Kakasana, le corbeau, est aussi parfois appelé Bakasana (la posture de la grue). C’est une posture d’équilibre, plus simple à réaliser qu’il n’y paraît. Une restriction cependant: elle exige des poignets en bonne santé.
Commencez en position debout (Tadasana). Puis écartez les pieds (de la largeur des épaules).
Penchez-vous en avant en pliant les jambes et venez placer vos mains à plat sur le sol, de sorte à former un carré avec les mains et les pieds.
Pliez les coudes, afin de pouvoir prendre appui sur le haut des bras.
Hissez-vous sur les orteils et calez les genoux sur le haut des bras, voire au niveau des aisselles.
Déplacez progressivement le poids du corps sur les poignets. Important: Pour vous aider à maintenir l’équilibre, regardez vers l’avant, et non vers le bas.
Concentrez-vous sur un point loin devant vous, au sol.
Inspirez profondément, puis, en retenant le souffle, penchez-vous vers ce point, en amenant progressivement votre poids sur les mains.
Sentez peu à peu s’étirer l’avant-bras.
Puis, portez totalement le poids du corps sur les mains et levez les pieds au-dessus du sol.
Si c’est difficile, vous pouvez soulever un pied, puis l’autre.
Respirez profondément en tenant la posture (ne pas bloquer la respiration!).
Si vous ne parvenez pas à soulever les pieds, pratiquez régulièrement l’étape précédente et portez progressivement le poids sur les mains, tout en travaillant votre équilibre. Les mains et les poignets en seront fortifiés.
Points à contrôler
- Porter le regard vers l’avant. Car si vous le dirigez vers le sol, il y a des chances pour que vous tombiez en avant: le poids du corps suit le regard!
Si pendant l’apprentissage vous avez tendance à perdre l’équilibre en avant, placez un coussin devant vous. - Les mains sont écartées de la largeur des épaules. Les doigts eux aussi sont largement écartés, afin d’augmenter la surface de contact avec le sol. Tourner légèrement les doigts vers l’intérieur.
- La répartition du poids du corps sur les mains se fait progressivement. La répartition de la balance entre l’avant et l’arrière se trouve avec la pratique.
- Ne pas sauter pour prendre la posture! Il faut progressivement translater le poids du corps vers l’avant et les poignets.
- Si vos poignets sont sensibles, vous pouvez utiliser 2 briques de yoga (accessoires), posées devant vous à plat, dans l’écartement des mains. Placer les paumes des mains sur les briques, vers le devant (plan horizontale), puis plier les doigts sur l’avant des briques (face verticale). Ainsi, les mains ne sont pas autant en extension et les poignets sont moins sollicités.
- Plus les bras sont tendus, plus il y a de poids et donc de contrainte sur les poignets. Si ceux-ci sont fragiles, mieux vaut plier les coudes, afin de les décharger.
- Plus le bassin est haut, plus le centre de gravité est élevé. Lorsque le centre de gravité est bas, l’équilibre est plus facile à maintenir. On peut baisser le centre de gravité de Kakasana: en regardant loin devant soi, tout en basculant le poids du bassin plus bas (la posture « s’aplatit ») et/ou en fléchissant les coudes.
Effets physiques
- Fortifie et assouplit les poignets, les bras et les épaules
- Contribue à la lubrification des articulations, tendons et ligaments des membres supérieurs
- Revitalise les nerfs et muscles des mains, des poignets et des avant-bras
Effets psychiques
- En tant que posture d’équilibre, le corbeau exige de la concentration et développe cette faculté
- Contribue à l’équilibre du mental et augmente la vigilance
- Procure une intense sensation d’équilibre intérieur
- Prépare à la méditation
Effets subtils
- Combat la léthargie (Kapha)
- Fait circuler l’énergie dans les épaules et dans les bras.
Symbolique du corbeau
Le corbeau n’est devenu un oiseau à connotation négative que récemment et principalement en Europe. Il serait devenu négatif avec la sédentarisation des peuples nomades et le développement de l’agriculture. En Inde, il apparaît dans le Mahâbhârata, comparé au messager de la mort. Au Japon, il exprime l’amour familial et il est messager divin. En Chine, il est symbole de gratitude filiale…
Bibliographie: Le yoga du corps et de l’esprit, Centre Sivananda de Yoga Vedanta, Ed. Solar Espace; notes personnelles.
