Langhana, le principe de réduction
En cette saison, encore proche de la rentrée, et active… prenons le contre-pied ! Voici une réflexion intéressante sur Langhana qui pourra nous accompagner dans la pratique du yoga d’automne :
« Le temps de pause (qui s’accroît avec l’expérience) est un temps de concentration. C’est ekagrata, la focalisation sur un seul point qui accompagne la retenue du souffle après l’expiration. On retrouve alors la définition de patanjali: « Posture immobile, stable et confortable ».
Cette technique d’extension à vide après l’expiration est appelée langhana, qui signifie « jeûner ». Le but de tout jeûne est l’évacuation des toxines et l’assainissement de l’organisme. Le « jeûne » répétitif des poumons, au cours d’une séance de postures accélère l’élimination des toxines permettant à l’énergie pranique de se distribuer avec efficience. »
Clara Truchot
Hatha Yoga, Science de Santé physique et mentale,
Editions Le Courrier du Livre, 1996
L’automne est l’un des moments-clés de l’année pour nettoyer, purifier l’organisme, afin qu’il retrouve ses pleines capacités et fonctions, qui avaient été diminuées à cause de l’accumulation de toxines (Ama).
Clara Truchot nous invite à pratiquer les asanas avec des moments de suspension poumons vides. Ces pauses vont participer à l’allègement du corps, au soutien des fonctions organiques, et à l’élimination des toxines. Mais aussi, la suspension du souffle poumons vides, aussi appelée Bahya Kumbhaka, contribue aussi à améliorer l’inspiration qui va suivre et à augmenter le niveau global de prana ou énergie vitale.
Et surtout, lorsque l’on respire ainsi, en « mode Langhana », c’est aussi le mental qui se met en pause et fait un véritable jeûne des pensées : l’esprit est comme suspendu, pendant les moments de pauses respiratoires, il s’intériorise naturellement, et se fait plus contemplatif… C’est pourquoi votre Vata, qui a tendance à s’aggraver en automne, vous dira merci.
Supta Garudasana, la posture de l’aigle couché
Pour expérimenter les suspensions du souffle poumons vides (suspension signifie rétention courte), je vous propose de pratiquer ce souffle, tout en prenant la belle posture de Supta Garudasana, l’aigle couché.
La posture de l’aigle couché est relaxante pour le corps et l’esprit : à la manière de l’aigle, se laissant planer au-dessus des cimes, Supta Garudasana invite à se laisser porter par la détente, tant physique que psychique.
Prise de la posture :
- La cuisse droite se croise au dessus de la cuisse gauche,
- puis la jambe droite s’enroule autour de la jambe gauche,
- jusqu’à crocheter le pied droit autour de la cheville gauche,
- si cela est possible, puis poser le(s) pied(s) au sol.
- Le bras droit se croise et s’enroule autour du bras gauche, en passant par dessous.
- Les mains se touchent et viennent se poser sur le front.
- On ajuste et on adapte la posture, jusqu’à se sentir bien et confortable dans l’immobilité, pendant au moins 2 à 5 minutes,
- puis on la prendra de l’autre sens.
Dans la posture de l’aigle couché, placer une respiration avec des rétentions poumons vides. Il est important de choisir un rythme qui vous convienne. Essayez par exemple le rythme 4 : 0 : 6 : 4… c’est-à-dire inspir 4, expir 6 et rétention poumons vides 4. Observez si vous êtes confortable poumons vides… ou sinon adaptez et développez progressivement cette exploration.
Bienfaits :
- L’aigle couché est une posture totalement asymétrique, à laquelle le corps s’habitue progressivement au fil des respirations.
- Elle agit alors en profondeur, notamment sur le système nerveux, comme le font les exercices de bilatéralité.
- C’est une excellente posture pouvant être utilisée avant ou pendant la relaxation.
- Ses effets sont implacables: le cerveau et le mental lâchent prise devant tous ces croisements…
Le yoga a pour effet de régénérer le corps en améliorant ses diverses fonctions vitales. Il agit sur la circulation des fluides, les systèmes digestif, nerveux, endocrinien, et sur le cerveau, en équilibrant les hémisphères droit et gauche.
La pratique yogique est un outil précieux qui agit pour défaire les tensions et les nœuds, réveillant ainsi l’énergie en nous, grâce à la respiration consciente et au Pranayama.
Les rétentions poumons vides invitent au lâcher-prise progressif et au développement de la conscience témoin.
Bonne pratique !