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Comment vous sentez-vous intérieurement dans la queue, à la caisse d’un hyper maché bondé? Quel est votre état intérieur lorsque votre PC semble tourner au ralenti ou que vos pages web se chargent à une allure déplorable? Vous arrive-t-il d’être énervé parce que pressé? Vous arrive-t-il d’être impatient?

passiflores escargot12

L’impatience… voilà un mot qui m’a interpellée ces derniers jours. Certains s’avouent impatients parce que c’est flagrant, d’autres ne se rendent même pas compte de leur impatience. Mais globalement, ne sommes-nous pas tous impatients à notre manière ?
Le yoga s’accommode mal de l’impatience. Titiksha (ou Titiksa), la patience, est d’ailleurs une des qualités requises du yogi.

En Yoga, Titiksha, la patience, c’est avoir l’humilité de prendre le temps nécessaire…

La perfection en matière d’asana est un travail de longue haleine. La plupart des erreurs, des « bobos » de parcours, sont des signes, soit d’inattention, soit d’impatience. On surestime ses capacités et on se fait mal, ce qui va à l’encontre du yoga.
Les exercices du yoga sont puissants, tant les asana, le pranayama, que les bandha et les mudra ou la méditation. Leur pratique est toujours perfectible. Et leur apprentissage prend le temps de toute une vie, même si on les pratique tous les jours.
Le corps, physique et émotionnel, a son histoire, ses forces et ses nœuds; il a ses droits et ses besoins. Il vous parle et vous apprend qui vous êtes au fur et à mesure que vous le découvrez, par votre pratique attentionnée. Il vous accompagne et se laisse modeler, si vous le respectez.
La méditation n’est rien sans Titiksha. Le méditant impatient ne tient pas en place ou attend des miracles, … et vite! Sans patience, il abandonne sa pratique ou verse dans la recherche d’expériences psychiques spectaculaires, qui ne sont pas la méditation. La méditation profonde requiert le développement de la concentration et de la détente au plus haut degré.

Les anciens maîtres de yoga connaissaient bien le fonctionnement du mental de leurs élèves. Et souvent, leur premier enseignement était de prendre le contre-pied de l’impatience de l’élève. Le maître lui apprenait que s’il voulait avancer, il lui faudrait s’arrêter, se poser, être là, présent, ici et maintenant. Ainsi enfin, l’élève pouvait commencer à écouter, à entendre.
Dès lors présent à lui-même, l’étudiant prenait progressivement conscience de ce qu’il était et d’où il en était. Il devenait apte à reconnaître le chemin qu’il avait alors à parcourir, patiemment.

Mais le plus souvent l’histoire continue. Nous la connaissons tous. Nous apprenons, nous voyons que nous faisons quelques progrès. Puis parfois la machine s’emballe: nous voulons encore plus de résultats. Or le progrès, c’est l’expérience patiente, un état d’être différent, réceptif, intuitif, qui n’a rien à voir avec le vouloir ou l’immédiateté. Il arrive lorsque l’on est prêt. Le vrai progrès tient de la grâce.
Le maître de yoga, ou votre propre maître intérieur, cette sentinelle en vous, pétrie de patience, a la sagesse de connaître votre rythme d’apprentissage et vos limites. Elle est là pour vous guider. Il y a en chacun de nous un lieu de sagesse qui, si on sait l’entendre, nous aide à progresser sûrement et avec patience.

Michèle Lefèvre Granclément

Le Yoga m'accompagne au quotidien depuis longtemps et je le transmets depuis 1991. La méditation et la pratique des différents aspects du Yoga Intégral, les rencontres sur le chemin, et l'étude des textes sacrés / philosophiques, sont mes sources d’inspiration. L'amour de la Nature et l'approche holistique de la santé, depuis l'enfance, m'ont conduite à mettre en pratique conjointement les sagesses de l'Ayurveda et du Yoga, puis à étudier leurs synergies. La Joie et l'évidence de la transmission de ces voies sœurs découlent de cette expérience de Vie.