Source photo du corbeau: http://fr.wikipedia.org/wiki/Fichier:Corbeau_branche_Kyo.jpg
Symbolique du corbeau: http://www.cleomede.com/.
Anciens commentaires à propos de Kakasana:
Christophe a dit: Ouvert 8 avril 2008
Bonjour Michèle,
Même si je ne la tiens que quelques secondes, le corbeau est une posture que j’aime beaucoup pratiquer à la fin d’une série de postures d’équilibre. Elle me sert de transition avant d’aborder les postures au sol.
Au niveau des effets psychiques, je rajouterais que le corbeau aide à vaincre ses peurs et à acquérir de la confiance en soi.
Bonne journée,
Christophe
***
Alice a dit: Ouvert 8 avril 2008
Bonjour,
merci beaucoup pour cette description très précise de cette posture.
Comme Christophe, je trouve que cette posture est une véritable source de confiance en soi.
Bonne continuation.
Alice.
***
Bernard a dit: Ouvert 14 avril 2008
Bravo pour le cours philosophique sur le corbeau !!!
Ne faisant pas de Yoga, je n’en prendrai pas la pause !!! … mais me poserais comme … Corbeau! car, en tant qu’habitant de Crans-prés-Céligny, canton de Vaud, Suisse, je suis « affublé » et l’assume pleinement du nom de « Corbeau »… : sobriquet d’une personne résidant dans notre village, car, aucun autre nom n’existe. Plusieurs autres communes des alentours ne possèdent pas non plus de noms spécifiques à leurs communes: les gens de Chéserex s’appèllent les « Brasse-Cailloux » ou encore, ceux de Tartegnin … les « Cacavites » et nous en avons encore bien d’autres sobriquets à travers le district de Nyon.
Ornithologiquement parlant, il n faut pas confondre le grand corbeau à la corneille noire. Le premier est solitaire ou vit en couple, rarement en groupe, son habitat est la montagne, les falaises ou les côtes rocheuses. A l’inverse de son cousin, la corneille vit en couple et plus souvent en groupe, se rencontre en campagne mais jamais en forêt ou au dessus de 800 mètres. Par aileurs, les tailles sont différentes: le corbeau mesure 60 à 70cm, la corneille 45 à 50 cm pour un poids respectif de 1′300 grs et 6oo grs … . Il existe également le corbeau freux, même particularité que la corneille noire pour les mensurations et l’habitat, sauf, qu’il se retrouve en moyenne montagne jusqu’à 1′200-1′500 mètres.
Bravo pour la photo du corbeau … ce n’est pas une corneille noire, mais bien un grand corbeau, la queue angulaire en fait foi !!!
Un petit bonjour familial de chez les Corbeaux de Crans, et félicitations, Mimi, pour ton Blog.
Bonne soirée à Vous deux.
« La Vie n’est rien, mais rien ne vaut la Vie »
On pense bien à Vous deux depuis les rives du Léman.
***
Michèle a dit: Ouvert 14 avril 2008
Merci à toi pour ce gentil message et le passage sur le blog.
La vie sent bon en ces jours printaniers…
et je vous envoie un peu du grand air de la campagne bretonne.
Bonsoir à tous les corbeaux!
Une petite anecdote toute personnelle, cette posture a été une sorte de révélation. Révélation de la capacité de concentration, de l’équilibre du corps qui s’installe doucement et progressivement, de la confiance douce et puissante. Je m’étais fixée comme une limite mentale « trop difficile pour moi », l’enseignant m’a guidée à la fois avec rigueur et tolérance et la notion d’impossible a volé en éclat. Je la pratique très régulièrement, elle me permets de rester centrée et de ne pas m’accrocher à mes peurs.
Bonjour Sophie,
Un dépassement de nos limites mentales, est toujours un moment étonnant, et qui résonne longtemps après.
