Réflexion à quelques jours du solstice d’hiver
Au cœur de l’obscurité, lumière est centrale pour le corps et pour l’esprit. Nul ne peut survivre longtemps dans l’obscurité. La lumière existe au centre de toutes les thérapies naturelles et de toutes les croyances. La lumière procure de la Joie. La lumière, c’est la Vie.
Ainsi, en Occident, depuis des siècles, au cœur de la nuit, alors que les jours sont les plus courts de l’année, nous allumons des bougies, nous décorons des sapins et nous mettons de la lumière dans les rues et les maisons, afin d’animer le souvenir de cette lumière que nous attendons, et qui reviendra progressivement, après le solstice d’hiver.
La Lumière, dans la tradition indienne, c’est à la fois la connaissance (ne dit-on pas « je vois » pour signifier « j’ai compris » ?), la pureté, l’équilibre (Sattva), la joie, la vue, le feu, la chaleur et la transformation (Rajas).
De l’Obscurité, mène-moi à la Lumière
Om asato ma sadgamaya
tamaso ma jyotirgamaya
mṛtyorma’mṛtaṃ gamaya
« De l’irréel, mène-moi au réel.
De l’obscurité, mène-moi à la lumière.
De la mort, mène-moi à l’immortalité. »
Le Mantra Asatoma est la parfaite expression de la thématique. Il rappelle notre tendance à l’oubli… et le souhait de se souvenir :
- Selon la tradition védique, la Vérité, c’est ce qui demeure. La nature profonde de l’être, la pure Conscience ou Soi, demeure de tout éternité. Elle est considérée comme Vraie ou Réelle. Ce Mantra nous invite au souvenir, sans cesse renouvelé de cet essentiel, même au cœur de l’obscurité, la conscience du Soi qui nous anime depuis notre premier souffle, et nous accompagnera encore, jusqu’au dernier, et peut-être même au-delà.
- Tamas, c’est l’obscurité, l’ignorance et l’inertie : celle des désirs et des tensions qui nous séparent et nous enferment, loin de la Lumière intérieure, et loin de la conscience du Soi.
- La Mort est tout ce qui est transitoire. Amrita est la « non-mort ». A vrai dire, tout, dans ce monde est amené à mourir. Seul survit ce qui n’a jamais été créé, ce qui Est de tout éternité, la Conscience universelle, ou Soi.
« Au coeur de l’obscurité : la Lumière »
Lorsque tout va bien, nous faisons assez aisément face au quotidien, sans remise en question. Mais lorsque l’actualité se fait anxiogène, elle nous travaille plus que jamais, et la vie nous prend au corps. Les nouvelles nous arrivent en pleine face, et les tremblements du monde nous ramènent exactement là où nous en sommes : face à nos propres failles et limites.
« Il fait nuit dans le monde,
Il fait nuit en mon cœur,
Où est le Soleil intérieur ? »
Le Soleil intérieur
Lorsque je me suis installée en Bretagne, à Noël 2007 (16 ans déjà!), j’ai pratiqué quelques années d’affilée, chaque fois qu’il venait, avec un yogi dans l’âme, Walter Thirak Ruta. Walter vient du Soleil de l’Italie, pays limitrophe de mon ancien chez moi (la Suisse). Les premières années, je souffrais profondément du moindre ensoleillement de mon pays d’adoption. Et un jour, Walter nous a dit : « Vous qui vivez en Bretagne, il vous faut cultiver le Soleil intérieur ». Cette phrase m’a profondément touchée et, depuis, je n’ai eu de cesse de le cultiver. Depuis, j’accueille même avec joie l’équinoxe d’automne, car je sais que je vais pouvoir pleinement reprendre la « Sadhana du Soleil intérieur ». J’y ai mis, entre autres, des pratiques, telle que celle de Tratak (décrit ci-dessous), et d’autres que vous découvrirez le mois prochain, ainsi que la visualisation du soleil ou de la lumière intérieure, en assise méditative. En résumé, après une quinzaine d’années de pratique, je peux vous l’assurer, cette Sadhana fonctionne 🙂
Bien sûr, Walter parlait de l’ensoleillement. Mais, en pratiquant la « Sadhana du Soleil intérieur », j’ai compris qu’elle dépassait largement la seule « nourriture lumineuse ».
Lorsque les choses sont difficiles, du fait des interactions et de l’interdépendance, le monde se reflète en mon être : je suis mis.e à l’épreuve. Je suis pris.e dans un Karma (loi de cause à effet) de groupe, celui de l’Humanité.
Est-ce une fatalité ?
- Oui, dans le sens que je suis membre de l’Humanité, et …
- Non, car je conserve mon libre-arbitre. Mais il n’est pas facile de voyager à contre-courant.
Le monde va mal. Mais le Mantra me dit que j’ai le choix entre Tamas, l’Obscurité, l’ignorance, où m’entraînent négativité et catastrophes, et Jyotir, le souvenir de la Lumière du Soi.
Je fais le choix de cultiver la Lumière, car le Monde est un vaste Jardin, où pousse ce que nous y plantons.
Dans le miroir de la dualité, mon propre Jardin est empli de ce que je suis, dans mon coeur et dans ma tête. Du mieux que je peux, j’y sème des pensées de lumière et j’y enlève, avec douceur et bienveillance, les mauvaises herbes, que je peux repérer, grâce au Calme que je cultive en yoga. Je nourris la terre de mon jardin, afin que le repos hivernal la rende féconde. Mes pensées se déploient en actions. Je fais en sorte qu’elles aient du Sens et qu’elles fassent grandir la Cohérence, dans mon existence.
Il n’y a rien de naïf à cela, c’est une démarche profonde, qui demeure vraie, même au cœur de l’obscurité .
Le Monde est la somme de tout ce qui existe sur Terre. L’Humanité est la somme de tous les êtres humains. Plus nous serons nombreux à cultiver notre jardin de Lumière, mieux le Monde ira. Le Yoga nous encourage sur ce chemin.
🎁 Au cœur de l’obscurité | Quête de Sens
Voici un audio mp3 de 2 minutes, autour de l’importance du « Sens » au quotidien.