12 Comments

  • Pascale dit :

    quand je me fais mal en pratiquant le yoga, c’est que je suis par trop concentrée dans la posture entre bandha et mudrâ et visualisations et mantra et etc … je ne sens pas la douleur, je ne sens pas la limite et pourtant je ne suis pas impatiente, juste la concentration inhibe la douleur.
    Namaste
    Pascale

  • Michele dit :

    6 anciens commentaires:
    1.
    Christophe a dit: Ouvert 24 février 2008
    Bonjour Michèle,
    Oui, il m’arrive fréquemment de faire preuve d’impatience …. Parfois, je m’en rends compte, et j’essaie de me corriger, de prendre conscience du côté dérisoire de la situation. Je me dis qu’après tout, attendre, ce n’est pas si grave, dans deux heures, cela n’aura plus la moindre importance. Dans ce cas, j’essaie de profiter de l’attente pour respirer, me relaxer …
    D’autres fois, je ne me rends compte de rien, ou alors trop tard. Dans ce cas, le risque, je pense, est de culpabiliser. Cela aussi est contraire au yoga. Ahimsa, la non-nuisance c’est aussi ne pas se nuire à soi mâme. Il faut se dire : « je me suis énervé, bien, tant pis, je ferai mieux la prochaine fois », et passer à autre chose.
    En conclusion, il y a une phrase d’Arnaud Desjardins que j’aime beaucoup « Il ne faut pas âtre victime, mais disciple des situations ».
    PS : Serait il possible par la suite que tu nous propose des petites séances basées sur une posture. Préparation, posture, variantes, contre posture …. sur des postures de base comme par exemple la pince, le triangle, la charrue, l’arbre etc.
    Je te souhaite de passer un excellent dimanche,
    Bien amicalement,
    Christophe
    2.
    Michèle a dit: Ouvert 24 février 2008
    L’article sur la patience m’est venu en voyant monter au jour le jour l’impatience, alors que nous faisions la vaisselle (nous n’avons pas de lave-vaisselle et nous nous entraidons).
    C’est étonnant. En fait, nous avons beaucoup à faire, en ce moment. Et il y a, malgré nous, une recherche d’efficacité qui fait naître une certaine impatience face aux tâches routinières.
    L’impatience, c’est ce décalage entre la réalité et la volonté du mental.
    Tu parles d’Ahimsa, et je voulais précisément mentionner la patience dans le 3e volet consacré à Ahimsa, la non-violence vis-à-vis de soi-même…
    Pour terminer, tu anticipes encore mes souhaits, puisque je me disais qu’il était temps de proposer une séance de yoga! C’est pour très bientôt, avec la thématique d’un asana.
    Je me réjouis des beaux jours: ce sera plus facile pour refaire quelques séries de photos de postures!
    3.
    Sylvie a dit: Ouvert 24 février 2008
    Oui c’est un bel article et qui intéresse chacun! surtout dans notre monde moderne.
    Lorsque je regarde les personnes âgées avec leurs gestes lents, je me rappelle que lorsque j’étais plus jeune, cela m’insupportait.
    Depuis que je vis à Amsterdam, j’essaie de rester vigilante. Et je suis contente de constater que j’ai fait des progrès, moi l’amoureuse de la rapidité. Par exemple, en vélo, j’aime lorsque le feu passe au rouge. Avant, je les brûlais tous, maintenant je savoure ce petit instant « entre », une suspension. Je regarde autour de moi, je prends le temps.