C’est parfois un petit rien qui permet à l’apprenti de rentrer dans la posture. Le fait de translater le poids du corps vers l’avant, avec le regard vers l’avant (et non le bas), en a aidé plus d’un.
Bon yoga!
Bonjour à tous,
je suis très admirative et intéressée par vos échanges.
À mon niveau de pratique, j’en suis à rechercher une bonne posture à 4 pattes, pour le chat ou le chien.
Vous pouvez bien imaginer qu’un scarabée ce n’est pas très souple, ni mobile avec les pattes avant.
J’ai des difficultés à trouver le bon positionnement des mains, bras, épaules pour éviter les douleurs dans les poignets ou dans les coudes.
Auriez-vous, je vous prie, quelques conseils à me donner ?
Très belle journée à vous.
Bonjour Petit Scarabée,
« Chi va piano, va sano e va lontano »!
A propos de la posture à 4 pattes, et plus précisément de la position des mains et des coudes, je vais publier un petit article sur la question dans un jour ou deux. C’est un sujet sensible et il existe une façon de faire pour éviter les douleurs dans les poignets, grâce à un bon positionnement. Il me faudra prendre une photo pour illustrer, c’est pourquoi je ne peux pas le faire de suite.
Namaste
Bonjour Michèle,
grand merci et à très bientôt !!!
Amicalement.
bonjour,
l’article date un peu mais juste un merci car cette posture on la démarre autrement avec mon professeur et je pense être plus a l’aise en partant comme ça. lui commence accroupi.
l’article pour soulager les poignets a t il été posté?
Grand merci pour ce blog qui me permet de vérifier certaines postures vues avec mon professeur quand j’ai un doute puisqu’en cours je suis dans le moment présent.
bonne continuation!!!
Bonjour Kali,
Avec un peu de retard, voici le lien sur l’article pour soulager les poignets: https://www.yogamrita.com/blog/2011/03/27/assouplissement-des-poignets/.
Bon yoga!
Bonjour,
En alchimie interne occidentale, le corbeau symbolise l’œuvre au noir, la première étape de transformation de la matière par l’esprit. L’œuvre au noir est la plongée révélatrice et transformatrice dans notre bas physique, sous-ombilical, et métaphorique : le versant obscur, noir de notre être ; le contenu caché de notre souffrance ; notre enfer intérieur. C’est la transformation d’apana/samana par leur mélange avec prana, soit en abaissant celui-ci, soit en élevant ceux-là, soit les deux. Cette transformation est une mort, intérieure s’entend, à nos conditionnements, notre souffrance ; c’est la seule mort définitive qui ne peut se réaliser que quand le corps est encore en vie. L’œuvre au noir est symbolisée par le corbeau car il se nourrit de cadavres qu’il transforme. Une fois la transformation-mort obtenue, il reste plus de calme, sagesse, concentration, équilibre, bien être, vision pénétrante de soi et des autres ; c’est le passage vers l’œuvre au blanc dont l’animal symbolique est l’aigle.
Voyez-vous un lien entre ce corbeau occidental et les actions psychiques de kakasana ou cette asana fait-elle référence à d’autres métaphores ? En tous les cas, le corbeau messager de la mort, intérieure évidemment, la seule qui nous intéresse, me semble tout à fait approprié.
Dans ce cas, on ne peut qu’être admiratif devant des analogies des représentations du monde profond et subtil au-delà des continents et des siècles.
Je copie ce commentaire sur Ekta Libre.
Bonjour Robert,
Je n’ai pas été initiée à l’alchimie occidentale interne. Mais le commentaire que vous avez publié est profond et révélateur…
Sur le plan de la tradition indienne, la symbolique du corbeau me rappelle le principe de Shiva. Une mort à soi-même, sur le plan égotique, condition implacable pour la véritable naissance spirituelle. C’est mourir de son vivant, mourir à l’ancien et aux conditionnements, pour renaître à autre chose, d’ouvert et de plus grand.
Shiva est le « compatissant ». Il accueille tous les êtres, y compris ceux que le reste du monde rejette, voleurs, assassins repentis, et dans le règne animal, les animaux mal aimés, scorpions, etc. et pourquoi pas le corbeau, qui est un charognard en Inde, comme ailleurs.
