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Cet article fait suite à celui-ci, intitulé « Mantras: le son est énergie ». Le Mantra canalise le mental qui a tendance à la dispersion. Son énergie propre est contenue dans sa forme sonore. Le récitant émet et reçoit en même temps la vibration sonore et subtile du Mantra. La vibration travaille en lui et met ses corps, physique et subtils, sur une vibration particulière. Ainsi germe dans le récitant la compréhension profonde du Mantra. Le Mantra est comme un fil que le récitant tisse entre lui et le Divin…

japa devant le kutir

Voici quelques extraits de Swami Sivananda sur le Japa Yoga (qui est la répétition de Mantras) :

  • « Le Japa est un purificateur très puissant. Il contrôle le courant de pensée qui se dirige vers les objets. Il force le mental à aller vers Dieu, vers l’atteinte du bonheur éternel. […]
  • Le Japa renforce la Sadhana-Shakti (l’énergie de la pratique spirituelle) du Sadhaka (le chercheur). Il le rend fort moralement et spirituellement. […]
  • La vibration rythmique produite par le Japa règle les vibrations instables des cinq enveloppes.
  • Le Japa change la substance mentale, la faisant passer de l’attachement aux biens de ce monde à la spiritualité, de Rajas et de l’activité à Sattva et à l’illumination. »

L’impact des sons sur l’être humain est percutant. Leur influence peut aller dans le sens de l’élévation de l’âme, et les Indiens l’ont bien compris. Tant et si bien que les Moksha Mantras, comme leur nom l’indique, sont des Mantras qui ont pour objectif de conduire à la Réalisation du Soi.
Ainsi, les Mantras utilisés par les aspirants spirituels sont en général des noms sanskrits de l’Absolu.

Dans la tradition hindoue, il est très clair que la force divine se manifeste dans le son : le Mantra est même le corps subtil de la déité représentée. Il est dit que le Japa pratiqué de façon correcte, précise et avec une intense dévotion, mène à l’évocation (la vision, le Darshan) de la déité. Ainsi, la méditation sur “Om Namah Sivaya” crée la forme de Shiva, “Om Namo Narayanaya”, crée celle de Vishnu. Swami Sivananda (1887-1963) tenait sur ce point au respect de la religion de chacun. Ainsi, il initiait les chrétiens, les bouddhistes pratiquants, à des Mantras tels que “Om Jésus”, “Om Bouddha”…

A ce propos, la force spirituelle d’un Mantra est d’autant plus intense que la personne y a été initiée par un maître spirituel. Sous forme d’une cérémonie, à la fois simple et solennelle, le maître transmet le Mantra au disciple, dans la proximité de l’assise et par la répétition orale. Ensuite, le disciple se retire et va mettre en place une pratique quotidienne soutenue, comme son maître la lui aura indiquée. Une telle initiation donne plus de force encore au Mantra, à condition que le disciple fasse grandir la flamme qui a été allumée par le maître, par une pratique régulière et emplie de conscience. A force de répétitions quotidiennes, le Mantra s’inscrit dans le disciple, qui pourra :

  • utiliser son Mantra comme support de méditation ;
  • le murmurer, lorsque la concentration sera difficile ;
  • le répéter oralement ;
  • le penser : le répéter mentalement, pendant les activités de la journée, apaise et relie à l’essentiel ;
  • le chanter, s’il le souhaite.

Les répétitions (pensées, parlées ou chantées) pourront aussi se faire avec l’aide d’un Mala (rosaire), support de concentration. Ou même on peut écrire le Mantra! Le Likita Japa est une pratique agréable. Elle aide à reconnecter à l’univers spirituel, lorsque la personne est trop prise par ses activités. Il peut même arriver de rêver la répétition d’un Mantra… les yogis et moines hindous ou bouddhistes ne perdent pas une minute pour leur pratique…

Toutes les vibrations produites par les sons d’un Mantra sont importantes et la prononciation ne doit pas être laissée au hasard. C’est pour cela que la transmission orale par l’enseignant est essentielle. Par l’harmonisation avec la longueur d’onde du Mantra, un lien avec les plans subtils se crée. Le Mantra relie l’individu du plan physique (celui du son articulé) au plan divin.

Un Mantra pour relier

L’être humain représente le macrocosme en miniature. C’est par son corps (ses corps) que l’être humain fera le voyage de retour, en partant du son articulé, pour se terminer dans la Puissance Causale. Il existe dans l’homme, comme dans le cosmos, des forces centrifuges et centripèdes qui se manifestent par la respiration et les battements du cœur.