    A Amsterdam, il y a aussi quelque chose qu’on ne trouve pas ailleurs : c’est l’ouverture des ponts mobiles pour laisser passer les péniches. Il y a pas mal de ponts, pas mal de canaux et souvent des bateaux, que ce soit des péniches de commerce ou des bateaux de plaisance; j’aime beaucoup cette parenthèse. Soudain, c’est le silence, tout est arrêté. Les voitures coupent le moteur, les trams ne bougent plus, les piétons s’agglutinent et les vélos aussi. Le pont s’ouvre et l’on voit passer le bateau géant, avançant d’un rythme lent et majestueux. Quel contraste avec la frénésie de la circulation automobile !
    Et mon regard pour les personnes âgées a changé. L’impatience s’est muée en indulgence et en compassion aussi. Cela ne doit pas âtre facile de vivre son vieil âge dans ce tourbillon.
    Oui l’impatience est une vraie violence que l’on inflige à soi même et aux autres.
    J’aime ce que tu dis Michèle, à propos de l’apprentissage qui dure toute la vie. Comme je suis d’accord ! et je trouve que c’est une bonne nouvelle. Apprendre toute la vie, cela me paraît bien sage et dans l’ordre des choses.
    L’impatience est une forme de domination, si nous ne voulions pas toujours maîtriser et dominer, nous ne connaîtrions pas l’impatience.
    Je suis de tout coeur avec vous Michèle et Marc, j’imagine ce que cela doit âtre de mettre en place une nouvelle activité, avec ce que cela comporte d’inconnues et d’imprévus.
    Je vous souhaite encore beaucoup d’énergie et de sérénité.
    Sylvie
    4.
    Michèle a dit: Ouvert 25 février 2008
    Un instant, je voyais Amsterdam en te lisant, Sylvie … J’aime tes exemples. La patience se cultive véritablement à chaque instant.
    Quand tu dis que l’impatience est une forme de domination, cela me parle aussi.
    Dans notre création d’entreprise, je me vois fixer des objectifs, des échéances. Parfois je me bas contre le temps et je « trime »; d’autres fois je me laisse porter par une certaine énergie ambiante qui me permet d’avancer. Chercher à dominer ou à se battre coûte de l’énergie. Aller avec le flot peut en donner…
    Je reçois pleinement tes souhaits.
    Merci et belle journée à toi
    Michèle
    5.
    Rico a dit: Ouvert 26 février 2008
    La patience est la clé du paradis, disait un écrivain dont j’ai oublié le nom.tout ce que vous avez dit, Michèle, Sylvie et Christophe est bien vrai. Il faut, comme le dit Christophe prendre du recul quand on se retrouve soudain face à l’impatience et bien sûr, travailler dessus ; un bon exercice est de vivre « au ralentit », en prenant son temps, on apprend ainsi à ne pas se laisser prendre par le jeu du temps qui passe ; on remarque souvent qu’on est cent fois plus efficace et qu’on fait beaucoup plus de chose… « un jour en vaut trois pour qui fait chaque chose en son temps » dit un proverbe chinois.
    A ce propos, j’aime beaucoup les plages de «temps vide» que savoure Sylvie à un feu rouge et.on peut aussi l’appliquer à la caisse d’un supermarché (tiens, ça me rappelle une conversation que l’on a déjà eu il y a quelque temps…).
    Enfin, un bon moyen de ne pas s’impatienter et de faire des tâches quotidiennes qui nous ennuient comme la vaisselle (n’est-ce pas Michèle ?) et de les faire en essayant d’âtre ici et maintenant, en sentant l’eau chaude sur nos mains, l’odeur agréable du produit vaisselle, la texture des plats qu’on lave et… vous verrez, cette activité qui nous embête peut vite se transformer en un véritable instant de bonheur (mettez en même temps un CD que vous aimez, chantez, que du bonheur !).
    Bonne soirée à vous trois
    6.
    Michèle a dit: Ouvert 27 février 2008
    Retour dans l’instant présent… et vaisselle-détente. Peut-âtre le fait d’avoir partagé, ou retour à un rythme plus adapté.
    Bonne soirée