La croyance indienne place le corbeau en connexion entre le monde des vivants et le monde des morts.
Le corbeau symbolise aussi l’instinct chapardeur ( voleur). Le corbeau est le véhicule de Shani (Saturne). Shani bride un corbeau dont il réprime les instincts chapardeurs. Dominant cet oiseau de mauvais augure, il permet de changer les événements maléfiques en porteurs de lumière.
Dans les familles hindoue traditionnelles, j’ai lu que l’on offre une portion des repas pour les corbeaux.
Dans le Mahâbhârata, les messagers de la mort sont comparés à des corbeaux.
Mais comme rien n’est tout blanc, ou tout noir, le corbeau est lié à la sagesse. Dans la Grèce antique, le figurait parmi les oiseaux qui accompagnaient Athena.
Dans la posture du Corbeau, la translation progressive du poids vers l’avant, plutôt que vers le bas, pour ne pas chuter, fait toute la différence. Il se produit un dépassement de nos peurs et appréhension et un éclatement de nos croyances par rapport aux jeux de l’équilibre.
Enfin, le corbeau me rappelle Dhumavati, l’une des dix Mahavidyas, les dix incarnations divines du féminin dans la tradition indienne.
Dhumavati est une veuve effrayante et courroucée. Elle est salement vêtue et conduit un char portant l’emblème du corbeau. Ses yeux sont effrayants. Dans une main elle porte un panier servant à séparer le bon grain de l’ivraie; de l’autre, elle fait le geste bénédiction et de protection. Elle a toujours faim et soif.
La légende à l’origine de Dhumavati est celle de Sati, l’épouse de Shiva. Un jour, Sati eut extrêmement faim et demanda à Shiva à manger. Mais Shiva refusa de lui donner à manger. Elle lui dit alors, que dans ce cas, elle serait obligée de le dévorer, ce qu’elle mit à exécution. Shiva lui demanda alors de le régurgiter. Une fois cela fait, Shiva prononça une malédiction envers Sati. Il la condamna à assumer la forme de la veuve Dhumavati.
Ce mythe souligne le penchant destructeur de Dhumavati. Sa faim est satisfaite seulement après avoir mangé Shiva, son mari, qui contient à l’intérieur de lui-même le monde tout entier.
Ajit Mookerjee commente sa faim et sa soif perpétuelle en écrivant qu’elle est l’incarnation des désirs insatisfaits. Son statut de veuve rendue veuve par elle-même est curieux. Elle se fait UN en avalant Shiva, un acte d’assertion individuel.
Le corbeau est l’emblème qui flotte au-dessus de son char. Le corbeau est un charognard, symbole de mort. On dit d’ailleurs que Dhumavati ressemble elle-même à un corbeau.
Le panier à grain pour trier le grain de l’ivraie symbolise la nécessité de discerner l’essence véritable et intérieure des choses de l’illusion des formes…
Chère Michèle,
Il n’y a pas besoin d’initiation à l’alchimie occidentale.
Ce que vous écrivez confirme bien qu’au-delà du temps et de l’espace, les hommes ont compris les mêmes réalités intérieures, qu’ils ont exprimés différemment avec leur langue et leur culture.
Vous constaterez aussi que, bien qu’étant adepte du « zéro concept », je ne me gène pas pour parler de symbolique… et je n’ai pas fini car depuis que je suis retraité, je n’ai que – presque – ça à faire ! Mais il ne s’agit pas du même plan et en tous les cas, je les discerne tout à fait.
Bonjour Michèle.
Je me permets de suivre cet échange de commentaires et j’ai beaucoup aimé,ce que vous avez dit:
C’est mourir de son vivant, mourir à l’ancien et aux conditionnements, pour renaître à autre chose, d’ouvert et de plus grand.
C’est,je pense la première chose à savoir.
Aujourd’hui,il n’est facilement non-plus de passer à autres choses.
Je pense qu’il est bon que chaque personne puisse faire ses propres expériences pour comprendre peut-être,que les choses ne sont jamais les mêmes.
Merci,
Cédric