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« Quand une force dans la nature circule librement au-dessus d’un grand espace, elle se déplace plus lentement et avec moins d’aisance que rassemblée en une masse et dirigée vers une seule sortie étroite. Contenue et accumulée, la rivière au cours lent sort brusquement de l’écluse avec une force inouïe. Les rayons du soleil concentrés sous une loupe deviennent suffisamment chauds pour brûler des objets : telle est la puissance produite par la concentration de la force. »

« Cette loi naturelle est aussi applicable à l’homme dans toutes ses activités. La concentration mentale est la fixation du mental, pen­dant une durée prolongée, sur un point extérieur ou intérieur. Il n’est pas possible de se concentrer sans avoir un point déterminé sur le­quel les faisceaux du mental pourront se fixer. Ce doit être un objet ou une idée unique.

Parfois les gens sont fiers de pouvoir penser à deux choses à La fois. Le mental ne fonctionne pas comme cela; ses ondes oscilla­toires rebondissent simplement d’une idée à l’autre à la vitesse de l’é­clair. Le mental ne peut faire qu’une seule chose à la fois. Ceux qui s’imaginent qu’une corvée comme laver la vaisselle se fait plus vite, s’ils pensent à des palmiers et une plage ensoleillée, se bernent eux-mêmes. Leurs vagues mentales se promènent entre leur rêve et le travail. En fait, l’attention donnée au travail est ainsi ralentie à cause d’interruptions fréquentes et les mains vont également moins vite. Il est beaucoup mieux de garder le mental fixé sur un point et de finir le travail en moitié moins de temps.

Si vous êtes profondément absorbé par un livre ou un specta­cle télévisé, vous n’entendez aucun bruit extérieur, pas même votre propre nom si on vous appelle. Si quelqu’un s’approche de vous, vous ne le voyez pas de même que vous ne sentez le parfum des roses sur la table prêt de vous c’est ce qu’on appelle la concentra­tion ou encore la fixation du mental sur un point.

Chacun possède la faculté de se concentrer jusqu’à certain degré. La pratique consciente de cette faculté innée renforce les cou­rants de pensée, clarifie les idées et utilise quelques-uns des im­menses pouvoirs latents du mental. Ce qui était trouble et vague de­vient clair et défini. Ce qui était difficile, complexe et confus devient facile. On peut travailler avec plus d’efficacité, abattre plus de travail en moins de temps et gagner plus d’argent.

La concentration peut aussi prévenir ou minimiser les pro­blèmes de sénilité. Après trente ans, les cellules du cerveau humain meurent au rythme de cent mille par jour et ne se renouvellent pas. Il est vital de fortifier et de faire le meilleur usage de sa capacité décli­nante. Celui qui pratique la concentration retient des images men­tales claires. Celui qui pratique la concentration garde un mental clair.

Le chirurgien opère son malade avec une extrême concentra­tion. Le technicien, l’ingénieur, l’architecte ou le peintre sont totale­ment absorbés par leur travail quand il s’agit de mettre au point les derniers détails d’un plan, d’une carte ou d’un discours pour lesquels la précision est de la plus haute Importance. La même concentration est nécessaire sur le chemin spirituel, là où l’aspirant est confronté aux forces intérieures. Pour sentir un progrès, elle doit être dévelop­pée à un très haut point. La pratique de la concentration requiert pa­tience, volonté, une persévérance et une régularité infatigables. Il n’y a pas de raccourci sur le chemin spirituel.

En Yoga, comme dans les autres disciplines spirituelles, la concentration est la première étape de la méditation qui conduit fina­lement à Dieu. Ce que beaucoup de gens croient être la méditation est, en fait, la concentration. On amène la puissance de concentra­tion du mental à se poser sur un symbole abstrait ou élevant. Quand toutes les ondes extérieures sont calmées, on va droit à la Source, comme une flèche partie d’un arc bien tendu. Plusieurs routes mè­nent au cœur de la cité. On l’atteint en suivant l’une d’elles et non en errant d’une route à l’autre.

Tout dans la création est Dieu, selon l’Advaita Vedanta ou Vedanta non dualiste. Une concentration intense sur n’importe quel symbole peut donc, en fait, conduire à la Réalisation de Dieu. Cependant, les sym­boles abstraits, parce qu’ils ne sont pas émotionnels, et les symboles qui élèvent le mental, sont plus efficaces que ceux chargés émotion­nellement et tirent le mental vers le bas.

Bien que le mental soit contrôlé durant la concentration, on ne peut contrôler le moment où l’on passe à l’état de méditation. On glisse dans la méditation tout comme on entre dans le sommeil. La méditation est le courant continu d’une pensée du Suprême. C’est l’identification de l’homme avec Dieu qui est perçue comme de l’huile coulant constamment d’un vase à l’autre. »

Swami Vishnudevananda, Méditation et Mantras

Michèle Lefèvre Granclément

Le Yoga m'accompagne au quotidien depuis longtemps et je le transmets depuis 1991. La méditation et la pratique des différents aspects du Yoga Intégral, les rencontres sur le chemin, et l'étude des textes sacrés / philosophiques, sont mes sources d’inspiration. L'amour de la Nature et l'approche holistique de la santé, depuis l'enfance, m'ont conduite à mettre en pratique conjointement les sagesses de l'Ayurveda et du Yoga, puis à étudier leurs synergies. La Joie et l'évidence de la transmission de ces voies sœurs découlent de cette expérience de Vie.