  • Erika dit :

    Eh bien là, ici, maintenant, j’en ai marre !

  • Erika dit :

    D’ordinaire je pratique tous les jours, deux fois par jour. Depuis lundi soir je n’ai pas pratiqué. Hier je ne suis pas allée à mon cours de yoga. Je ne comprends pas bien pourquoi je fais ça, mais je me fais confiance. Je veille.

  • Michele dit :

    … A ton premier message, je me demandais ce qui t’arrivais. Puis les activités de la matinée se sont enchaînées et je lis le second. Le Drashtar (Témoin conscient et non jugeant) est une présence authentique à ce qui est. Il voit en toute transparence et au-delà des vouloirs et des projections. Il est essentiel à tout yogi… Être vrai permet de commencer Svadhyaya, l’étude de soi (du Soi).
    C’est pourquoi je pense que tu as fait ton yoga lundi et aujourd’hui, si tu as choisi de ne pas pratiquer sur le tapis pcq qqch est là, que tu le sens et que tu veilles pour apprendre de cela…
    Namaste

  • Jean-Louis dit :

    Merci à Erika pour son partage et merci à Michelle pour sa réponse.
    C’est ÇA la pratique du YOGA!
    Namaste
    OM
    J.L.

  • Erika dit :

    Merci pour vos réactions. J’ai repris hier soir.
    Pas toujours simple, dans cette « abstinence » de pratique sur le tapis, de ne pas se juger…

  • Petit scarabée dit :

    Bonjour,
    je suis émerveillée par la profondeurs et l’intelligence de vos échanges.
    J’ai pour ma part énormément de mal à lâcher-prise, je suis en permanence dans le contrôle, il me semble que cela doit être lié à l’impatience et à la drogue qu’est l’adrénaline du boulot.
    Le peu que j’arrive à faire en yoga me fait néanmoins du bien et mon caractère se transforme vers une certaine amélioration que mon entourage semble apprécier.
    Je n’arrive pas suivre de cours collectifs car je n’arrive pas à m’y détendre, j’ai un mal fou à suivre les indications et je peux me faire mal.
    Auriez-vous, je vous prie, quelques conseils à me donner ?
    En vous remerciant.
    Bien amicalement,
    Catherine

  • philippe12 dit :

    Bonjour a toutes et a tous
    @petitscarabée
    d’abord merci pour ton partage
    prendre conscience du probleme et deja un pas vers la resolution.
    franchement pour progresser..et perserverer le mieux est l’echange avec d’autres ..soit par cours regulier/soit par stage
    as tu essayé de TE preparer pour le cours collectif ? ;O)
    quelques conseils d’un mauvais eleve ;O)
    – ne pas manger ni boire 2 h avant
    – se reposer pendant ces 2heures
    -arriver avant le debut de cours – et se detendre (si ce n’est pas possible dans la salle, y a t il un lieu calme ? dans le coin a moins de 10 mn ?
    j’ai beaucoup de chance sur mes 2 cours je peux arriver 10 mn avant poser mon tapis faire quelques echauffements et me detendre/centrer avant l’arrivée du prof
    Au plaisir de te lire
    namaste

  • Michele dit :

    Bonjour Catherine, ma réponse s’est faite de plus en plus longue… elle est devenue un nouvel article du blog>>.
    En espérant que ça te soit utile.
    Bien amicalement

  • Petit scarabée dit :

    Bonjour,
    grand merci à Philippe pour ses conseils et ses encouragements !
    Effectivement, je n’arrive pas à me préparer à la séance collective de yoga.
    J’y arrive comme une extra-terrestre avec un timing serré.
    Tout le monde est déjà en savasana et bien étalés dans toute la salle.
    Alors, je me change en 2 temps 3 mouvements, j’essaye de me trouver une petite place, pour ne pas déranger du genre devant la porte d’entrée 😉 et le cours commence quasiment immédiatement.
    Il est certain que dans ses conditions… Je ne suis ni détendue, ni recentrée sur moi, je ne me sens pas également intégrée au groupe !
    Et que je ne serai jamais en mesure de suivre correctement une séance !
    Reste à trouver un début de solution…
    Et un grand merci à Michèle d’avoir rédigé un article sur ce sujet que je vais lire avec énormément d’attention.
    Bien amicalement,
    Catherine

  • Samtosha dit :

    C’est après avoir écrit ce texte que je suis, Michèle, tombée sur le tien qui le complète merveilleusement bien, ainsi que les commentaires très riches d’expériences.
    « La posture est accompagnée par le souffle de la même manière que l’on arrose la graine d’une fleur pour la faire germer et grandir. Cela demande de la patience, de la régularité, mais également de la douceur.
    Dès lors que c’est notre mental qui décide de nous faire aller plus loin dans la posture, faisant alors précipiter ou couper notre souffle, dès lors que nous cherchons un résultat « rapide et efficace » (comme nous avons été conditionné à le faire depuis tout petit), c’est comme si nous tirions sur la fleur pour la faire pousser. Elle finit par casser. »
    Beau weekend!

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