors des pratiques prolongées, car le sphincter anal « ne tient pas la route » sur la durée.
    En Natha Yoga, Mula Bandha est une pratique presque systématique pendant la pratique des asanas. Je trouve ces pratiques très énergisantes. Elles s’additionnent à l’orientation du regard yeux fermé, au placement de la langue, aux visualisations et au souffle avec rétentions (très souvent). Tout cela additionné, difficile au mental d’être ailleurs que dans la pratique!
    Mais je trouve intéressant aussi de pratiquer de façon plus douce, dans moins de contrôle. A expérimenter donc.
    Je dois partir et je m’arrête donc là pour le moment.
    Amicales pensées,
    Michèle

  • Robert dit :

    Effectivement, on peut expérimenter la dissociation des deux bandhas, mais ce n’est pas l’un à l’exclusion de l’autre ; c’est plus l’un que l’autre selon l’endroit où l’on place sa contraction.

  • Michèle dit :

    Bonjour Robert,
    C’est cela. Et je le conçois comme vous en parlez, les ayant pratiqués avec différents enseignants, puis seule. Les deux séparément ont leur intérêt; les deux combinés aussi.

  • Alex dit :

    Mille merci pour ce site fabuleux…

  • Stephanie Patillot dit :

    Super article! Merci beaucoup, je rejoins totalement les autres commentaire, c’est très complet et très clair en même temps, ça fait du bien de trouver cette qualité d’approche.
    J’ai une question qui me travaille…
    Sans pour autant perdre son énergie, comment la faire redescendre vers notre racine?
    Je me pose cette question car j’ai trop d’énergie dans vishuddha, ajna et sahasrara, et j’utilise beaucoup le Mula Bandha pour retourner à ma racine. Est-ce finalement contradictoire?

  • Robert dit :

    Bonjour Stéphanie,
    Quand on a trop de prana dans les chakras sus-diaphragmatiques, on devrait faire des asanas qui stimulent les chakras inférieurs, situés sous le diaphragme.
    Il faut toujours commencer par la terre, les fondations, les bases ; c’est ensuite que l’élévation se fait toute seule. A partir de là, mulabandha ou pas, c’est secondaire
    En effet, nous pratiquons uniquement pour nous abaisser, nous contraindre, nous ralentir, autant praniquement que mentalement, c’est la même chose.
    L’élévation se fait ensuite, automatiquement, secondairement, par le corps lui-même ; elle n’est pas le fait de notre action primaire.
    Le terme « élévation spirituelle » peut produire une erreur fondamentale, celui d’être récupéré par l’ego pour le stimuler et le pérenniser.
    Ce n’est pas consciemment d’élévation dont nous avons besoin, mais d’abaissement. Le corps se charge tout seul d’élever la conscience qui a choisi de s’abaisser, après qu’elle soit morte à elle-même. Autrement dit, la conscience que le corps va élever, n’est plus celle qui a entrepris de s’abaisser de son propre fait.
    Avoir le ventre relâché comme celui d’une femme enceinte afin que le prana s’abaisse jusqu’à muladhara est plus puissant que tous les bandhas du monde. C’est cette descente même qui produit la transformation.
    Réponds-je à votre question ?

  • Ludo dit :

    Michèle;
    Pratiquant d’arts martiaux et ostéopathe crânio-sacré méthode Poyet, je me suis inscrit cette année à un cours de yoga. Voulant rechercher des explications sur les bandhas suite à un stage d’une matinée où la prof parlait souvent de mula bandha de fil en aiguille je suis arrivé sur votre site après en avoir consulté un certain nombre. Vos explications, vos exercices sont précis,clairs et propices à éclairer et intensifier mon ressenti. Ca m’est très précieux. Grâce à vous, des années d’explications de profs d’arts martiaux balayées pour faire place à un ressenti profond (peut-être aussi dû à un autre recherche plus douce plus énergétique eu égard à mon âge qui avance?). Merci pour votre partage. OM…

  • Eugénie dit :

    Merci Michèle, pour ce bel article,
    Je me posais une question sur Maha Mudra dont tu parles ici. C’est une mudra que l’on prend avec le corps en entier.
    Est-ce que c’est la seule mudra du corps ou est-ce qu’il en existe d’autres ?
    Est-ce que celle là est connue parce qu’elle est « officielle » et que Iyengar en a parlé (et que c’est peut-être la plus « puissante » ?) ou est-ce que l’on peut considérer d’un certain point de vue que toutes les postures sont aussi des mudra dans la mesure où elles activent un certain type d’énergie ?
    Merci !

  • Michèle dit :

    Bonjour Eugénie,
    Maha Mudra est l’une des grandes Mudra du corps.
    Il y a aussi:
    – Maha Bandha.
    – Viparita Karani est une autre Mudra posturale.
    – La tradition de Krishnamacharya place Sarvangasana aussi dans les Mudra posturales.
    – On y parle aussi de la Thathaka Mudra (Tadagii Mudra, il existe dd’autres retranscriptions).
    – Il y en a certainement d’autres.
    Maha Mudra est très connue parce qu’on la retrouve dans les grands traités classiques du hatha yoga (Hatha Yoga Pradipika, Gerandha Samhita, etc.). On lui donne tous les bienfaits. Elle est une pratique d’éveil de Kundalini.
    Serge Aubry, enseignant formé par Sribhashyam, lui-même fils de Krishnamacharya, nous disait que les Mudra posturales ont comme point commun d’installer automatiquement les 3 Bandha: Mula Bandha, Uddiyana Bandha, Jalandhara Bandha.
    Bon yoga!

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