Nada, la puissance vitale de l’univers prend la forme de la Kundalini, la force psychique qui sommeille dans le corps astral, enroulée à la base de la colonne vertébrale. Cette énergie vibre  avec les cinquante sons de base, qui finalement, atteignent le niveau physique, au moyen des cordes vocales.

La pensée, le son et la forme sont identiques pour le yogi. Ce sont simplement des aspects différents d’une longueur d’onde spécifique, tout comme l’eau apparaît dans différents états : sous forme de vapeur, de liquide ou de glace. Ainsi, la pensée, le son et la forme sont une même énergie vibratoire qui traverse différents niveaux de conscience. La forme se manifeste dans le mental, au moment où les oreilles entendent le nom et le transmettent à la conscience…

Les pensées et les sons traversent quatre états fondamentaux:

  • Vaikhari représente les mots prononcés, les sons denses et audibles. C’est le Japa oral. C’est aussi le langage. Le mot a un nom et une forme.
  • Madhyama représente la transformation nécessaire entre la pensée et les sons du langage, ou entre la pensée et l’écrit. Ce deuxième état est tributaire de la langue employée et conduit à des interprétations, des déformations inévitables, au niveau mental (selon nos limitations, blocages émotionnels, etc.).
  • Pashyanti, le troisième état, est le “son visible” ou état télépathique, dans lequel on peut sentir la forme de la pensée, cet état est au-delà des différences de langues. Il est au-delà des “noms”, mais la “forme” demeure (on reste dans le monde de la dualité).
  • Para, l’état le plus élevé, est transcendantal. Il n’est constitué d’aucune longueur d’onde particulière, car il est au-delà des noms et des formes. “Il est le substratum primordial et immuable de tout langage et énergie pure ou Shakti. […]  Il correspond à Shabdabrahman, la Vibration Divine qui unit tout”. [1] Cet état est non duel.

 

Bibliographie pour cet article et celui intitulé « Mantras: le son est énergie« :

[1]  Méditation et Mantras, Swami Vishu-devananda, Centres de Yoga Sivananda

Image et citation de Jean : http://omphalos-metanoia.blogspot.com/2006/09/le-verbe-logos-de-jean-dans-le-prologue.html
Citation d’Héraclite : http://college-heraclite.ifrance.com/documents/r_histo/heraclite_2.htm
Sivananda: http://pages.intnet.mu/ramsurat/RamNam/Shivananda.html
http://fr.wikipedia.org/wiki/Mantra
http://www.yoga-federation.lu/1024htms/Article_DanieleLaffont.htm
http://www.bhagavadgitausa.com.cnchost.com
Image de l’homme au mala: http://4.bp.blogspot.com/_OIEBhJkLZT4/SlAFzS5kQOI/AAAAAAAADzk/BVgWLfEeVl8/s400/chanting+near

Michèle Lefèvre Granclément

Le Yoga m'accompagne au quotidien depuis longtemps et je le transmets depuis 1991. La méditation et la pratique des différents aspects du Yoga Intégral, les rencontres sur le chemin, et l'étude des textes sacrés / philosophiques, sont mes sources d’inspiration. L'amour de la Nature et l'approche holistique de la santé, depuis l'enfance, m'ont conduite à mettre en pratique conjointement les sagesses de l'Ayurveda et du Yoga, puis à étudier leurs synergies. La Joie et l'évidence de la transmission de ces voies sœurs découlent de cette expérience de Vie.

One Comment

  • Sibylle dit :

    Merci, Michèle.
    Cela me paraît complexe, surtout là où il s’agit des états fondamentaux traversés. Cette vision et sa formulation impliquent une certaine « foi » dans la vision hindouiste de l’homme et du monde et/ou une belle confiance dans un enseignant de solide carrure spirituelle. En attendant, je suis contente d’avoir un peu aperçu tout cela dans votre article.

    Il m’est plus facile par contre de comprendre et même « sentir » que la force d’un mantra peut être accrue lorsqu’un rituel ouvre la pratique de sa répétition. Décider d’opter pour ce rituel et ce lien à une tradition implique, en effet, un « mouvement du cœur », une ouverture qui est justement formellement reconnue par ce rituel de transmission. Je pense que c’est valable non seulement pour les mantras, mais aussi de la prise de préceptes (bouddhistes), d’un baptême (conscient), etc.

    Quant à la puissance et l’agrément de la mélodie chantée courte et répétée encore et encore, j’en suis plus que convaincue. Hmmm. Merci de m’y ramener!

    Et merci pour cet article (et tous les autres!)
    Sibylle

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