5 Comments

  • Robert dit :

    Bonsoir Michèle,
    Je me suis retenu longtemps avant d’écrire un commentaire car je ne voulais pas intervenir pendant les vacances ; puis, j’ai oublié. Vous connaissez ces oublis qui ouvrent des portes insoupçonnées pour peu que le mental les efface, tandis qu’ils sont inscrits d’une manière active dans le corps. « Ca » s’est élaboré tout le mois d’août, pour se terminer il y a quelques heures !
    Il ne peut pas y avoir d’attention avec le mental pensant autonome ; vous savez, cette bande passante qui sature sans cesse le lobe frontal et avec laquelle on élabore nos théories imaginaires sur le corps et le monde. Il n’y a pas une pensée qui pense par elle-même et l’attention, c’est le plus grand leurre de l’histoire des hommes : la définition même de l’inattention est la pensée autonome. Elle seule nous maintient hors du monde extérieur, l’univers, et du monde intérieur, le corps. Par leur effet de comparaison, le symbole et le concept issus de la pensée autonome, sont ce qui nous tient constamment à distance, ailleurs. Quand nous méditons, quand nous pratiquons une posture, nous devons nous faire à l’idée qu’il n’y a rien d’autre dans notre corps que les sensations qui apparaissent. Le corps est toujours théorisé par la pensée des autres : c’est cela même l’inattention ; notre corps n’existe pas en dehors de ce que nous en ressentons : c’est cela même l’attention. Nous n’avons ni organes, ni tissus, ni chakras, ni méridiens, ni matière, ni énergie, ni souffle, ni rien de ce qui fait les théories des autres. Si le corps pensé par eux est rempli d’une substance matérielle ou énergétique ; non seulement notre corps est en est complètement vide, mais, de plus, notre pensée n’est pas une conscience.
    « Ca » parait fou, n’est-il pas ?
    Pourtant… si nous pouvons parler du corps, figurez-vous qu’il y a un consensus universel pour interdire de parler du sien. Et pourtant, toutes les solutions aux problèmes de l’humanité passent par la rentrée dans son corps.
    On peut aller beaucoup plus loin. Par exemple, on peut dire que nous avons nous-mêmes créés un espace-temps dans notre corps, calqué sur celui du soleil, où la norme est la folie ; la sagesse, une dérision ; la destruction, une nostalgie. Que faisons-nous d’autres, les pratiquants de la voie intérieure, que de changer d’espace-temps ?

  • Michèle dit :

    Bonjour Robert,
    Je me suis faite très rare sur le blog, malgré moi… mais le temps disponible ne me permet plus d’y consacrer du temps, tant je suis prises pas mes activités d’enseignement et de formation.
    Votre texte me donne envie de retourner méditer… 😉
    Oui, l’attention est non pensée… et c’est ce qui la rend tellement délectable !

  • Robert dit :

    Bonsoir Michèle,
    Comme nous sommes régis par une espèce de folle sagesse qui nous fait agir en profondeur, mieux que nous-mêmes en superficie ; depuis le 6 septembre, je suis retourné quelques fois sur le site pour voir si quelqu’un avait réagit à mon commentaire, puis… j’ai oublié ! A l’instant, la folle qui agit à mon insu, m’oblige à retourner sur votre site pour trouver votre écrit. Je ne sais pas où est-elle celle-là, dans mon enveloppe, hors d’elle ? J’ai exclu la question, ce qui m’a permis de trouver une réponse à la question que je n’ai jamais posée. La voici : aucun symbole, aucun concept, aucune représentation, aucun sens, aucun mécanisme, aucune compréhension, aucune organisation ne doit rentrer dans son corps. Rien de tout ce qui créer le temps ne doit y pénétrer. Le temps même est le couvercle que nous fermons pour empêcher la descente de la « lumière d’en haut ». Nous ne sommes jamais certains de tout ce qui compose notre corps décrit par les mots des autres, car personne, je dis bien personne, n’a jamais vu directement l’intérieur de son corps. La seule certitude que nous avons est ce que nous y faisons personnellement diffuser. Alors là, oui, comme il est le fruit de notre propre travail, que nous le voyons directement, en face-à-face, sans aucun intermédiaire, nous sommes absolument certains qu’il constitue notre corps. Depuis 10000 ans, rien n’est nouveau sous la « lumière d’en bas », celle du soleil veux-je dire. On construit, on détruit, on construit, on détruit ; c’est tout ce que nous savons faire. Tout est nouvelle création par la « lumière d’en haut ».

  • Michèle dit :

    Merci Robert,
    Vos textes déroutent peut-être certains lecteurs, mais en inspirent d’autre, je suis certaine.
    Ces deux phrasent me touchent profondément:
    « Le temps même est le couvercle que nous fermons pour empêcher la descente de la « lumière d’en haut ». »
    et…
    « Tout est nouvelle création par la « lumière d’en haut ». »
    Namaste

  • Robert dit :

    Bonsoir Michèle,
    La suite arrive, mais je dois d’abord sortir de l’antichambre ; vous savez, cet endroit où la folle nous laisse choir pour nous extraire quand elle seule décide du moment venu. C’est très bien d’ailleurs, car elle nous permet de mesurer la souffrance de l’autre à la hauteur de celle que nous avons liquidée. Tendre la main surtout, cette même main sans forme ni ombre qui nous a sortis de l’antichambre pour étendre notre coude, prendre possession de notre paume, s’infiltrer dans nos doigts.

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